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    L'actu vue par REMAIDES : "IDAHOT 2024 : « Les propos LGBTQIphobes tuent, protégeons-nous ! »"

    • Actualité
    • 17.05.2024

    DRAPEAU LGBT

    © DR

    Par Jean-François Laforgerie et Fred Lebreton 

    IDAHOT 2024 : "Les propos LGBTQIphobes tuent, protégeons-nous !"

    À l’occasion du 17 mai, Journée internationale de lutte contre les LGBTQIphobies, de nombreuses associations, dont des associations de santé comme AIDES, se mobilisent. AIDES s’engage, cette année, autour du mot d’ordre : « Les propos LGBTQIphobes tuent, protégeons-nous ! ». En 40 ans d’existence, l’association de lutte contre le sida et les hépatites virales n’a cessé de lutter avec et auprès des populations LGBT+. Alors que la prolifération actuelle des violences LQBTQIphobes entrave leur accès aux droits et à la santé, AIDES met les pouvoirs publics face à leurs responsabilités. Explications.

    Homophobie en France : un environnement qui se dégrade

    À l’occasion de la journée IDAHOT, SOS Homophobie a rendu public son Rapport annuel sur les LGBTIphobies 2024. En 2023, SOS homophobie a recensé 2 377 cas de LGBTIphobies en France. Ce chiffre est issu du traitement des 2 085 témoignages (un témoignage pouvant recouvrir plusieurs situations de LGBTIphobies) reçus par l’association via ses dispositifs d’écoute et de soutien aux victimes (ligne téléphonique anonyme, chat’écoute et formulaire de témoignage en ligne). Par ailleurs, 147 témoignages transmis par des personnes ne résidant pas en France ont été inclus pour élargir la portée de l’étude.

    Ce chiffre est nettement supérieur aux années précédentes (1 506 témoignages en 2022 et 1 515 en 2021). Les hommes cis gays et bisexuels restent la population qui témoigne le plus : ils représentent 39 % des victimes et sont les victimes de 67 % des cas d’agression physique rapportés. Le rapport de SOS Homophobie souligne « un environnement qui se dégrade pour l’ensemble des personnes LGBTI avec une libération de la parole LGBTIphobe, notamment sur Internet ». En effet, la haine en ligne représente 23 % des cas signalés : « Les discours LGBTIphobes et complotistes s’intensifient sur Internet et le harcèlement sur les réseaux sociaux cible particulièrement les jeunes LGBTI » déplore l’association. La transphobie continue d’être un sujet majeur avec 21 % des cas recensés, faisant de ce contexte le deuxième plus représenté dans les témoignages après la gayphobie (45 %).

    Le rapport de SOS homophobie est une photographie importante des LGBTIphobies en France ainsi qu’un objet de plaidoyer nécessaire pour que les associations exigent des mesures concrètes auprès des pouvoirs publics. Pour autant, il ne reflète pas l’ampleur du phénomène, comme le souligne Julia Torlet, présidente et porte-parole de SOS homophobie : « Combien d’actes sont tus, invisibilisés ? Combien d’actes de LGBTIphobies vécus, de vies brisées, n’ont pas fait l’objet de témoignages auprès de notre association ? (…). Notre société dans son ensemble, tentée par l’indifférence et la secondarisation des enjeux LGBTI, des violences LGBTIphobes et des combats pour les droits des personnes LGBTI, considère souvent que ceux-ci sont derrière nous ».

    ➡️​ Lire le Rapport annuel sur les LGBTIphobies 2024

    SOS homophobie, 30 ans de lutte

    Créée en 1994, SOS homophobie poursuit depuis trois décennies son engagement contre les discriminations LGBTPQIphobes. L’association a publié en avril dernier un ouvrage qui « retrace l’histoire de trois décennies de militantisme soutenues par le travail collectif de milliers de bénévoles mus-es par un projet commun : soutenir, prévenir, militer pour éradiquer les violences LGBTIphobes », rappelle un communiqué. Ce n’est pas un hasard si l’association a retenu ces trois mots que sont : soutenir ; prévenir ; militer.

