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    L'actu vue par REMAIDES : "La tuberculose reste la deuxième cause de mortalité en Afrique"

    • Actualité
    • 30.04.2024

    tuberculose illustration

    © Studio Capuche

    Par Jean-François Laforgerie et Fred Lebreton 

    La tuberculose reste la deuxième cause de mortalité en Afrique 

    Les nouvelles du monde ne sont pas toujours bonnes. Ainsi dans le champ du VIH : la crise haïtienne complexifie beaucoup la situation (qui n’était déjà pas simple). Par ailleurs, la tuberculose reste la deuxième cause de mortalité en Afrique : elle est la première cause de mortalité des PVVIH sur le continent. De son côté, l’Onusida mobilise pour « plus de prévention dans les pays insulaires de l'océan indien ». Enfin, des pays africains (Ouganda, Ghana) s’engagent toujours sur le terrain de l’homophobie d’État, ignorant ses effets sur la santé, la prévention et l’accès aux soins, notamment dans le champ du VIH et de la santé sexuelle.

    VIH : la crise haitienne se complexifie

    La crise politique et humanitaire en Haïti exacerbe la vulnérabilité des personnes vivant avec ou affectées par le VIH, en particulier les femmes, les filles et les populations clés, souligne un communiqué de l’Onusida du 27 mars dernier. La situation actuelle qui ne semble pas trouvé de solution a aggravé les « inégalités existantes et multiplié les risques auxquels sont confrontées les communautés marginalisées ». Bien entendu, l’agence onusienne continue de travailler avec ses partenaires pour « s'assurer que les personnes vivant avec ou affectées par le VIH ont accès à des services vitaux en matière de VIH, notamment des services de traitement et de prévention. Par exemple, dans l'Ouest du pays, plus de 50 000 personnes reçoivent aujourd’hui un traitement antirétroviral. Elles risquent fort d'être perturbées du fait des événements. Les services de prévention du VIH et de soins de santé risquent également d'être perturbés », note l’Onusida. Les violences récentes continuent de traumatiser des milliers de familles. Des milliers de personnes se retrouvent aujourd'hui en situation d'insécurité et exposées à toutes sortes de risques. Les personnes déplacées et les populations vulnérables ont besoin d'une aide d'urgence et d'espaces sûrs et protégés, note l’agence. « Les communautés déjà exposées au VIH en Haïti sont devenues encore plus vulnérables, et les personnes vivant avec le VIH sont confrontées à des difficultés accrues pour accéder aux traitements et aux soins », a commenté Luisa Cabal, directrice régionale de l'Onusida pour l'Amérique latine et les Caraïbes. « Avec toutes les agences des Nations Unies et ses partenaires, l'Onusida plaide en faveur d'un accès humanitaire sûr et sans entrave, et de la protection des établissements de santé et des travailleurs-ses sanitaires. ».

    L’épidémie de sida est forte dans le pays, qui connaît une situation sanitaire et sociale « désastreuse », avec plus de 5,5 millions de personnes ayant besoin d'aide, dont plus de trois millions d'enfants. Le Programme alimentaire mondial a noté qu'environ 1,4 million d'Haïtiens-nes sont « à un pas de la famine ». De plus, les financements manquent. Le coordinateur humanitaire des Nations unies pour Haïti a d’ailleurs indiqué que le plan de réponse humanitaire n'était financé qu'à hauteur de six pour cent. Moins de la moitié des établissements de santé de Port-au-Prince fonctionnent à leur capacité moyenne, et il y a un besoin urgent de produits sanguins sûrs, d'anesthésiques et d'autres médicaments essentiels. Bien entendu, la plupart des grands-es opérateurs-rices de la lutte contre le sida (Pepfar, Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, Observatoire de la société civile pour le VIH/TB/Paludisme) soutiennent le Programme national haïtien de lutte contre le sida. L’Onusida travaille activement avec « l'unité de gestion des urgences sanitaires du ministère de la Santé et de la Population pour soutenir la fourniture de traitements contre le VIH ». Cet appui comprend des programmes visant à fournir un vaste ensemble de mesures de soutien aux communautés touchées. « Nous nous efforçons de faire en sorte que les personnes vivant avec le VIH bénéficient d'un traitement antirétroviral continu et d'un accès aux besoins essentiels, en particulier pour les personnes les plus vulnérables dans les zones les plus touchées », a indiqué Christian Mouala, directeur de l'Onusida en Haïti. L’agence explique d’ailleurs qu’elle reste « déterminée à ne pas laisser la crise humanitaire perturber les progrès réalisés dans la riposte au VIH » dans le pays ; mais est-ce possible au vu de la situation politique et sociale actuelle. ».

