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    Pénurie de préservatifs et d’antirétroviraux : AIDES demande des garanties face aux risques de rupture

    • Communiqué
    • 10.04.2020

    L’ONU alerte sur une pénurie mondiale “désastreuse” de préservatifs en raison d’une baisse de production du principal fabricant, liée au Covid-19. En tant qu’association de lutte contre le VIH et les hépatites, nous sommes particulièrement inquiets de la situation, mais aussi du silence et du manque de transparence dont fait preuve l’Agence  Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM). Dans le même temps, le manque d’informations disponibles sur les stocks d’antirétroviraux, utilisés par les personnes séropositives et les personnes vivant avec des hépatites, nous alarme particulièrement. Nous avons adressé hier une lettre au ministre de la Santé l’enjoignant à communiquer de manière transparente sur les stocks dont nous disposons et à agir en fonction des risques de pénuries.

    Alertes partout, informations nulle part

    Karex, premier producteur de préservatif mondial a déclaré la semaine dernière être particulièrement impacté par la mise en arrêt puis la reprise très progressive de ses usines de production malaisiennes. L’industriel annonçait alors redouter une pénurie mondiale de préservatifs dans les mois à venir. Cette annonce a fortement inquiété les associations de lutte contre le VIH, dont AIDES qui distribue chaque année près d’un million de préservatifs. Si les outils de prévention se sont diversifiés avec les avancées thérapeutiques (Tasp et Prep), le préservatif reste un moyen de protection très utilisé par toutes les populations, quelles que soient leurs pratiques ou leur niveau d’exposition au VIH.

    Malgré nos multiples interpellations auprès de l’ANSM pour obtenir des précisions sur cette situation de pénurie annoncée et l’état des stocks disponibles, nous n’avons à ce jour pu obtenir aucune réponse. Aucune information officielle n’a également été transmise suite à la communication de Karex, et pas davantage suite à l’alerte de l’ONU ce mercredi.

    Nous exprimons une vive crainte concernant une reprise des infections à VIH et aux hépatites en sortie de confinement. Cela serait dramatique, alors que les efforts fournis depuis des années permettent enfin de voir les courbes de découvertes de séropositivité fléchir.

    Le manque de transparence dont fait preuve l’ANSM entrave nos capacités d’anticipation et notre aptitude à définir en toute connaissance de cause nos stratégies de prévention, alors même que la situation nécessite que nous ayons tous les moyens nécessaires pour pallier aux besoins d’information et de prévention des personnes.

    Les médicaments aussi !

    Si nous nous sommes associés depuis plusieurs jours à d’autres associations de professionnels-les de santé et de patients-es pour dénoncer les pénuries de médicaments indispensables aux services de réanimation, nous nous inquiétons désormais également des tensions possibles quant aux stocks d’antirétroviraux indispensables à  la survie des personnes séropositives au VIH.

    En effet, Le Kaletra® ou le Lopinavir/ritonavir, deux antirétroviraux testés dans plusieurs essais cliniques dans le cadre de la recherche d’un traitement contre le Covid-19 pourraient notamment être plus difficilement accessibles aux personnes vivant avec le VIH.

    Dans un courrier adressé au ministre de la Santé hier (disponible au téléchargement à votre droite), nous lui demandons de prendre les mesures nécessaires pour une transparence totale sur les stocks et les risques de pénurie. Nous ne pouvons envisager que des ruptures imposent aux personnes séropositives de modifier voire de suspendre leurs traitements, ce qui les mettrait en danger ainsi que leurs éventuels partenaires en cas d’augmentation de la charge virale et du potentiel infectieux.

    AIDES appelle l’ensemble des instances publiques et politiques à agir au plus vite pour éviter que la crise sanitaire actuelle n’en engendre une autre dont nous ne connaissons que trop bien les conséquences désastreuses.
     

     

    Contacts presse :

    Adèle Simon
    06 98 68 01 68
    asimon@aides.org

    Anne-Charlotte Cheron
    06 10 41 23 86
    accheron@aides.org

    À télécharger

    Notre courrier à Olivier Véran