    Soutenir parce que SOS homophobie veut rendre les discriminations visibles — dans les familles, les entreprises, la rue… — en ouvrant une ligne d’écoute et en publiant les résultats dans un Rapport annuel qui est devenu, au fil des ans, une référence. Prévenir car, pour l’association, c’est le « pilier de la prévention est la sensibilisation des adolescents-es ». SOS homophobie mène d’ailleurs des interventions dans les établissements scolaires qui concernent plusieurs dizaines de milliers d’élèves chaque année. Ces interventions s’adressent aussi aux adultes. Militer enfin, parce que l’association est partie « prenante dans les prétoires » en se constituant partie civile dans des actions en justice, en participant aux manifestations pour l’égalité et en poursuivant un dialogue à la fois constructif et exigeant avec les pouvoirs publics.

    Hausse des LGBTphobies : un climat très "préoccupant" selon les associations

    Guet-apens, attaques en ligne, très nette montée de la transphobie : la hausse de 13 % des infractions anti-LGBT+ enregistrées par la police et la gendarmerie en 2023 (voir ci-dessous) confirme, aux yeux des associations, un climat « extrêmement préoccupant » en France. L’an passé, 2 870 crimes ou délits (agressions, menaces, harcèlement...) contre les LGBT+ ont été recensés, un bond de 19 % par rapport à 2022, année déjà marquée par une hausse de 13 %, selon une étude du service statistique du ministère de l’Intérieur publiée le 16 maiS’y ajoutent 1 690 contraventions, à 94 % des injures. Ces contraventions, qui avaient reculé de 9 % en 2022, progressent de 4 %. « On a l’impression que les braises de la LGBTIphobie sont allumées et que le feu est prêt à prendre. 2024 est une année qui nous préoccupe particulièrement », soulignait déjà, mercredi 15 mai, la présidente de SOS Homophobie, Julia Torlet, en présentant le rapport annuel de l’association. « On risque de se retrouver dans une situation de violences comme celle de 2012-2013 » si « le gouvernement ne réagit pas », a-t-elle alerté, en faisant référence à la période très tendue ayant entouré l’adoption du « mariage pour tous ». Depuis 2016, les atteintes anti-LGBT+ ont fortement augmenté : + 17 % en moyenne par an pour les crimes et délits et + 10 % pour les contraventions, selon les statistiques du ministère. Mais ces chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité (voir ci-dessous). « On a dépassé le stade de l’inquiétude », déclare à l’AFP Maxime Haes, porte-parole d’une autre association, Stop Homophobie.

    Son analyse s’appuie notamment sur le rapport de l’Agence européenne des droits fondamentaux (FRA) publié mardi 14 mai : en France 60 % des personnes évitent de tenir la main de leurs partenaires du même sexe par peur d’être agressées, contre 53 % en moyenne dans l’UE. Pour Maxime Haes, les actes anti-LGBT+ s’inscrivent dans un contexte de « hausse drastique des discours LGBTphobes, en particulier transphobes », qui sont « à mettre en corrélation avec la montée de l’extrême droite et des extrémismes religieux ». Des discours transphobes ont encore été exacerbés par la sortie médiatisée en avril du livre « Transmania », qui se présente comme une « enquête sur les dérives de l’identité transgenre » mais qui, d’après Maxime Haes, « stéréotype » les personnes transgenres et intersexes avec « les clichés les plus infâmes : pédophilie, pédocriminalité, déviance mentale ».

    De manière générale, la haine en ligne « s’amplifie », avec « des groupes qui mènent une offensive », souligne Julia Torlet de SOS Homophobie. « Subir des violences, des discriminations, des discours haineux amène de la crainte, un sentiment de culpabilité, une détresse mentale » et peut conduire à la dépression et des tentatives de suicide, rappelle Ugo Ziccarelli, également membre de SOS Homophobie et contributeur du rapport annuel de l’association. Face aux attaques, l’association dénonce un « silence gouvernemental abyssal », la nomination comme Premier ministre de Gabriel Attal, ouvertement gay, ne s’accompagnant, selon elle, d’« aucune politique ambitieuse » sur la question LGBT+. « Les discours haineux ne sont pas du tout combattus par les responsables politiques », déplore également Maxime Haes.