    La tuberculose reste la deuxième cause de mortalité en Afrique 

    La tuberculose reste la « deuxième cause de mortalité en Afrique due à un agent infectieux unique, dépassant le bilan sida », explique un communiqué de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), section Afrique. « En 2022, environ 2,5 millions de personnes sur le continent africain ont contracté la tuberculose, ce qui équivaut à une personne toutes les 13 secondes », a rappelé l’organisation. « En outre, le nombre de décès dus à la tuberculose en 2022 a atteint 424 000, ce qui représente la perte d’une vie chaque minute, alors que la tuberculose peut être évitée et traitée », a souligné Matshidiso Moeti directrice régionale de l’OMS. « Les pays africains devraient s’unir et investir dans des interventions à fort impact pour atteindre l’objectif d’élimination de la tuberculose d’ici à 2030 », a suggéré l’experte. L’action contre la tuberculose multi résistante, l’intensification de la surveillance, le financement adéquat, la recherche, l’engagement communautaire et le renforcement des systèmes de santé demeurent essentiels pour l’élimination de la tuberculose en Afrique d’ici 2030, assure l’OMS.

    VIH : pour plus de prévention dans les pays insulaires de l'océan Indien 

    Inquiétude. L’Onusida a averti dans un communiqué (27 mars) que les « lacunes en matière de prévention du VIH sont à l'origine de nouvelles infections (…) dans les pays de l'océan Indien et dans plusieurs autres pays d'Afrique. L'attention insuffisante accordée à la prévention du VIH dans un certain nombre de pays africains, dont l'Égypte, Madagascar, l'Angola, le Soudan et le Sud-Soudan, a eu pour conséquence que ces pays ne sont pas parvenus à réduire proportionnellement le nombre de nouvelles infections comme cela a été le cas dans le reste de la région », souligne l’Onusida. « Par exemple, l'augmentation du nombre de nouvelles infections dans un pays comme Madagascar contraste fortement avec la tendance à la baisse au Botswana, qui a enregistré une diminution de 66 % des nouvelles infections par le VIH depuis 2010 et une baisse de 36 % des décès liés au sida au cours de la même période. Par conséquent, le Botswana — tout comme l'Eswatini, le Rwanda et le Zimbabwe — est sur la voie de l'éradication du sida, ayant atteint les objectifs mondiaux 95-95-95 ».

    De son côté, Madagascar, l'un des pays les plus pauvres de la région, a enregistré une augmentation de 151 % du nombre de nouvelles infections par le VIH depuis 2010, et une augmentation de 279 % des décès liés au sida au cours de la même période. « En outre, seuls 18 % des quelque 70 000 personnes vivant avec le VIH à Madagascar avaient accès à un traitement en 2022, et 3 200 personnes sont décédées de maladies liées au sida. Le Soudan et le Soudan du Sud sont également à la traîne en matière de prévention et de traitement du VIH. Les inégalités exacerbent la vulnérabilité des personnes au VIH », pointe l’agence onusienne. « Les recherches locales indiquent une augmentation des nouvelles infections par le VIH parmi les populations clés, notamment les consommateurs de drogues, et parmi les jeunes femmes et les jeunes filles. Cette situation pourrait être imputable à de nombreux facteurs, notamment les routes de la drogue, les cyclones récurrents et la grande pauvreté qui, dans certaines régions, rend les gens plus vulnérables aux infections par le VIH », a analysé le professeur Zely Randriamanantany, ministre malgache de la santé publique. « L'insuffisance des investissements dans les ripostes au VIH empêche de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique », a déclaré Jude Padayachy, directeur de l'Onusida pour les Comores, Madagascar, Maurice et les Seychelles. « Nous devons accélérer la riposte au VIH dans les États insulaires de l'océan Indien en garantissant tous les éléments de base [accès à l’information, aux services et aux produits de prévention du VIH]. Nous devons également veiller à ce que les personnes séropositives connaissent leur statut et reçoivent le traitement dont elles ont besoin ».

