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    L’Actu vue par Remaides : « De quoi meurt-on en France ? »

    • Actualité
    • 17.07.2025

     

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    Crédit photo : DR.

    Par Jean-François Laforgerie

    De quoi meurt-on en France ?

     

    La formule pourra parâtre brutale. Pourtant, elle est au cœur d’un étude qui décrit la mortalité par cause en 2023, en comparant son évolution depuis 2020 avec la prolongation des tendances des années 2015-2019. Les résultats ont paru dans un numéro spécial du BEH (Bulletin épidémiologique hebdomadaire). À partir des certificats de décès des personnes résidentes et décédées en France entre 2015 et 2023, les causes médicales de décès ont été codées selon la classification internationale des maladies de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Voici quelques infos clefs.
    En fin d’article, d’autres infos Santé et d’autres infos Social.

    Un point de méthode
    Cette étude s’appuie sur la statistique annuelle des causes médicales de décès produite par le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) à partir des volets médicaux des certificats de décès renseignés par les médecins constatant le décès. Elle documente les causes des décès des personnes résidentes et décédées en France enregistrés par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Les causes médicales de décès ont été codées selon la Classification internationale des maladies de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le champ de l’étude concerne les personnes résidentes en France (France hexagonale et dans les cinq départements et régions d’outre-mer – DROM) et décédées sur ce territoire en 2023.

    Mortalité toutes causes en 2023
    « En 2023, 637 082 décès de personnes domiciliées et décédées en France ont été enregistrés », indique le BEH. Le taux standardisé de mortalité est de 828,3 pour 100 000 habitants-es, en nette diminution par rapport à 2022, soit 59,3 décès de moins qu’en 2022 pour 100 000 habitants-es. La standardisation, en ramenant les populations féminine et masculine à une même distribution par âge, met en évidence la surmortalité masculine : le taux masculin (1 028,2) est 1,6 fois plus élevé que le taux féminin (628,5).
    Près de 46,1 % des décès concernent les personnes de 85 ans et plus (qui représentent 3,3 % de la population nationale) et 14,9 % surviennent avant 65 ans (79 % de la population nationale) : ces décès prématurés représentent 19,5 % des décès masculins contre seulement 10,4 % des décès féminins. Le taux de mortalité en 2023 diminue par rapport à 2022 dans toutes les classes d’âge, et en particulier chez les plus âgés-es : on compte 13 197,8 décès pour 100 000 habitants-es de 85 ans et plus en 2023, soit 1 167 de moins qu’en 2022. En 2023, l’âge moyen au décès est de 79,3 ans, pour 79,4 ans en 2022.

    La mortalité par cause en 2023
    La majorité des grandes causes de décès en 2023 est en diminution par rapport à 2022, à l’exception de la mortalité due à des maladies de l’appareil respiratoire et les maladies infectieuses et parasitaires, en légère hausse.
    En 2023, les tumeurs, première cause de décès, représentent 27 % des décès (171 870 décès, taux de 238,6/100 000 habitants-es versus 242,1/100 000 habitants-es en 2022, soit 3,5 décès de moins qu’en 2022 pour 100 000 habitants-es), dont 55,4 % d’hommes. Plus de la moitié des personnes décédées d’une tumeur avaient entre 65 et 84 ans.
    Les tumeurs les plus fréquentes sont les tumeurs malignes du poumon, des bronches et de la trachée qui représentent 18,1 % des décès par tumeur dont 65,7 % d’hommes. Elles comptent pour près d’un quart des décès par tumeur des moins de 65 ans.
    La deuxième tumeur la plus fréquente tous âges et tous sexes confondus est la tumeur maligne colorectale (9,9 %). Les tumeurs malignes du sein sont responsables de 12 994 décès quasiment tous féminins, soit 16,6 % des décès féminins par tumeur (taux de 29,9).
    Les maladies de l’appareil circulatoire, deuxième cause, ont entraîné 136 239 décès soit 21,4 % de l’ensemble (taux de 170,7) dont 47,1 % d’hommes. La mortalité pour ces causes est légèrement en baisse, avec 7,4 décès de moins qu’en 2022 pour 100 000 habitants-es. Ces pathologies sont les premières causes de décès chez les 85 ans et plus, responsables de 26,8 % des décès.