    Les actes anti-LGBT+ en hausse de 13 % en 2023

    Aïe ! Les atteintes envers les personnes LGBT+ ont augmenté de 13 % en 2023 en France par rapport à 2022, avec même un bond de 19 % pour les crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie, selon une étude du service statistique du ministère de l’Intérieur publiée jeudi 16 mai. Ces chiffres ont été publiés à la veille de la Journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie (IDAHOT). Au total, 4 560 infractions contre les personnes LGBT+ ont été enregistrées en France l’an passé : 2 870 crimes ou délits et 1 690 contraventions (qui sont à 94 % liées à des injures), détaille l’AFP. Les crimes et délits (diffamation, agressions, menaces, harcèlement, etc.), étaient déjà en hausse de 13 % en 2022. En 2023, ils bondissent de 19 %, tandis que les contraventions, qui avaient baissé de 9 %, progressent cette fois de 4 %. Depuis 2016, ce type d’actes a fortement augmenté : + 17 % en moyenne par an pour les crimes et délits et +10 % pour les contraventions. Si l’étude fait état d’une « libération de la parole et (de) l’amélioration des conditions d’accueil » des victimes par la police et la gendarmerie, elle précise que seules 20 % des victimes LGBT+ portent plainte en cas de menaces ou violences, et seules 5 % en cas d’injure — selon une enquête réalisée sur la période 2012-2018. Un tiers (34 %) des crimes et délits anti-LGBT+ relevés en 2023 sont des injures ou de la diffamation. Les atteintes aux personnes pèsent, elles, pour 19 % du total, tout comme les menaces (19 %). Le harcèlement (5 %) est plus rare, tout comme les atteintes à caractère sexuel, même si ces dernières progressent (8 % du total, contre 2 % en 2022).

    Les infractions sont davantage commises dans les agglomérations de plus de 200 000 habitants-es, notamment à Paris. À 28 %, les crimes et délits anti-LGBT+ sont commis dans les rues et voies publiques, à 19 % dans le cadre résidentiel et à 8 % dans un établissement scolaire. Plus de 70 % des victimes de ces crimes ou délits sont des hommes, et 49 % ont moins de 30 ans, dont 7 % moins de 15 ans. De leur côté, les personnes mises en cause sont principalement des hommes (82 %). Près de la moitié (49 %) ont moins de 30 ans ; les moins de 19 ans représentent même 31 % des personnes mises en cause. L’association SOS Homophobie, dont le dernier rapport vient de sortir, s’était dite (15 mai) « extrêmement » préoccupée pour l’année 2024, après avoir elle-même enregistré en 2023 un niveau « inquiétant » de violences et discriminations subies par les personnes LGBT+.

    La violence à l'encontre des LGBT+ au plus haut en Europe

    Cauchemar. La violence envers les minorités sexuelles et de genre a augmenté sur cinq ans, selon l’Agence européenne des droits fondamentaux (FRA) pour qui les résultats de son étude publiée mardi 14 mai constituent un « signal d’alarme clair », indique l’AFP. L’Europe est face à un « paradoxe », selon la directrice de cet organisme basé à Vienne (Autriche), qui dépend de l’Union européenne (UE).

    D’un côté, les gens sont « plus ouverts quant à leur orientation sexuelle » par rapport au dernier rapport de 2019, écrit Sirpa Rautio. D’un autre côté, « des taux de violence alarmants racontent une autre histoire », dénonce-t-elle sur la base des réponses de plus de 100 000 personnes LGBT+ dans toute l’Europe. Ainsi, si plus d’une personne LGBT+ sur deux parle désormais ouvertement de son orientation sexuelle, de son identité et de son expression de genre, ainsi que de ses caractéristiques sexuelles, explique le rapport, tout ne va pas bien. Dans ce contexte qui semblerait pourtant favorable, « la plupart [des personnes concernées] évitent encore de tenir la main de leur partenaire en public, de peur d’être agressées », souligne la FRA. C’est le cas de 60 % des sondés-es en France, contre 53 % en moyenne dans l’Union européenne (UE). Le nombre de ceux-celles disant avoir été victimes de violence s’élève à 14 %, soit un peu plus qu’en 2019, les personnes transgenres étant particulièrement visées. Le harcèlement touche désormais plus de la moitié des personnes interrogées, contre 37 % précédemment. La situation se dégrade particulièrement à l’école, où les deux-tiers déclarent avoir fait l’objet d’actes d’intimidation, contre 46 % en 2019.