    Le pacte européen sur les migrations adopté malgré les oppositions 

    Les législateurs-rices européens-nes sont parvenus-es en décembre à un accord politique sur le nouveau pacte européen sur les migrations. Cet accord s’inscrit dans la continuité d’une décennie de politiques qui ont conduit à la prolifération des violations des droits en Europe, explique le Gisti, dans un communiqué. Mi-avril, 161 organisations de la société civile ont appelé les députés-es européens-nes à rejeter ce pacte européen sur les migrations. Les signataires estiment que celui-ci aura des « conséquences dévastatrices » sur le droit à la protection internationale dans l’Union européenne et permettra des abus dans toute l’Europe, y compris le « racial profiling », la détention de facto par défaut et les refoulements. Le 10 avril 2024, les députés-es européens-nes avaient une « dernière opportunité de rejeter [ce texte] lors d’un vote en plénière et de donner un signal politique contre l’adoption d’un pacte qui porterait atteinte aux droits fondamentaux ». Ce qui n’a pas été le cas puisque le texte a été adopté (10 avril).

    Que craignent les organisations de la société civile ?

    Plusieurs points soulèvent l’inquiétude des ONG. Dans l’ensemble, les nouveaux règlements introduiront un nouveau système de « gestion des migrations » dans l’UE, caractérisé par d’une part « la détention de facto aux frontières sans aucune exemption pour des familles avec enfants de toutes âges, des procédures accélérées et inférieures aux normes pour évaluer les demandes d’asile plutôt que des évaluations complètes et équitables, et l’accent mis sur les procédures de retour avec des garanties réduites ». Autre point : un « nombre bien plus important de demandeurs et demandeuses d’asile ne seront pas considérés-es comme se trouvant sur le territoire de l’UE, ce qui entraînerait une diminution des garanties de protection et augmenterait le risque de violations des droits humains et de refoulements aux frontières ». Par ailleurs, grâce à « l’élargissement du principe du « pays tiers sûr », les demandeurs et demandeuses d’asile seront déclarés irrecevables et de plus en plus souvent expulsés vers des pays extérieurs à l’UE, ce qui accroît le risque de refoulement ». Autre motif fort d’inquiétude : une « utilisation accrue des technologies de surveillance à tous les stades des procédures d’immigration et d’asile ». Pour la société civile : le Pacte représente un pas supplémentaire vers la surveillance de masse des migrants-es et des personnes racisées.

    Avortement, GPA, LGBT... le Vatican dit défendre la "dignité humaine"

