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    La prévention et la réduction des risques sur internet mises en danger par la proposition de loi Avia

    • Communiqué
    • 13.05.2020

    ppl avia cp interassociatif

    Ce mercredi 13 mai après-midi, la proposition de loi « Lutte contre le contenu haineux sur internet » portée par la députée LREM Laetitia Avia, est soumise au vote à l’Assemblée nationale.

    Nous, associations de santé et de santé communautaire, sommes très inquiètes de l’article 1er de ce texte.

    En effet, cet article prévoit l’obligation pour les opérateurs de plateforme en ligne, donc notamment les réseaux sociaux et les moteurs de recherche, de « retirer ou rendre inaccessible dans un délai de 24 heures après notification par une ou plusieurs personnes tout contenu […] à caractère pornographique susceptible d’être exposé à la vue des mineurs-res ».

    Sans juger de l’intention du législateur, s’il était adopté, cet article rendrait quasiment impossible toutes les campagnes de prévention et de réduction des risques.
    En effet, la censure d’un contenu en 24 heures sera faite par application d’algorithmes élaborés par des plateformes généralement états-uniennes qui n’ont pas la même culture et donc la même interprétation de ce qui peut être considéré comme pornographique. Ainsi les termes « sexe », « relations sexuelles » ou « santé sexuelle » ou encore des démonstrations de pose de préservatif pourraient être censurés. Nos structures font de la prévention, de l’éducation à la sexualité et de la réduction des risques sur internet. Les contenus de prévention pourraient avec cet amendement être censurés. Devrons-nous utiliser des périphrases et expressions incompréhensibles, telles que « relations type amour charnel » ou « travailleuses de nuit », pour éviter la censure ?
    Les conséquences de cet amendement iraient bien au-delà de la lutte contre les contenus à caractère pornographique visés par la proposition.

    En outre, cette disposition va conduire à une censure accrue de comptes professionnels, militants ou personnels de travailleuses-eurs du sexe sur internet. La censure de contenus considérés comme pornographiques car ils sont à caractère explicitement sexuel va invisibiliser les travailleuses-eurs du sexe dans l’espace numérique. Cela va rendre encore plus difficile le travail des associations de santé qui entrent en contact avec elles. La censure sur internet est le pendant de la pénalisation du racolage public. La quasi-totalité des associations travaillant avec les travailleuses-eurs du sexe s’étaient battues contre cette pénalisation qui les éloignait des espaces visibles et donc aussi des structures de santé, d’accès aux soins et d’accès aux droits. Invisibiliser les travailleuses-eurs du sexe sur internet aura les mêmes conséquences.

    Cette disposition n’est pas nécessaire à la lutte contre la haine en ligne et aura des conséquences néfastes. Nous appelons le législateur à s’y opposer.

    Contacts presse :

    AIDES
    Adèle Simon
    06 98 68 01 68
    asimon@aides.org

    Autres Regards
    Jean-Régis PLOTON
    06 60 80 10 53

    Bus des femmes
    Elodie LAVOUTE
    06 09 88 62 19

    Cabiria
    Antoine BAUDRY
    06 76 63 59 22

    Grisélidis
    Julie SARRAZIN et June CHARLOT
    06 88 13 52 66

    Médecins du Monde
    Insaf REZAGUI
    06 09 17 35 59

    Strass
    Anaïs de LENCLOS
    06 70 16 28 58
    et Amar PROTESTA
    0671826207