    Qu’en est-il pour le VIH et les hépatites virales ?
    Un tableau (page 220 du BEH) présente le nombre et les taux standardisés de mortalité pour 100 000 habitants-es par cause de décès en 2023, par classe d’âge et par sexe en France hexagonale et Drom. Une section concerne les « maladies infectieuses et parasitaires ». Dans cette catégorie, 6452 décès concernent des femmes, dont 109 du fait de la tuberculose, 94 d’hépatites virales et 65 des suites du sida ; les autres décès ont d’autres causes. Le chiffre est de 6 335 pour les hommes dont 164 pour les hépatites virales, 163 des suites du sida et 140 de la tuberculose.
    Si l’on regarde par tranches d’âge : 157 décès des suites du sida concernaient des personnes de moins de 65 ans, 66 des personnes de 65 à 84 ans et cinq celles qui avaient 85 ans et plus. Pour les hépatites virales, 93 décès concernaient personnes de moins de 65 ans, 117 de personnes de de 65 à 84 ans et 48 des personnes ayant 85 ans et plus. En 2023 : 228 personnes sont décédées des suites du sida et 258 d’une hépatite virale.

    Autres données
    Autre enseignement : la mortalité due aux accidents, notamment chutes et accidents de transports, a encore augmenté, tandis que le taux de suicide (13,6 pour 100 000 habitants-es) a baissé. D’un point de vue géographique, la mortalité est bien plus marquée dans les départements et régions d’Outre-mer et, dans une moindre mesure, dans le Nord et l’Est de l’Hexagone. La mortalité est aussi plus importante dans les territoires ruraux et plus faible dans les grandes agglomérations, notamment pour les maladies cardio-neurovasculaires et les causes externes. La mortalité est sensiblement plus faible en Île-de-France (-15 % par rapport à la moyenne nationale), souligne le BEH.
    Source : Fouillet A, Aubineau Y, Godet F, Costemalle V, Coudin É.
    Grandes causes de mortalité en France en 2023 et tendances récentes. Bull Épidemiol Hebd. 2025 ;(13) :218-43.

     

    En bref, d'autres infos Santé

    ONG de santé : des présidents-es réélus-es
    Le samedi 5 juillet 2025 s’est tenu le second tour des élections nationales pour le renouvellement du Conseil d’administration de AIDES pour la mandature 2025-2027. Les membres élus-es ont désigné Camille Spire, présidente de l’association pour un troisième mandat de deux ans. « La présidente et le Conseil d’administration détermineront ensemble durant les deux prochaines années les actions qui mettront en œuvre le projet associatif 2025-2030, avec l’engagement du réseau de AIDES qui compte près de 1 800 volontaires et salariés-es », explique un communiqué de presse. Par ailleurs, AIDES s’est doté d’un nouveau bureau de son Conseil d’administration (BCA). Il est composé de Camille Spire : présidente ; Emmanuel Bodoignet : vice-président ; Catherine Aumond : secrétaire générale ; Olivier Pertequin : trésorier ; Romaric Zeriouh : trésorier adjoint ; Ouro Adetchessy, Alexia Decouis et Fabrice Selly : membres.
    Troisième mandat également pour Gérard Raymond qui a été réélu, lors de l’Assemblée générale annuelle de France Assos Santé (FAS) (26 juin), à la tête de l’Union nationale des associations agréées d’usagers-ères du système de santé. « Ce troisième mandat prend place dans un contexte politique et socio-économique à la fois difficile et préoccupant (…) Entre l’instabilité politique héritée de la dissolution en juin 2024 de l’Assemblée nationale, les échéances électorales de 2026, puis de 2027, un budget 2026 d’ores et déjà placé sous l’impérieuse nécessité de faire des économies à tout prix – pour ne parler que du climat hexagonal – et, en interne, les divers chantiers du plan stratégique 2023-2026 à mener à leurs termes, les défis ne manquent pas », souligne FAS dans un communiqué. « Tout porte à croire que nous allons au-devant de deux années extrêmement difficiles. Quel que soit le choix politique qui sortira des urnes en 2027, il marquera un tournant, notamment pour ce qui est de nos valeurs de solidarité et du vivre ensemble », a commenté Gérard Raymond. Le président de France Assos Santé est entouré d’un bureau qui comprend notamment Claude Rambaud, qui retrouve son siège de vice-présidente secrétaire, et Jean-Paul Rochard, trésorier. Treize personnalités issues d’associations de patients-es, de familles, de retraités-es et de consommateurs-rices font partie des membres du nouveau Conseil d’administration, dont Catherine Simonin (La Ligue contre le cancer), Yvanie Caillé (Renaloo), Catherine Duroc (APF France Handicap), René Mazars (Association française des Polyarthrites) ou encore Thomas Sannié (France Assos Santé Île-de-France).