    Vade retro. Dénoncer l’avortement et la prétendue « théorie du genre » tout en défendant les droits des migrants-es et ceux des personnes LGBT+ : le Vatican s’est efforcé de réussir un nouveau miracle en publiant (8 avril) un nouveau texte consacré au respect de la « dignité humaine ». Baptisé « Dignitas infinita » (« Une infinie dignité »), ce document d’une vingtaine de pages approuvé par le pape François peut être lu comme une manière de colmater les divisions internes au sein de l’Église, quatre mois après la polémique provoquée par l’ouverture des bénédictions de couples homosexuels, notamment en Afrique et dans le camp conservateur. On y retrouve les thèmes clés du pontificat du pape François (de son vrai nom, Jorge Bergoglio), comme la guerre, les droits des migrants-es, la pauvreté, l’écologie ou la justice sociale, associés entre autres aux questions bioéthiques ou liées aux violences numériques. Le texte, fruit de cinq ans de travail, a été publié par le Dicastère pour la Doctrine de la foi, le puissant organe du Saint-Siège chargé du dogme et réaffirme la ligne traditionnelle de l’Église en listant une quinzaine de « violations concrètes et graves » de la dignité, notamment l’avortement, l’euthanasie et la gestation pour autrui (GPA), note l’AFP.

    Cette déclaration « contribue ainsi à surmonter la dichotomie existant entre ceux qui se concentrent exclusivement sur la défense de la vie naissante ou mourante, en oubliant bien d’autres atteintes à la dignité humaine, et vice versa », a résumé Andrea Tornielli, éditorialiste du média officiel Vatican News. Pour la première fois de façon aussi spécifique, le Vatican dénonce avec force la supposée « théorie du genre », selon laquelle l’identité de genre serait déterminée par l’éducation et l’environnement, et non par des différences génétiques. « Toute intervention de changement de sexe risque, en règle générale, de menacer la dignité unique qu’une personne a reçue dès le moment de la conception », peut-on lire dans ce texte. Par ailleurs, l’Église catholique se dresse contre la criminalisation de l’homosexualité — toujours en vigueur dont de nombreux pays, notamment en Afrique — et dénonce « le fait que, dans certains endroits, de nombreuses personnes soient emprisonnées, torturées et même privées du bien de la vie uniquement en raison de leur orientation sexuelle ». « On parle peu de cette violation des droits humains (...) et il est douloureux que certains catholiques défendent ces lois injustes », a déploré lors d’une conférence de presse le préfet (soit le numéro 1) du Dicastère, le cardinal argentin Victor Manuel Fernandez, proche du pape et signataire du texte. Interrogé sur la doctrine de l’Église catholique, qui considère toujours les actes homosexuels comme « intrinsèquement désordonnés », il a estimé que celle-ci « pourrait trouver d’autres mots plus adaptés », tout en se redisant favorable à la dépénalisation de l’homosexualité.

    Depuis son élection en 2013, le pape François insiste sur l’importance d’une Église ouverte à tous-tes y compris aux fidèles LGBT+, mais ses efforts rencontrent une forte résistance… en interne notamment.

