L'Actu vue par Remaides : La Sécurité sociale américaine coupe l’allocation d’invalidité à un militant séropositif et lui réclame 200 000 dollars
- Actualité
- 25.04.2025
Crédit image : Paul Aguilar/Poz
Par Jean-François Laforgerie et Fred Lebreton
La Sécurité sociale américaine coupe l'allocation d'invalidité d'un militant séropositif et lui réclame 200 000 dollars!
À San Francisco, Paul Aguilar, activiste emblématique de la lutte contre le VIH et séropositif depuis près de quarante ans, se retrouve privé de ses prestations d’invalidité rapporte le site américain Poz. L’administration américaine lui réclame un remboursement de 200 000 dollars, menaçant son accès à des traitements vitaux. Une situation révoltante qui illustre les dérives bureaucratiques et les conséquences dramatiques des coupes budgétaires fédérales sur les personnes vivant avec le VIH depuis l’élection de Donald Trump.
Un couperet administratif aux conséquences vitales
Militant infatigable et figure respectée de la lutte contre le VIH, Paul Aguilar, 61 ans, a appris récemment avec stupéfaction que la Social Security Administration (l’équivalent américain de notre Sécurité sociale) avait suspendu ses allocations d’invalidité, tout en lui exigeant le remboursement de 200 000 dollars perçus entre 2014 et 2025 — une somme à régler sous 30 jours. Diagnostiqué séropositif en 1988, il vit depuis avec un traitement antirétroviral et un statut de handicap reconnu. « Le fait qu’ils aient coupé mon accès aux soins me fait encore plus peur que tout le reste », confie-t-il à ABC7 News. « Si je ne peux plus accéder à mes soins médicaux, cela signifie que je ne peux plus obtenir mes médicaments, ce qui veut dire que mon VIH pourrait devenir incontrôlable, et je pourrais être mort dans un an ou deux. » Son médecin, la Dre Monica Gandhi, directrice de la clinique Ward 86 au San Francisco General Hospital a soutenu publiquement son patient sur X : « La Sécurité sociale veut que mon ami (je suis aussi son médecin) rembourse 200 000 dollars ? C’est un militant de la lutte contre le sida, et il est génial ! C’est une erreur. » La situation semble provenir d’une mauvaise interprétation de son retour partiel à l’emploi en 2022, qu’il avait entrepris dans le cadre du programme californien des travailleurs-ses en situation de handicap, tout en continuant à déclarer scrupuleusement ses revenus. D’après le Bay Area Reporter, toute personne percevant plus de 1 550 dollars par mois peut voir ses prestations d’invalidité menacées. Or, Paul Aguilar aurait touché en moyenne 2 200 dollars mensuels l’année dernière. Une somme qui ne lui permet pourtant pas de vivre décemment à San Francisco, où son loyer à Marty’s Place — un logement coopératif pour personnes vivant avec le VIH — s’élève à 1 200 dollars sans subvention. « Je suis un homme de presque 62 ans, vivant avec un revenu fixe dans la ville la plus chère des États-Unis, et ils me coupent mes ressources. C’est terrifiant », alerte-t-il. Il a depuis engagé un avocat, contacté des élus-es et déposé une demande de dérogation. Il soupçonne que ses ennuis soient liés aux réformes mises en place par le « Department of Government Efficiency » (DOGE), un organe voulu par Elon Musk et accusé de tailler dans les services publics, notamment ceux destinés aux populations les plus précaires.
Une vie dédiée à la lutte contre le VIH
Paul Aguilar n’est pas un inconnu dans le paysage militant américain. Diagnostiqué à 25 ans, en pleine crise de l’épidémie de sida, il a très vite mis son énergie au service des autres. D’origine mexicaine, il a longtemps été bénévole au Shanti Project, un programme d’accompagnement des personnes vivant avec le VIH. Il siège aujourd’hui au conseil d’administration de Marty’s Place, seule coopérative de logement autogérée aux États-Unis destinée aux personnes vivant avec le VIH, et préside le HIV Caucus du Harvey Milk LGBTQ Democratic Club. En 2023, il a été nommé Grand Maréchal Honoraire de la Marche des Fiertés de San Francisco, une reconnaissance pour l’ensemble de son engagement. Il figurait également dans le classement annuel POZ 100 en 2022, qui mettait à l’honneur les militants-es VIH issus-es des communautés latines. Infatigable défenseur de la recherche, il a récemment participé à une étude de l’université de San Francisco sur les traitements injectables de longue durée d’action comme alternative aux prises quotidiennes de comprimés. Écrivain, vidéaste et artiste, Paul Aguilar incarne cette génération de militants-es qui ont survécu à l’épidémie de sida des années 80 et 90, tout en continuant à se battre pour les droits des autres. Aujourd’hui, c’est lui qui doit se battre pour conserver ses droits les plus élémentaires, face à une machine administrative sourde et brutale. « Compte tenu de mon handicap, je ne pourrais tout simplement pas faire un travail de 40 heures par semaine — c’est impossible. Je n’en ai pas la capacité physique », affirme le militant.