    La discrimination reste invisible. Seuls, 11 % des personnes victimes ayant signalé un incident aux autorités. En Hongrie, où les droits des personnes LGBT+ ont régressé ces dernières années sous l’effet de mesures prises par le Premier ministre Viktor Orban, seules 3 % d’entre elles estiment que leur gouvernement « lutte contre les préjugés et l’intolérance » à leur égard. C’est le plus faible pourcentage dans le bloc européen, contre 26 % en moyenne dans l’UE. La FRA enjoint les pays membres à « appliquer une culture de tolérance zéro » à l’égard de la violence anti-LGBT+. Concernant la haine en ligne, elle recommande d’« aborder le risque de préjugés dans les algorithmes et de s’assurer que les plateformes numériques respectent la législation de l’UE ».

    ➡️​ Les données concernant spécifiquement la France se trouvent dans cette fiche de synthèse (en anglais)

    Que dit le rapport dans le détail ?

    Le rapport intitulé « LGBTIQ equality at a crossroads: progress and challenges » (L’égalité des personnes LGBTIQ à la croisée des chemins : progrès et défis) rend compte des « expériences, des points de vue et des défis auxquels les personnes LGBTIQ sont confrontées en Europe ». Il souligne également les changements intervenus depuis les précédentes enquêtes de la FRA en 2019 et en 2012. Les résultats de l’enquête révèlent des « signes de progrès lent mais progressif ». « Si la discrimination à l’égard des personnes LGBTIQ reste élevée, elle diminue progressivement. Les écoles traitent les questions liées aux personnes LGBTIQ de manière plus positive et proactive, et les jeunes se sentent davantage soutenus-es par leurs enseignants et leurs pairs. Néanmoins, l’intimidation, le harcèlement et la violence ont atteint des niveaux élevés ».

    Les principales conclusions de l’enquête sont les suivantes :

    • Discrimination : plus d’une personne sur trois est victime de discrimination dans sa vie quotidienne en raison de son identité. Il s’agit d’une légère diminution par rapport au chiffre de deux personnes sur cinq relevé en 2019, relèvent les auteurs-rices.
    • Violence : plus d’une personne sur dix a été victime de violence au cours des cinq années précédant l’enquête, soit un peu plus qu’en 2019. « Plus d’une personne intersexuée sur trois a été agressée », précise la FRA.
    • Harcèlement : plus d’une personne sur deux a été victime de harcèlement motivé par la haine, contre une sur trois en 2019. Deux personnes intersexuées et transgenres sur trois ont été harcelées.
    • Intimidation : plus de deux personnes sur trois déclarent avoir été victimes d’intimidation à l’école, toutes générations confondues et dans tous les pays de l’UE. Il s’agit d’une forte augmentation par rapport à une personne sur deux en 2019.
    • Santé mentale : plus d’une personne sur trois a envisagé de se suicider. Plus de la moitié des personnes trans, non binaires et présentant une « variance de genre » disent avoir des pensées suicidaires.
    • Pratiques de « conversion » : une personne sur quatre déclare avoir été forcée de se soumettre à des pratiques de « conversion » pour changer son orientation sexuelle ou son identité et son expression de genre.
    • Gouvernements : Seule une personne sur quatre considère que le gouvernement de son pays lutte contre les préjugés et l’intolérance à l’égard des personnes LGBTIQ, contre une personne sur trois en 2019.

    Le rapport souligne également que les expériences des personnes LGBTIQ varient considérablement d’un État membre à l’autre et que chaque groupe est confronté à des défis différents. Les personnes intersexuées, trans, non binaires et présentant une « variance de genre » sont davantage confrontées au harcèlement et à la violence. Elles sont plus susceptibles d’être confrontées à des problèmes de santé mentale et d’avoir des pensées suicidaires. Elles sont également plus susceptibles de se retrouver sans abri et d’avoir du mal à accéder aux soins médicaux. Il en va de même pour les personnes LGBTIQ avec un handicap, en difficulté financière ou appartenant à des groupes minoritaires ethniques, raciaux ou autres.

