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    Le Président Hollande abandonne les malades du sida sans traitement

    • Communiqué
    • 20.09.2016

    La France n’est plus le premier contributeur européen au Fonds mondial

    Alors que la campagne « Epidémie d’indifférence », [1] vue 200 000 fois, l’interpellait pour qu’il augmente la contribution française à la lutte mondiale contre le sida, François Hollande est resté sur sa position. Il avait annoncé[2] le 26 juin dernier, à la clôture du festival Solidays, qu’il se contenterait de ne pas réduire l’aide de la France aux malades du sida, négligeant les appels des Nations Unies à augmenter les financements afin d’en finir pour de bon avec la pandémie.

     

    C’est le secrétaire d’Etat au Développement, André Vallini, qui a réitéré l’annonce du Président durant le sommet de Montréal qui réunissait ce vendredi et samedi tous les Etats donateurs du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

     

    A force de faire du surplace quand les autres accélèrent, la France perd son rang de premier contributeur européen au Fonds mondial. Elle a été détrônée par la Grande-Bretagne qui, malgré le Brexit, a augmenté de 10% sa contribution. De même, l’Allemagne, l’Italie et le Canada ont annoncé de fortes augmentations (entre 20% et 35%), et les Etats-Unis augmentent de 200 millions de dollars.

     

    Le contraste avec le relâchement du gouvernement français a d’ailleurs fait réagir l’ancien Premier Ministre Alain Juppé. Dans une tribune[3], le candidat à la primaire de droite a critiqué une « occasion manquée » et appelé la France à « accroître son effort » dès maintenant contre le sida.

     

    La France qui choque

     

    « Nous sommes choqués de ce statu quo, réagit Hakima Himmich, présidente de Coalition PLUS. Jusqu’en 2012, la France donnait l’exemple aux autres, mais sous la Présidence de François Hollande elle refuse de participer à l’accélération de la riposte mondiale contre le sida. Il avait pourtant affirmé que la France voulait la fin de la pandémie et s’en donnerait tous les moyens. »

     

    « Tous les autres dirigeants ont participé à l’effort accru de financements contre le sida : Barack Obama, Angela Merkel, Theresa May, Matteo Renzi, Justin Trudeau, Jean-Claude Juncker, et j’en passe. Qui manque à l’appel ? François Hollande. En refusant d’augmenter la contribution de la France, le président abandonne à la mort des milliers de malades du sida sans traitement. C’est pourtant dès maintenant que la France doit passer à la vitesse supérieure si l’on veut débarrasser la planète de la pandémie », exhorte Aurélien Beaucamp, président de l’association AIDES, membre de Coalition PLUS.

     

    Des financements internationaux nettement insuffisants

     

    Au total, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a obtenu des Etats donateurs près de 13 milliards de dollars. Soit à peine un milliard de plus qu’à la dernière conférence de Reconstitution en 2013[4]. Or, d’après l’ONU, c’est de 6,5 milliards de dollars annuels[5] qu’il faut augmenter les financements pour atteindre les objectifs sanitaires que la communauté internationale s’est fixés en juin dernier[6].

     

    Inquiet de cette contradiction entre les ambitions affichées et les moyens débloqués, le Secrétaire Général des Nations Unies avait lancé le 1er avril dernier un appel[7] aux chefs d’Etat, les mettant en garde contre la reprise de la pandémie s’ils n’accélèrent pas la riposte : « Parmi les pays à hauts revenus, seuls 4 d’entre eux apportent au budget mondial alloué à la lutte contre le sida une part plus importante que celle qu’ils apportent au PIB mondial. […] Nous ne pouvons pas mettre fin à l’épidémie du sida sans augmenter les financements. […] Malgré les progrès remarquables qui ont été réalisés, si nous acceptons le statu quo et en restons là, l’épidémie reprendra de plus belle dans plusieurs pays à revenus faibles et intermédiaires. »

     

    « Nous qui combattons le sida sur le terrain auprès des malades, nous sommes en colère de constater l’irresponsabilité des dirigeants. Ils trouvent des dizaines de milliards pour acheter des armes ou renflouer des banques, mais ils vont laisser ce fléau continuer à se répandre alors qu’on pourrait en débarrasser la planète », dénonce Bintou Dembele, directrice de l’association ARCAD-SIDA au Mali, membre de Coalition PLUS.

     

     « Notre Premier ministre, Justin Trudeau, a augmenté ses financements internationaux et organisé le sommet de refinancement du Fonds mondial à Montréal. C’est à son honneur, mais il devrait également balayer devant sa propre porte, car la lutte contre le sida au Canada peut être améliorée. Maintenant nous appelons François Hollande et les autres dirigeants qui refusent d’assumer leurs responsabilités à participer à l’indispensable accélération de la riposte contre le sida », conclut Ken Monteith, directeur de l’association québécoise COCQ-SIDA au Canada, membre de Coalition PLUS.

     

    Coalition PLUS est une union internationale d’associations communautaires de lutte contre le sida basée dans 15 pays du monde – www.coalitionplus.org

     


    [1] Site de la campagne : http://epidemie-indifference.coalitionplus.org/

    [2] Communiqué de l’Elysée, 26 juin 2016, http://www.elysee.fr/communiques-de-presse/article/solidays/

    [3] Tribune sur le site de campagne d’Alain Juppé, 16 septembre 2016, « Sida : accélérons la riposte ! », http://www.alainjuppe2017.fr/tribune-sida

    [4] Communiqué de presse d’ONUSIDA, 3 décembre 2013, http://www.unaids.org/fr/resources/presscentre/pressreleaseandstatementa...

    [5]Rapport ONUSIDA, « Fast-Track Commitments to End Aids by 2030 » 15 août 2016, point 8, p.3 : http://www.unaids.org/sites/default/files/media_asset/fast-track-commitm...

    [6] En juin 2016, les Etats membres de l’ONU ont adopté l’objectif de soigner 30 millions de malades du sida en 2020, soit une augmentation de 15% par an pendant les 4 prochaines années. Déclaration politique sur le sida/VIH, ONU, 7 juin, 2016  http://www.unaids.org/sites/default/files/media_asset/2016-political-declaration-HIV-AIDS_en.pdf

    [7] Rapport du Secrétaire général des Nations Unies, « On the fast track ton ending AIDS epidemic », 1er avril 2016, http://www.hlm2016aids.unaids.org/wp-content/uploads/2016/05/20160423_SG...

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