En bref, d'autres infos Santé
FAS : une enquête sur l'expérience des usagers-ères de Mon Espace Santé
France Assos Santé (FAS) mène des travaux continus avec la Délégation ministérielle du Numérique en santé et l'Assurance maladie autour de Mon Espace Santé. Dans ce cadre, FAS propose de faire remonter l'expérience des usagers-ères du dispositif. FAS est très mobilisé sur le fait de « rendre plus utile les documents contenus dans Mon Espace Santé ! Autant pour le-la patient-e que pour les professionnels-les de santé ». À cette fin, la dénomination des documents est importante, pour retrouver facilement les informations pertinentes. Aujourd'hui ce sont près de 400 millions de documents qui sont envoyés par an aux usagers-ères, explique France Assos Santé. Le collectif ouvre jusqu’au 15 mai une enquête auprès des personnes utilisatrices de Mon Espace Santé.
Tout est expliqué dans le détail.
Suicides de soignants-es à l’hôpital : plusieurs ministres visés-es par une plainte en France
Grosse colère. Une plainte a été déposée pour harcèlement moral et homicide volontaire contre les ministres de la Santé Catherine Vautrin et Yannick Neuder et la ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur Elisabeth Borne pour dénoncer des suicides de soignants-es de l’hôpital public dans un contexte de dégradation des conditions de travail, a annoncé lundi 14 avril l’avocate des plaignants-es. Cette plainte a été déposée auprès de la Cour de justice de la République (CJR) par 19 personnes ― des soignants-es et des veufs ou veuves de personnels soignants. Elle vise également les infractions de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner et mise en danger de la personne, selon le document consulté par l’AFP et révélé par France Inter et Le Monde. « L’hôpital connaît une crise majeure depuis de nombreuses années qui semble s’être aggravée depuis environ 2012-2013, par l’application continue de politiques publiques néolibérales qui, malgré de nombreux signaux d’alerte particulièrement inquiétants, dont des suicides, n’ont pas été corrigées, bien au contraire », est-il écrit en préambule de la plainte. La dégradation des conditions de travail s’est accélérée depuis la crise sanitaire de la Covid-19 à partir du printemps 2020, note l’avocate des plaignants-es, Me Christelle Mazza, qui demande l’application de la jurisprudence France Télécom. Deux anciens dirigeants du groupe (devenu Orange en 2013) ont été condamnés pour harcèlement moral institutionnel en septembre 2022 par la cour d’appel de Paris. « La jurisprudence France Télécom doit s’imposer aux ministres comme à n’importe quel chef d’entreprise au nom du principe d’égalité devant la loi, en particulier quand il y a de telles atteintes à l’intégrité de la personne », a réagi l’avocate auprès de l’AFP. La CJR est la seule juridiction habilitée à poursuivre et juger les membres du gouvernement pour des infractions commises dans l’exercice de leurs fonctions.
Grippe : une saison particulièrement rude, selon SpF
Dans l’hexagone, l’épidémie a duré trois mois, de début décembre à fin février. L'hiver 2024/2025 a été marqué par une épidémie de grippe particulièrement sévère en matière de décès et d’hospitalisations, a indiqué (16 avril) Santé publique France. « Au total, l'épidémie de grippe 2024-25 a été marquée par une relative précocité, une durée plus longue que la moyenne et une sévérité importante, dans toutes les classes d'âge mais particulièrement chez les moins de cinq ans et les plus de 65 ans », rapporte le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire sur les épidémies de la saison.Bas du formulaire Il est encore trop tôt pour donner un bilan précis en matière de mortalité : près de 5 000 décès ont été certifiés électroniquement comme liés à la grippe, mais cet indicateur ne donne qu'une idée partielle de la réalité, explique l’AFP. Les hospitalisations, elles, ont presque atteint le chiffre de 30 000, majoritairement des personnes de plus de 60 ans mais également une part particulièrement élevée d'enfants par rapport aux autres années. « Plusieurs facteurs ont sans doute contribué à ce fort impact de la grippe sur la population française cette année », dont la circulation simultanée de trois souches virales, avance l'agence de santé publique. Elle cite aussi « la couverture vaccinale insuffisante, l'efficacité du vaccin faible à modérée chez les personnes âgées de 65 ans ou plus, ou encore la forte circulation de la grippe chez les enfants en âge d'être scolarisés au moment des fêtes de fin d'année ». Par ricochet, la sévérité de l'épidémie de grippe a été citée comme facteur facilitant le niveau particulièrement élevé de cas pour d'autres maladies, dont notamment les infections à méningocoques.