    Une version révisée du guide sur l’élimination des déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI)
    Le ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles a publié, en juillet, une nouvelle version du guide national sur les DASRI (déchets d’activités de soins à risques infectieux). Cette révision était très attendue par les professionnels-les. Elle vise à clarifier le cadre réglementaire en vigueur, renforcer la sécurité sanitaire et accompagner les acteurs-rices dans une gestion plus responsable et écologique des déchets de soins qu’ils produisent au cours de leur activité professionnelle, explique un communiqué ministériel.
    Ce guide s’adresse à l’ensemble des producteurs-rices de déchets d’activités de soins (DAS) y compris les producteurs-rices de DAS non professionnels-les de santé et/ou n’exerçant pas dans des structures de soins, tels que les tatoueurs-ses, les professionnels-les du piercing ou les thanatopracteurs-ses.
    Les déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI) représentent un enjeu de santé publique et de sécurité pour les professionnels-les de santé, les opérateurs-rices de tri et la population. Le précédent guide national, publié en 2009, ne reflétait plus suffisamment les évolutions du système de santé, des pratiques de soins (notamment ambulatoires) ni les impératifs environnementaux actuels. La version révisée apporte des repères concrets et partagés. Le guide n’introduit aucune nouvelle règlementation. Il rappelle le cadre réglementaire existant sans y apporter de modification. Le guide n’a pas de valeur réglementaire. Il constitue un outil d’aide à la compréhension et à la mise en œuvre de la réglementation existante. Il explicite notamment la définition du risque infectieux, précise comment mieux le caractériser pour les déchets d’activités de soins, en s’appuyant sur les recommandations formulées par le haut conseil de la Santé publique (HCSP), etc.
    Pour télécharger le nouveau Guide DASRI, c'est ici.

    En bref, d'autres infos Social

    Le taux de pauvreté atteint un niveau record en France
    Triste record. Du jamais vu depuis au moins trente ans : le taux de pauvreté a battu un record en 2023 en France hexagonale où les inégalités se creusent selon l’Insee (l’Institut national de la statistique et des études économiques). Des chiffres loin d’être « surprenants » pour les associations, qui exhortent l’État à passer aux actes, comme le pointe l’AFP. Entre 2022 et 2023, le taux de pauvreté a augmenté de 0,9 point, passant de 14,4 % à 15,4 %, précise l’Institut national de la statistique et des études économiques dans son étude annuelle parue le 7 juillet. Il s’agit du taux le plus élevé depuis le lancement de l’indicateur Insee en 1996.
    Concrètement, 9,8 millions de personnes se trouvaient en 2023 en situation de pauvreté monétaire, c’est-à-dire qu’elles disposaient de revenus mensuels inférieurs au seuil de pauvreté, fixé à 60 % du revenu médian, soit 1 288 euros pour une personne seule. En un an, 650 000 personnes ont basculé dans la pauvreté. « C’est un niveau inégalé depuis près de 30 ans », a commenté auprès de l’AFP Michel Duée, chef du département ressources et conditions de vie des ménages à l’Insee. « Si on veut remonter encore plus loin, il faut revenir au début des années 1970 pour avoir des niveaux de pauvreté à peu près comparables ».
    « Cette hausse s’explique par l’arrêt des aides exceptionnelles, notamment l’indemnité inflation et la prime exceptionnelle de rentrée, qui avaient été mises en place en 2022 pour soutenir le pouvoir d’achat », explique l’expert. « L’autre élément d’explication, c’est la hausse, parmi les non-salariés, de la part des micro-entrepreneurs dont les revenus sont faibles ». Les inégalités des niveaux de vie ont également « fortement » augmenté en 2023, conséquence de la baisse du niveau de vie des plus modestes concomitante à la hausse de celui des plus aisés-es. « Les inégalités atteignent des niveaux parmi les plus élevés depuis 30 ans », note Michel Duée. « Le niveau de vie des plus modestes a augmenté moins rapidement que l’inflation tandis que le niveau de vie des plus aisés a été dynamique, notamment grâce à la bonne situation sur le marché du travail et au rendement des produits financiers ».
    Le profil des personnes « pauvres » reste, quant à lui, globalement inchangé, avec une forte représentation des familles monoparentales ― dont le taux de pauvreté augmente de 2,9 points ― et des personnes au chômage, en hausse de 0,8 point.
    Autre enseignement de l’étude de l’Insee, une hausse de la pauvreté moins marquée chez les retraités-es (11,1 %, + 0,3 point contre + 0,9 point pour l’ensemble de la population), sous l’effet notamment de la revalorisation du minimum contribution prévue dans le cadre de la réforme des retraites. L’étude annuelle de l’Insee sur la pauvreté ne comprend pas les habitants-es des départements et territoires d’outre-mer, les « personnes sans abri » et les personnes vivant en institution. La dernière enquête menée sur la totalité de la population française avait estimé à 11,2 millions le nombre de personnes en situation de pauvreté en 2021.