    Les résultats de l’enquête aideront la Commission européenne à évaluer sa stratégie en faveur de l’égalité de traitement à l’égard des personnes LGBTIQ et contribueront à faire progresser les politiques visant à protéger et à promouvoir les droits fondamentaux des personnes LGBTIQ. La FRA appelle les gouvernements à agir dans différents domaines :

    • Crimes de haine : appliquer une culture de tolérance zéro à l’égard de la violence et du harcèlement des personnes LGBTIQ. Investir dans la formation de la police pour veiller à ce qu’elle puisse reconnaître et enregistrer les crimes de haine à l’encontre des personnes LGBTIQ, et puisse enquêter correctement à leur sujet. Ainsi, les victimes se sentiront en sécurité lorsqu’elles signalent des agressions et seront traitées équitablement. Considérer les motifs discriminatoires comme des facteurs aggravants au cours des procédures pénales.
    • Discrimination : lutter contre la discrimination dans tous les domaines en adoptant la directive de l’UE relative à l’égalité de traitement et en transposant les directives sur les normes applicables aux organismes de promotion de l’égalité. Donner les moyens d’agir aux organismes pour l’égalité de traitement et leur fournir des ressources adéquates afin qu’ils puissent mieux soutenir les victimes.

    Les données de l'Autre cercle

    En 2024, selon le baromètre L’Autre Cercle - IFOP 2024, 28 % des personnes LGBT+ déclarent avoir été victimes d’au moins une agression LGBTphobe au travail. Six personnes sur dix sont, aujourd’hui, visibles au travail (progression de + 10 % par rapport à 2018), mais une personne LGBT+ sur deux (49 %) seulement est visible auprès de son-sa supérieur-e hiérarchique. « Alors que c’est vers eux-elles que les personnes doivent se manifester pour avoir accès à leurs droits au travail. On voit là l’effet délétère des violences que subissent les personnes LGBT+ : trois personnes LGBT+ sur quatre sont encore victimes d’agression aujourd’hui », expliquait (3 mai) un communiqué de la CGT à propos de la Journée IDAHOT. Le syndicat appelle d’ailleurs ses adhérents-es à y participer.

    Un contexte transphobe et discriminant sur le chemsex

    Dans son communiqué, à l’occasion du 17 mai, AIDES dénonce tout particulièrement la « banalisation actuelle des actes et propos stigmatisants et discriminants à l’encontre des personnes transgenres et des chemsexeurs ». Selon SOS homophobie, le nombre de témoignages de transphobie a ainsi augmenté de 35 % en 2022 par rapport à 2020 et de 27 % par rapport à 2021. Cette situation trouve en partie son origine dans les discours réactionnaires portés par des personnalités politiques ainsi que par des organisations et personnalités transphobes à qui certains médias offrent trop souvent une tribune, souligne l’association. « En parallèle, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) souffrent d’une stigmatisation liée à un traitement médiatique sensationnaliste et dangereux du chemsex. La parole s’axe sur le commentaire de faits-divers tragiques ; les questions de prévention et de réduction des risques s’en voient trop souvent évincées », explique l’association. Elle estime que ces « violences restreignent l’accès aux soins, aux traitements et à la prévention des personnes qui en sont victimes, alors qu’une personne LGBTQI+ sur deux affirme s'être déjà sentie discriminée lors d'un parcours de soins ». « Inacceptables en soi car ils brisent des vies, les propos et actes LGBTQIphobes nourrissent aussi les épidémies de VIH et des hépatites », pointe AIDES.

    40 ans de lutte pour l’accès à la santé et aux droits des personnes LGBTQIA+

    Dans son communiqué, l’association explique que la campagne : « Les propos LGBTQIphobes tuent, protégeons-nous ! » s’inscrit dans la lutte menée par AIDES pour les droits des personnes LGBTQI+ depuis sa création, en 1984. « Notre mobilisation, aux côtés d’autres associations, a notamment permis la création du PACS [pacte civil de solidarité, ndlr] en 1999 et l’adoption de la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe en 2013 », indique l’asso qui rappelle que : « Tous les jours, sur le terrain, les militants-es de AIDES agissent avec et auprès des personnes LGBTQI+ pour faire valoir l’accès à la santé et aux droits, via, entre autres : des groupes de paroles qui leur sont destinés, par exemple à Marseille, auprès du public migrant LGBTQI+ ; des maraudes dans les lieux communautaires, à l’image des bars du Marais à Paris ; des cyberactions sur les applications et sites de rencontre destinés aux HSH et aux personnes trans ».

