L’Actu vue par Remaides : « Fonds mondial : la sénatrice écologiste Anne Souyris interpelle le gouvernement »
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Crédit : IAS, DR.
Par Jean-François Laforgerie
Fonds mondial : la sénatrice écologiste Anne Souyris
interpelle le gouvernement
Alors que la suspension du programme américain Pepfar plonge la lutte mondiale contre le VIH dans une crise sans précédent, la sénatrice écologiste Anne Souyris interpelle le gouvernement sur l’urgence de renforcer la contribution française au Fonds mondial. Dans une question écrite, elle dénonce la baisse de l’aide publique au développement et appelle la France à assumer sa « responsabilité historique » pour éviter un effondrement des programmes vitaux de prévention et de traitement du sida.
Le 23 octobre dernier, la sénatrice (Groupe Écologiste - Solidarité et Territoires ; GEST) de Paris, Anne Souyris, a adressé une question écrite au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères (dirigé par Jean-Noël Barrot) concernant le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Dans son texte, la sénatrice attire l’attention du ministre « sur les conséquences dramatiques des réductions des financements internationaux étasuniens destinés à la lutte « contre le VIH et tout particulièrement sur « l'avenir du Fonds mondial », dont la huitième reconstitution se déroulera fin novembre.
« Depuis le début de l'année 2025, la suspension totale du programme américain Pepfar (President's Emergency Plan for AIDS Relief), qui représentait à lui seul près de 58 % du financement mondial de la lutte contre le VIH/sida, a d'ores et déjà causé, selon l'Onusida, des dizaines de milliers de décès et menace d'engendrer des millions de nouvelles infections dans les années à venir. En effet, selon leurs estimations, si le Pepfar était définitivement interrompu, l'Onusida estime « qu'il y aurait environ 6,3 millions de décès supplémentaires liés au sida, 3,4 millions d'orphelins du sida, 350 000 nouvelles infections au VIH chez les enfants et 8,7 millions de nouvelles infections chez les adultes d'ici 2029, ce qui rendrait impossible l'élimination du sida en tant que menace pour la santé publique d'ici 2030. », développe la sénatrice.
L’élue écologiste, très engagée et de longue date dans la lutte contre le sida, indique qu’une « récente étude publiée dans la revue The Lancet révèle que la suspension de l'USAID, l'aide internationale au développement américaine, pourrait provoquer plus de 14 millions de morts supplémentaires d'ici 2030, dont 4,5 millions d'enfants de moins de cinq ans, ainsi que 700 000 décès infantiles par an. »
Dans ce « contexte d'effondrement inédit de l'aide internationale », elle souligne que la « contribution française au Fonds mondial ― Fonds qui finance environ 28 % de l'aide internationale contre le VIH/sida ―, prend une importance encore plus déterminante. » L’élue considère que la France, deuxième donateur historique du Fonds mondial, détient une « responsabilité particulière, pour éviter l'aggravation de l'épidémie et garantir l'accès aux traitements et à la prévention, notamment dans les pays les plus vulnérables, et éviter un effondrement des programmes essentiels de dépistage, de prévention et de traitement, anticipant une possible résurgence épidémique. » Anne Souyris note que le budget du gouvernement « acte une baisse de 37 % de l'aide publique au développement et la fin de l'affectation obligatoire des recettes des taxes innovantes à la solidarité internationale, créant une incertitude majeure quant à la capacité de la France à répondre à cet enjeu historique ».
La sénatrice a donc interpellé le gouvernement pour savoir quelles mesures ce dernier entend prendre pour « compenser la baisse brutale du financement américain, garantir la continuité des programmes essentiels financés par le Fonds mondial et maintenir une riposte sanitaire ambitieuse, conformément aux objectifs internationaux de lutte contre le VIH/sida ». De plus, Anne Souyris demande quelles dispositions sont envisagées pour « réinstaurer une affectation pérenne et lisible des recettes des taxes sur les transactions financières et les billets d'avion à la solidarité internationale, notamment au financement du Fonds mondial. »
Cette question écrite a été publiée dans le Journal Officiel du Sénat du 23/10/2025 - page 5320. La question est en attente de réponse du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, ce qui peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
Fonds mondial : GSK et ViiV Healthcare s'engagent financièrement pour le "développement de solutions de santé communautaire"
Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a salué dans un communiqué du 20 octobre un nouvel investissement de six millions de livres réalisé par les firmes pharmaceutiques GSK et ViiV Healthcare, spécialiste mondial du VIH majoritairement détenu par GSK et comptant les labos pharmaceutiques Pfizer et Shionogi parmi ses actionnaires. Cette somme sera consacrée au « renforcement des ripostes communautaires au VIH, à la tuberculose et au paludisme dans les pays à faible revenu. Un financement de contrepartie de la Fondation Gates portera l’investissement total pour le Fonds mondial à 12 millions de livres. » « Notre conviction est qu’un impact durable sur la santé naît de l’autonomisation des communautés et des organisations locales qui les connaissent le mieux. En apportant notre soutien à des programmes menés par les pays et organisés et dirigés par les communautés, nous participons à l’établissement de systèmes de santé plus robustes et plus résilients là où ils sont le plus nécessaires. », a commenté Deborah Waterhouse, présidente-directrice générale de ViiV Healthcare et présidente de la division Santé mondiale de GSK.
La huitième reconstitution des ressources du Fonds mondial, qui financera les programmes du cycle de subvention 2027-2029, est sous le leadership conjoint de l’Afrique du Sud et du Royaume-Uni. En date du 24 octobre, soit à peine cinq semaines avant le Sommet, le Fonds mondial avait déjà levé plus de trois milliards de dollars, dont plus d’un milliard auprès de donateurs-rices du secteur privé. L’objectif global est de 18 milliards de dollars.
L'OMS face à des coupes budgétaires massives
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dit mercredi 22 octobre confrontée à des « coupes budgétaires drastiques » pour les urgences humanitaires en 2025, avec des perspectives « sombres » pour 2026. Sous la présidence de Donald Trump, les États-Unis, traditionnel premier donateur mondial, ont fortement réduit leur aide internationale et d'autres grands donateurs ont resserré leurs budgets. Teresa Zakaria, responsable des actions humanitaires et des interventions en cas de catastrophe à l'OMS, a déclaré que l'agence sanitaire des Nations unies avait reçu 40 % de financement en moins pour les urgences humanitaires dans le monde en 2025 comparativement à 2024. « C'est énorme », a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse, citée par l’agence Belga. Pourtant l’OMS a identifié plus de 300 millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire et « a dû faire un choix très difficile pour déterminer qui prioriser et qui ne pas prioriser », a-t-elle expliqué. Conséquence concrète de ces réductions, plus de 5 600 établissements de santé ont dû réduire leurs services à travers le monde et plus de 2 000 ont dû suspendre leurs activités. « Cela a directement réduit l'accès aux services de santé pour 53 millions de personnes » à travers le monde, selon Teresa Zakaria. Et « les perspectives pour 2026 sont vraiment sombres ». Dans des pays comme la République démocratique du Congo, le Soudan ou Haïti, « nous constatons déjà une augmentation du taux de mortalité maternelle et du taux de malnutrition, et la situation ne fait qu'empirer », a détaillé la responsable de l'OMS. Le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, s'est dit particulièrement inquiet des conséquences pour les pays les plus pauvres.