    L’allongement de la rétention d’étrangers-ères jugés-es dangereux-ses en voie d’adoption au Parlement
    Le Parlement a définitivement adopté mercredi 9 juillet un texte allongeant jusqu’à 210 jours la durée de rétention de personnes étrangères en instance d’expulsion jugées dangereuses, une mesure chère au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau mais rejetée par la gauche et les associations de défense des droits des étrangers-ères, explique l’AFP. La proposition de loi a été adoptée par l’Assemblée nationale, le 8 juillet, avec 303 voix contre 168, grâce au soutien du socle commun, du Rassemblement national et du groupe centriste Liot. Le Sénat l’a adoptée le 9 juillet sans modification. Ce texte a été porté par la sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio. Cette proposition de loi a émergé après le meurtre de Philippine, étudiante retrouvée morte à Paris en 2024. Le meurtrier présumé était un étranger faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire (OQTF), qui venait de sortir d’un centre de rétention, après plusieurs années en prison, rappelle l’AFP. Pour défendre la mesure, le ministre de l’Intérieur a fait valoir que le droit européen permet une durée de rétention pouvant aller jusqu’à 18 mois. Il a, par ailleurs, rappelé l’ouverture prochaine de trois nouveaux centres de rétention administrative (CRA), pour passer de 1 950 à 2 400 places. À l’heure actuelle, la durée de rétention dans ces centres, où peuvent être enfermés-es des étrangers-ères en vue de leur expulsion afin de « prévenir un risque de soustraction », est de 90 jours maximum, sauf pour ceux et celles ayant été condamnés-es pour terrorisme : elle peut alors aller jusqu’à 210 jours, soit sept mois. Le texte prévoit d’étendre cette durée de 210 jours aux étrangers-ères dont le « comportement constitue une menace d’une particulière gravité pour l’ordre public », ainsi qu’à ceux et celles ayant été condamnés-es pour certains crimes ou délits graves (meurtre, viol, trafic de stupéfiants, vol aggravé avec violences...). Seraient également concernés-es les étrangers-ères condamnés-es à une interdiction du territoire (ITF), ou visés-es par une décision d’expulsion ou d’interdiction administrative du territoire. Plusieurs associations, dont France terre d’asile et la Cimade, ont alerté récemment contre un allongement qui pourrait s’appliquer à « nombre » de personnes retenues en CRA. La « menace d’une particulière gravité pour l’ordre public » est une notion « floue, laissant la porte ouverte aux interprétations arbitraires », se sont-elles inquiétées. Cette rétention prolongée, « dans le désœuvrement quotidien et parfois la violence, va accroître inutilement les souffrances et traumatismes des personnes enfermées », ont-elles ajouté, citées par l’AFP. La gauche a dénoncé une mesure inutile, arguant que l’allongement de la durée moyenne de rétention (33 jours en 2024, le double de 2020 selon un rapport d’associations) n’a pas permis d’augmenter le taux d’expulsion. En 2018, une loi avait déjà doublé la durée maximale de rétention de 45 à 90 jours. Le texte intègre, par ailleurs, des mesures, parfois réécrites, de la dernière loi immigration, retoquées au Conseil constitutionnel. Comme le placement en rétention de certains-es demandeurs-es d’asile « dont le comportement constitue une menace à l’ordre public ». Ou encore la possibilité de relever des empreintes digitales et faire des photos d’identité sous la contrainte, dans le but de faciliter l’identification des personnes étrangères.