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    L'Actu vue par Remaides : Une cinquantaine de cas de Mpox en France début 2024

    • Actualité
    • 11.07.2024

     

    MPOX

    © DR

    Par Fred Lebreton et Jean-François Laforgerie

    Une cinquantaine de cas de Mpox en France début 2024

    Nous avons enfin de nouvelles données sur le Mpox (l’épidémie avait été pénible l’été dernier). Le Mpox (anciennement appelé variole du singe puis Monkeypox continue de circuler en France, à raison de 53 cas de janvier à fin avril 2024, indique un récent bilan épidémiologique de Santé publique France (SpF). Espoir : celui d’un nouveau traitement contre le gonocoque en 2025.  La rédaction de Remaides fait le point sur l’actu sur les IST.

    Tendance. Le Mpox (anciennement appelé variole du singe puis Monkeypox continue de circuler en France, à raison de 53 cas de janvier à fin avril 2024, indique un récent bilan épidémiologique de Santé publique France (SpF) ; trois cas n’ont pas été confirmés biologiquement. Dans le détail, SpF explique que « le nombre de cas de Mpox signalés tous les mois en France depuis le début de l’année 2024 a nettement diminué par rapport au nombre de cas signalés en 2022, cependant le virus continue à circuler à bas bruit. Le nombre de cas avait déjà augmenté de façon modérée en décembre 2023 (sept cas déclarés) et cette augmentation s’est poursuivie avec un nombre mensuel de cas rapportés variant entre 12 et 14 entre janvier et avril 2024 » : 14 cas au mois de janvier, 13 en février, 12 en mars et 14 en avril.
    Tous les cas concernaient des personnes majeures âgées entre 18 et 65 ans (médiane d’âge de 36 ans), et un seul concernait une femme. Plus d’un tiers des cas (36 %) résidaient en région Île-de-France (dont onze cas à Paris), douze en Auvergne-Rhône-Alpes (dont onze dans le Rhône), huit en Nouvelle Aquitaine (dont six en Gironde). Les quatorze autres cas étaient domiciliés en Occitanie (cinq), en PACA (quatre), dans les Hauts-de-France (deux), en Bourgogne-Franche-Comté (deux) et en Normandie (un). Pour la majorité des cas signalés (70 %), un contact avec un cas humain de Mpox n’était pas connu, explique SpF. Il était néanmoins précisé pour 17 d’entre eux l’existence d’un « partenaire sexuel ». Quatorze cas (26 %) ont rapporté un contact avec un cas de Mpox, qu’il s’agisse d’un cas confirmé (six cas) ou d’un cas non confirmé (huit cas). Lorsqu’un contact avec un cas avait été déclaré, il s’agissait de partenaires sexuels pour sept cas et d’une personne du cercle amical pour les quatre autres (information inconnue dans trois cas). L’information n’était pas renseignée pour deux cas.
    Parmi les 36 cas renseignés, un voyage dans un pays étranger au cours des trois semaines précédant la survenue des symptômes, était signalé par onze d’entre eux (31 %). Hormis trois cas ayant séjourné aux Pays-Bas et ayant été en contact avec un cas de confirmé de Mpox, les huit autres avaient tous séjourné dans des pays tous différents : Côte d'Ivoire, Brésil, Hongrie, République Tchèque, Algérie, Espagne, Sri Lanka, USA. Le Centre national de référence (CNR) des orthopoxvirus a pu confirmer pour le cas ayant voyagé en Côte d’Ivoire qu’il s’agissait d’un virus monkeypox de clade II. Qu’en est-il de la sévérité des cas ?
    Un cas a été hospitalisé (information non disponible pour trois cas), en raison d’une surinfection bactérienne des lésions cutanées, explique SpF. Aucun décès n’a été signalé. Quels étaient les antécédents de vaccination ? SpF explique que dans le « contexte de l’épidémie survenue au cours de l’année 2022, une vaccination antivariolique avait été administrée à quinze cas, soit 31 % des cas renseignés (information non disponible pour quatre cas, dont un vacciné avant 1984). Parmi ces quinze cas :
    - sept avaient été vaccinés en pré-exposition (quatre vaccinés en 2022, deux en 2023 et un dont la date de vaccination est inconnue) et un en post-exposition en septembre 2022 (information indisponible pour les sept autres) ;
    - neuf avaient reçu deux doses, soit un schéma vaccinal complet, un avait reçu une dose (ayant été vacciné avant 1984), et le nombre de doses n’était pas disponible pour les cinq derniers ;
    - un avait été vacciné avant 1984, cinq ne l'avaient pas été, tandis que l’information n’était pas disponible pour les neuf autres. Par ailleurs, cinq cas avaient été vaccinés avant 1984, soit 15 % des cas renseignés (information non disponible pour dix-sept cas).
    Le Centre national de référence des orthopoxvirus a reçu 47 prélèvements issus de cas positifs entre janvier et avril 2024. La détermination du clade a été réalisée pour l’ensemble de ces cas et a mis en évidence uniquement des virus monkeypox de clade II.
    Que se passe-t-il ailleurs qu’en France ? À la date du 5 avril 2024 et depuis les trois derniers mois, 477 cas de Mpox ont été déclarés par vingt pays autres que la France. Les principaux pays concernés étaient l’Espagne (208 cas), l’Italie (53 cas), le Royaume-Uni (33 cas), le Portugal (31 cas) et l’Allemagne (30 cas). La République démocratique du Congo (RDC), où la maladie est endémique, connaît depuis 2023 une augmentation du nombre de cas suspects et de décès signalés (14 659 cas suspects et 688 décès en 2023, soit deux fois plus de cas suspects qu’en 2020, année où le nombre de cas rapportés avait été le plus important). Cette augmentation se poursuit en 2024 avec 4 850 cas suspects déclarés entre janvier et mars 2024.Il y est noté une expansion géographique récente, notamment en zone urbaine. Historiquement, le pays n'a signalé que des cas du clade I du virus monkeypox et, jusqu'à présent, aucun cas confirmé du clade IIb, qui domine dans l'épidémie mondiale actuelle, n'a été détecté en RDC, explique Santé publique France. En avril 2023, la transmission par contact sexuel du clade I a été documentée pour la première fois dans le pays, et des cas de transmission par contact sexuel continuent d'être signalés. Pour mémoire, l’ECDC a publié le 5 décembre 2023 un « Threat assessment brief » concernant les implications pour l’Europe de l’épidémie à virus monkeypox de clade I en RDC et concluait à un risque global (combinant le risque d’infection et l’impact en cas d’infection) faible pour la population générale, ainsi que pour les HSH (du fait de l’immunité acquise par une infection antérieure par un virus monkeypox de clade II ou par la vaccination en 2022-2023). Reste qu’une introduction sporadique de la Mpox (clade I du virus) en Europe ne peut être exclue, explique l’agence sanitaire française.