    Concernant le chemsex, l’asso se mobilise également. Elle a ainsi participé à la première étude visant à documenter les pratiques de consommation de  drogues en contexte sexuel chez les HSH, l’enquête Slam en 2013 (voir encart N°2). Dix ans plus tard, en 2023, un lieu 100 % destiné à l’accompagnement des chemsexeurs, le Lounge (voir encart N°3), a également été inauguré à Toulouse. Sur le terrain, les militants-es de AIDES agissent avec et auprès des chemsexeurs, via, notamment des permanences d’accueil dédiées aux chemsexeurs, notamment dans le lieu de mobilisation de Lille ; des dispositifs d’information, d’écoute et de soutien via WhatsApp, Télégram et Facebook ; des temps d’échange en présentiel baptisés ChillOut Chemsex, dans l’un de nos lieux de mobilisation à Paris.

    Le prix international LGBTQIA+ revient le 17 mai 2024

    Le 17 mai 2024, se tiendra la 7ème édition des Prix internationaux LGBTQIA+ de Paris qui récompensent des acteurs-rices de la lutte pour les droits LGBTQIA+. Ces récompenses sont décernées par un jury qui comprend notamment : Jean-Luc Romero-Michel, Secrétaire général du Prix ; Asal Abasian (journaliste iranienne et féministe queer) ; Marie Cau, première femme transgenre élue maire en France) ; Halba Diouf (athlète transgenre de haut niveau) ; Sean Du (Secrétaire général de l’association Taïwan Tongzi LGBTQI+) ; Pepe Julian Onziema (membre de Sexual Minorities Ouganda), etc. Cet événement démarrera par une conférence à 15 heures : « Au-delà les frontières : luttes et parcours LGBTQIA+ dans les pays qui pénalisent et criminalisent l’identité de genre et l’orientation sexuelle ». Cette conférence sera modérée par Laura Thouny, journaliste et co-présidente de l’Association des Journalistes LGBTQIA+. Suivront des discours : Jean-Luc Romero-Michel, adjoint à la maire de Paris et secrétaire général du Prix ; Jean-Marc Berthon, ambassadeur pour les droits LGBTQIA+, etc. Suivis à 17 heures de la cérémonie de remise des prix décernés par la Maire de Paris, Anne Hidalgo.

    Par ailleurs, à cette même date, la mairie de Paris organise son « Bal de l’amour ». Un événement à destination de toutes les Parisiennes et de tous les Parisiens, communautés LGBTQIA+ et leurs alliés-es, mariés-es, familles, jeunes, seniors-es, souhaitant célébrer cette avancée sociétale majeure et collective qu’est le mariage pour tous-tes. Ce bal est gratuit et ouvert à toutes et tous. La programmation est assurée par les équipes de A la folie et Chez Olympe. « Rassembleuses et joyeuses, elles retraceront l’apport artistique et musical des minorités LGBTQIA+ des années 1960 à nos jours, avec comme fil conducteur l’égalité et l’amour », assure un communiqué officiel de la Ville. C’est vendredi 17 mai de 18 heures à minuit.

    "Une histoire trans : 60 ans de combats pour exister"

    Dans un contexte particulièrement transphobe en France ces derniers mois, la chaine Histoire TV propose de (re)donner la parole aux personnes concernées avec la diffusion du documentaire « Une histoire trans - 60 ans de combats pour exister », réalisé par Pascal Petit. Diffusé le vendredi 17/05 à 20h50 à l’occasion de la journée internationale contre les LGBTphobies, le documentaire revient sur 60 ans d’histoire des luttes pour les droits des personnes trans. Parmi les personnes qui ont accepté de participé à ce documentaire, plusieurs figures militantes comme Marie-Pierre Pruvot, plus connue sous le pseudonyme de « Bambi » (ancienne artiste de cabaret et professeure de français), Béatrice Denaes (Présidente de TRANS SANTÉ France), Giovanna Rincon (Directrice-fondatrice d’ACCEPTESS-T) ou Marie Cau (première femme trans élue maire).