    Accord de prévention des pandémies : la date buttoir approche 

    All over the world. Les négociations pour mieux préparer le monde à une future pandémie entrent dans leur dernière ligne droite, mais les écueils restent nombreux avant de s’assurer que la prochaine grande crise sanitaire sera combattue ensemble, indique l’AFP. La dernière semaine de négociations (prévue pour le moment) a débuté le 25 mars à Genève, où les pays membre de l’Organisation mondiale de la santé tentent de mettre au point un texte qui évite de répéter les erreurs mortelles et coûteuses qui ont marqué la pandémie de Covid-19. Pour empêcher les millions de morts et les milliers de milliards de pertes économiques, les pays membres ont décidé en décembre 2021 d’élaborer un « texte contraignant » pour éviter de reproduire la catastrophe. Et ils se sont donné jusqu’à mai 2024 pour l’adopter lors de l’Assemblée mondiale de la santé. Mais après deux années de discussions, d’importants points de friction subsistent. Si les diplomates insistent sur leur volonté de conclure un accord, les différents camps semblent encore très éloignés les uns des autres. « Tout le monde devra donner quelque chose, sinon personne n’obtiendra rien », a prévenu le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Les pays européens veulent que davantage d’argent soit investi dans la prévention, tandis que les pays africains — laissés au bord de la route pendant le Covid — veulent le savoir-faire et les financements mais aussi un accès adéquat aux tests, aux vaccins et autres traitements. Les États-Unis, eux, veulent une garantie de transparence et le partage rapide de données sur toute survenue d’une maladie inconnue. De l’avis des spécialistes, la Chine a trop tardé en décembre 2019 à partager les informations sur la Covid-19 et très vite il a été trop tard. Il n’est pas impossible qu’il faille prolonger les négociations pour conclure un accord. « Nous savons tous qu’il reste des domaines critiques sur lesquels vous n’avez pas encore atteint de consensus », a rappelé le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, au démarrage de ce dernier round de négociations. « Vous êtes d’accord sur ce que vous essayez d’atteindre (...) vous devez maintenant vous mettre d’accord sur la manière d’atteindre ces objectifs », a-t-il déclaré, l’enjeu étant rien moins qu’« essentiel pour l’humanité ». Les principaux sujets encore en discussion sont notamment l’accès aux agents pathogènes émergents, une meilleure prévention et une meilleure surveillance des épidémies, un financement fiable et le transfert de technologie vers les pays les plus pauvres. Les ONG qui luttent pour plus d’équité sanitaire sont très préoccupées par la direction que prend le texte. K. M. Gopakumar, chercheur principal au Third World Network, souligne qu’en échange d’engagements contraignants sur le partage des agents pathogènes, les pays en développement veulent bénéficier des fruits de ce partage : vaccins et diagnostics.  Mais, selon lui, tout ce qui touche à l’équité a été « mis à l’écart systématiquement ». Pour Rachael Crockett, de l’initiative Médicaments contre les maladies négligées, il existe un risque de conclusion d’un accord précipité qui « pourrait nous laisser avec le plus petit dénominateur commun ». L’enjeu est pourtant crucial pour les générations futures. « Ce n’est pas un vieux document poussiéreux qui se trouvera quelque part sur une étagère », a souligné Michael Ryan, le responsable des situations d’urgence à l’OMS. Parce que la prochaine pandémie viendra très certainement.

    Ouganda : la Cour constitutionnelle rejette un recours contre une loi anti-LGBT+

    La Cour constitutionnelle ougandaise a rejeté mercredi 3 avril un recours contre une loi anti-LGBT+ répressive votée en mai 2023 dans ce pays d’Afrique de l’Est. Baptisé « loi anti-homosexualité 2023 », le texte prévoit de lourdes peines pour les personnes ayant des relations homosexuelles consenties et faisant la « promotion » de l’homosexualité. Un délit d’« homosexualité aggravée » est passible de la peine de mort, une condamnation qui n’est toutefois plus appliquée depuis des années dans le pays. Le recours déposé devant la Cour constitutionnelle « appelait essentiellement à l’annulation de l’intégralité de la loi anti-homosexualité de 2023 », a commenté le juge Richard Buteera. « Après avoir statué, (...) nous refusons d’annuler la loi anti-homosexualité dans son intégralité et n’accorderons pas non plus une injonction permanente contre son exécution ». Les cinq juges ont toutefois statué que certains articles de la loi violaient le droit à la santé et le droit à un niveau de vie adéquat tel que consacré dans la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies. Mais « le résultat de notre jugement est que cette requête échoue pour l’essentiel », a déclaré Richard Buteera, cité par l’AFP. La Cour avait été saisie par deux militants des droits humains, deux professeurs de droit d’une université de Kampala, la capitale, et deux parlementaires du Mouvement de résistance nationale (MNR), le parti au pouvoir. Dans leur recours, ils affirmaient que le texte est illégal, estimant notamment qu’il viole des droits fondamentaux protégés par la Constitution et parce qu’il a été voté sans véritable consultation de la population, ce qu’exige la loi fondamentale ougandaise.