    Mpox : 20 nouveaux cas, dont trois décès, en Afrique du Sud

    Dans un communiqué publié le 9 juillet, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) alerte sur la résurgence de cas de Mpox (Monkeypox ou variole du singe) en Afrique du Sud. Le règlement sanitaire international (RSI) de la République d'Afrique du Sud a notifié à l'OMS 20 cas confirmés de Mpox entre le 8 mai et le 2 juillet 2024, dont trois ayant occasionné des décès (taux de létalité de 15 %). Ces cas ont été signalés dans trois des neuf provinces du pays : Gauteng (dix cas ; un décès), Cap-Occidental (un cas) et KwaZulu-Natal (neuf cas ; deux décès). Ce sont les premiers cas de Mpox signalés en Afrique du Sud depuis l’épidémie de 2022, année où le pays avait rapporté cinq cas, aucun d'entre eux n'étant grave, pas de décès. Les personnes touchées dans cette nouvelle vague sont des hommes âgés de 17 à 43 ans et, parmi les 16 premiers cas, onze se sont identifiés comme des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). Au moins 15 d’entre eux vivent avec le VIH avec une infection non contrôlée ou récemment diagnostiquée. La transmission s’est faite par voie sexuelle. Dix-huit des patients ont nécessité une hospitalisation. Plusieurs mesures de réponse ont été mises en place par les autorités sanitaires nationales, avec le soutien de l'OMS. L'apparition soudaine de ces cas, dont aucun n'a signalé d'antécédents de voyage à l’international, la très forte prévalence du VIH parmi les cas confirmés et le taux de létalité élevé suggèrent que les cas confirmés ne représentent qu'une petite proportion de tous les cas qui ont pu se produire, et que la transmission communautaire est en cours. Le risque pour la santé publique pour la population générale reste faible dans le pays. Le risque pour les hommes gays et bisexuels, les personnes trans et les travailleurs-ses du sexe est modéré. Il y a un potentiel d'impact accru sur la santé si la propagation parmi ces groupes vulnérables et d'autres groupes vulnérables en Afrique du Sud et dans les pays voisins continue, a commenté l’OMS. Cet événement souligne que l'épidémie mondiale de Mpox clade IIb est toujours en cours, et que le risque de propagation transfrontalière et internationale persiste dans toutes les régions de l'OMS.

    Gonocoque : un nouveau traitement en 2025?

