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    L'Actu vue par Remaides : Fonds Daniel Defert : en mémoire de nous !

    • Actualité
    • 27.08.2025

    ARCHIVES

    Brouillon des statuts associatifs créant AIDES datés de 1984
    Fonds Daniel Defert ; Archives nationales .
    Image : Morgane Vanehuin et Studio Capuche.

    Par Morgane Vanehuin

    Fonds Daniel Defert : en mémoire de nous!

    Archiviste de l’association AIDES, Morgane Vanehuin propose, dans la rubrique « Mémoires vives », d’explorer les fonds d’archives de l’association. Cette fois, focus sur le fonds Daniel Defert, sociologue et président-fondateur de AIDES.

    Depuis maintenant quelques mois, le fonds d’archives historiques de Daniel Defert est accessible aux Archives nationales (AN). Offerts à AIDES en 2016, les documents ont directement rejoint les espaces de conservation des AN, avec lesquelles notre association est liée par une convention-cadre permettant la conservation et la valorisation de nos archives historiques. Sauvegardées dans d’excellentes conditions, les sources de notre histoire sont ainsi assurées d’exister au-delà-même de la durée de vie de l’association.

    Daniel Defert a souhaité qu’une partie de ses archives demeurent inaccessibles avant son décès, cette clause prenant donc fin en février 2023. En 2024, le fonds a fait l’objet d’un classement et d’une description détaillée par les archivistes Lucile Natali et Lucile Douchin. L’instrument de recherche (c’est-à-dire « l’inventaire » du fonds) est librement accessible en ligne sur le site internet des AN. Au fil des cinquante-cinq pages qui composent l’instrument de recherche, chacun-e peut découvrir la richesse des quinze mètres linéaires de documents produits et rassemblés par Daniel Defert. Le fonds a été classé en six grandes thématiques : correspondance et travaux préparatoires liés à AIDES ou à d’autres activités ; engagements de Daniel Defert à AIDES de 1984 à 2012 ; travaux dans le cadre d’organisations françaises ou internationales ; documentation thématique rassemblée par Daniel Defert ; photographies ; pièces audiovisuelles. Reflet de plusieurs dizaines d’années de travail, le fonds d’archives comprend uniquement des éléments en lien avec la lutte contre le VIH/sida, les travaux universitaires de Daniel Defert n’en faisant pas partie.

    Parmi les différents types de documents consultables, se trouvent notamment de la correspondance personnelle ainsi que des cahiers, ces derniers servant de supports pour diverses notes prises lors de colloques, des voyages, des rencontres ou des lectures. Tant la correspondance que les cahiers constituent des pièces uniques et inédites. Elles témoignent des activités de Daniel Defert, telles que ce discours manuscrit de remerciements adressés en 1986 à Line Renaud et à l’Association des Artistes contre le sida. Le fonds contient également de nombreux documents produits pendant les premières années de AIDES, comme ce brouillon de statut associatif daté de 1984. Ces éléments possèdent une valeur historique et mémorielle inestimable, d’autant plus que nombre des anciens comités de l’association ont perdu ou détruit leurs « vieux papiers ». De fait, l’urgence de l’engagement face à la maladie a constitué un contexte défavorable à la conservation à long terme des documents les plus anciens. Je tiens à souligner que toute collecte de nouveaux fonds d’archives contribue à enrichir nos mémoires collectives. D’autres militants-es des premières années de l’association ont donné ou sont en phase de réflexion quant à un don à AIDES de leurs propres archives militantes. Donner ses archives, c’est inscrire son vécu individuel dans une histoire commune. C’est une manière de passer du « je » au « nous », comme nous avons coutume de le dire au sein de AIDES.

    À l’heure où j’écris ces lignes, plusieurs personnes ont d’ores et déjà effectué une demande d’accès au fonds Daniel Defert. Ces archives ne sont pas spontanément apparues en salle de lecture. Leur conservation est le résultat de choix, de décisions, d’actions humaines. Je profite de cette rubrique pour remercier les archivistes qui ont permis, plus ou moins directement, la sauvegarde et le traitement du fonds Daniel Defert : Lucile Natali, Lucile Douchin, la Mission des archives des ministères sociaux dirigée par Anne Lambert, Claire Larrieux, ainsi que toute autre personne que j’ai peut-être oublié de citer. Dans un contexte politique de plus en plus hostile aux militants-es de la lutte contre le VIH/sida et contre les discriminations, j’espère que le soin apporté à nos archives pourra contribuer à donner du sens, aussi minime soit-il, à nos engagements présents.

     

    ARCHIVES

    Discours manuscrit de remerciements adressés en 1986 à Line Renaud et à l’Association des Artistes contre le sida. Fonds Daniel Defert ; Archives nationales.
    Image : Morgane Vanehuin et Studio Capuche.