    Nicolas Opiyo, avocat qui avait défendu le recours, a fait part sur X de sa « déception » et critiqué un « jugement sommaire ». Pour le député Fox Odoi-Oywelowo, membre du MNR, la décision « était attendue » mais « la loi est mauvaise pour le pays et aurait dû être abrogée depuis longtemps », a-t-il dit à l’AFP. Depuis son adoption, cette loi est sévèrement critiquée à l’étranger. De nombreux pays et organisations internationales s’étaient indignés du vote de cette loi. Le président Yoweri Museveni, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 1986, l’a promulguée en mai dernier et a assuré qu’il ne cèderait pas aux pressions étrangères pour faire abroger ce texte, considéré comme l’un des plus répressifs au monde contre la communauté LGBT+. Les États-Unis, l’Union européenne et le secrétaire de l’ONU, Antonio Guterres, ont appelé en plusieurs occasions à son abrogation, avertissant que l’aide étrangère et les investissements en Ouganda pourraient être compromis si elle était maintenue. Washington a annoncé, début décembre, que les États-Unis n’accorderaient plus de visas aux responsables ougandais qui appliqueraient ce texte controversé, et a retiré l’Ouganda d’un accord commercial majeur, l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), depuis janvier. La Banque mondiale a, de son côté, annoncé en août qu’elle suspendait tout nouveau prêt au pays en raison de cette législation « fondamentalement contraire » à ses valeurs. Cette loi reçoit néanmoins un large soutien en Ouganda, pays à majorité chrétienne conservatrice, où les parlementaires estiment qu’elle constitue un rempart nécessaire contre l’immoralité présumée de l’Occident. En 2014, les donateurs internationaux avaient déjà réduit leur aide après le vote d’une loi imposant la prison à vie pour des relations homosexuelles.

    Présidentielle au Ghana : le candidat du parti au pouvoir adopte une position homophobe 

    Homophobie. Le vice-président ghanéen et candidat du parti au pouvoir à l’élection présidentielle de décembre prochain, Mahamudu Bawumia, s’est exprimé pour la première fois en public, jeudi 11 avril, contre l’homosexualité, justifiant son opposition sur des convictions religieuses « sans équivoques ». La question de l’homosexualité est devenue un sujet très sensible au Ghana surtout depuis l’adoption par le Parlement en février 2024 d’une loi criminalisant la pratique. « Il est important de noter que nos normes et valeurs culturelles et sociétales en tant que Ghanéens désapprouvent la pratique de l’homosexualité », a ainsi expliqué Mahamudu Bawumia à des milliers de fidèles musulmans-es à Kumasi, deuxième plus grande ville du pays, à l’occasion de la prière de l’Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan.  « En tant que musulman, ma foi religieuse est donc très strictement opposée à la pratique de l’homosexualité. Il n’y a pas d’équivoques », a-t-il ajouté.

    Premier candidat musulman du Nouveau parti patriotique (NPP, au pouvoir), Mahamudu Bawumia a affirmé sa volonté de s’opposer à l’homosexualité maintenant et dans son rôle éventuel de président du Ghana, s’il est élu. Les députés-es ghanéens-nes ont adopté, fin février, une loi pénalisant les pratiques homosexuelles dite « des droits sexuels humains et des valeurs familiales ghanéennes », largement critiquée au niveau international. Selon les dispositions du projet, les personnes LGBT+ encourent une peine d’emprisonnement allant de deux mois à trois ans.  De plus, « la promotion » de l’homosexualité est passible d’une peine de prison allant de cinq à dix ans. Les partenaires internationaux du Ghana ont mis en garde contre les conséquences désastreuses de la signature du projet de loi par l’actuel président Akufo-Addo. Le ministre des Finances a évoqué dans une note interne consultée par des médias le risque d’une perte potentielle de financement de la Banque mondiale s’élevant à 3,8 milliards de dollars au cours des cinq à six prochaines années. Le Ghana, grand exportateur d’or et de cacao, bénéficie d’un programme d’aide du Fonds monétaire international (FMI) d’un montant de trois milliards de dollars, après avoir connu sa pire récession économique en 2022, qui s’est traduite par une inflation record de 50 %.