    Pascal Petit donne également la parole à des chercheurs-ses et sociologues qui ont beaucoup travaille sur les questions trans comme Karine Espineira  (sociologue des médias), Emmanuel Beaubatie (sociologue, chargé de recherche au CNRS) ou encore Arnaud Alessandrin (sociologue). « Dans leurs témoignages éclairants autant qu’intimes et bouleversants, ces dernières et ces derniers évoquent tour à tour le rejet, les discriminations, la précarité, la pathologisation, mais aussi les victoires collectives et individuelles. À l’issue de ce documentaire, on ne peut que constater le chemin parcouru depuis les années 1960… mais aussi celui qu’il reste encore à arpenter pour atteindre l’égalité et éradiquer la transphobie » commente le journal Télérama qui a pu voir le documentaire avant sa sortie.

    Encart 1 : Le 17 mai, IDAHOT

    Créée en 2004 à l'initiative de l'universitaire et militant Louis-Georges Tin, la Journée internationale contre les LGBTphobies, connue sous le nom IDAHOT, se déroule chaque 17 mai, un peu partout dans le monde. La Journée internationale de lutte contre les LGBTQIphobies donnera le top départ à la saison des marches des fiertés qui se dérouleront de mai à juillet en France. Dans de nombreuses villes de France, les militants-es de AIDES défileront pour faire valoir l’accès à la santé et aux droits des personnes LGBTQI+.

    Derrière le mot d’ordre « Les propos LGBTPQIphobes tuent, protégeons-nous ! », l’association entend mettre « face à leurs responsabilités l’État, certains médias et les personnalités politiques auteurs-rices ou relais de déclarations LGBTQIphobes qui éloignent les publics visés du soin ». Les dernières données publiées par SOS homophobie révèlent une hausse inquiétante et intolérable des violences homophobes et transphobes en France. Une agression anti-LGBT a été signalée tous les deux jours en 2022, un chiffre en hausse de 28 % par rapport à 2021.

    Encart 2 : L’enquête Slam de 2013

    Le slam consiste en une (des) injection(s) intraveineuse(s) de produits de type psychostimulant (méphédrone et dérivés) faite dans un contexte sexuel par des hommes gays. Pour faire la part entre le fantasme et la réalité concernant cette pratique et ses risques sanitaires, AIDES, en partenariat avec Sidaction, l'Inserm-Cermes3 et l'Association des médecins gays (AMG), a décidé de lancer en 2012 une enquête qualitative (réalisation d’entretiens) auprès de slameurs et d’acteurs-rices du soin et de la prévention en contact avec cette population. Cette enquête permet d’identifier les besoins des personnes concernées, de mieux comprendre la pratique, et donner matière à réflexion sur le lien entre sexualité et consommation de produits psychoactifs.

    ➡️ Plus d’infos

    Encart 3 : Le LOUNGE à Toulouse

    AIDES a inauguré le « LOUNGE » à Toulouse en septembre 2023. Il s’agit d’un nouveau lieu proposant une offre communautaire et pluridisciplinaire de prévention, de réduction des risques et d’orientation vers le soin. Cette initiative, inédite à Toulouse, est destinée aux hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes qui consomment de la drogue ainsi qu’aux chemsexeurs. Dans un cadre conçu pour être chaleureux, non jugeant et bienveillant, les équipes de AIDES proposent au LOUNGE Toulouse un « accompagnement individuel et collectif ainsi qu’une offre globale de prévention et de réduction des risques, en santé sexuelle et psychologique, adressée aux hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes qui consomment de la drogue et aux chemsexeurs ».

    Au programme : des consultations gratuites en psycho, addicto, sexo et médecine générale ainsi que des groupes de parole chemsex entre pairs. Le lieu permet aussi d’accéder à des dépistages rapides du VIH et des hépatites, à des prescriptions Prep et des traitements IST ainsi qu’à la vaccination contre les hépatites et le papillomavirus (HPV).