    Un nouvel antibiotique de première classe, la zoliflodacine, est efficace dans le traitement de la gonorrhée non compliquée. Il montre également une activité contre les formes résistantes de l'infection, selon les résultats d'un essai clinique de phase 3 rapporte le site d’info médicale Medscape. Cette molécule en prise orale unique est la première représentante d’une nouvelle classe médicamenteuse (face aux résistances aux antibiotiques). La sécurité de la zoliflodacine était comparable à celle du traitement standard à base de ceftriaxone plus azithromycine. Dans l’essai, 930 personnes atteintes de gonorrhée non compliquée ont reçu soit une dose unique orale de 3 g de zoliflodacine, soit le traitement standard mondial — 500 mg de ceftriaxone intramusculaire plus 1 g d'azithromycine orale. Près de 90 % des participants étaient des hommes, environ la moitié d’entre eux étaient noirs, et 21 % vivaient avec le VIH. L'essai avait une portée mondiale avec des sites d'essai en Belgique, aux Pays-Bas, en Afrique du Sud, en Thaïlande et aux États-Unis. La grande majorité des participants-es venaient de régions où la gonorrhée représente une menace importante et où de nouveaux traitements sont nécessaires, notamment en Afrique et en Asie. Les résultats ont montré un bon taux d’efficacité de la zoliflodacine avec un taux de guérison microbiologique de 90,9 %, légèrement inférieur à celui de la ceftriaxone et de l'azithromycine, qui était de 96,2 %. Les taux de guérison microbiologique aux sites extragénitaux (gorge, anus) étaient comparables entre les deux groupes.
    Les effets indésirables étaient comparables entre la zoliflodacine et les groupes de traitement standard, avec des maux de tête légèrement plus fréquents avec la zoliflodacine (9,9 % contre 4,5 %). Les participants-es ayant reçu la zoliflodacine ont rapporté moins de nausées et de diarrhées que ceux prenant le traitement standard (2,4 % contre 7,1 %). Dans les deux groupes de l'étude, il y avait un taux élevé de résistance à la ciprofloxacine et à la tétracycline, autour de 75 % à 80 %, tandis que la résistance à l'azithromycine était d'environ 5 % dans les deux groupes. Aucune résistance à la zoliflodacine n'a été détectée dans l'essai. « Comme il s'agit d'un nouveau médicament, il n'y a pas de résistance car il a un nouveau mécanisme d'action. Mais nous constatons qu'il est efficace contre les infections gonococciques résistantes à d'autres médicaments existants, et s'il est utilisé uniquement pour la gonorrhée et non pour d'autres maladies infectieuses, cela devrait prolonger son efficacité » ont déclaré les chercheurs-ses.
    Il s'agit du premier antibiotique développé spécifiquement pour le traitement des infections à gonocoques. La plupart des antibiotiques utilisés actuellement ont été développés pour d'autres indications et se sont avérés efficaces contre les infections à gonocoques. Avantage de ce traitement : un seul comprimé à prendre par voie orale. Actuellement, la ceftriaxone est une injection intramusculaire, et beaucoup de personnes ont peur des aiguilles. Innoviva Specialty Therapeutics prévoit de déposer une demande d'enregistrement de la zoliflodacine auprès de la Food and Drug Administration des États-Unis au début de 2025. L’Europe suivra peu après.

    L'ECDC appelle à la vigilance face à la hausse des IST

    En raison de l'augmentation « préoccupante » de la transmission des infections sexuellement transmissibles (IST) à travers l'Europe, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) incite chacun-e à s'informer et à pratiquer des rapports sexuels plus sûrs. En particulier, les personnes qui ont prévu de voyager ou participer à des festivals, cet été.
    Cet avertissement survient alors que les données de l'ECDC, publiées en mars 2024, révèlent des « tendances préoccupantes » dans la transmission d'infections telles que les chlamydiae, la gonorrhée et la syphilis, dont les cas signalés ont, tous, augmenté. « Alors que les voyages d'été et la saison des festivals [ou encore les JOP à Paris, cet été, ndlr] rassemblent des personnes de toute l'Europe, il est essentiel d'être conscient de la propagation des IST, de savoir où se faire tester régulièrement et comment obtenir des informations fiables auprès des professionnels de la santé », souligne l’ECDC. Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies insiste sur « l'importance des pratiques sexuelles plus sûres, notamment l'utilisation systématique de préservatifs pour les rapports vaginaux, anaux et oraux » et rappelle qu’il « est recommandé de se faire tester pour les IST avant d'avoir des relations sexuelles sans préservatif avec de nouveaux partenaires, car de nombreuses infections peuvent être asymptomatiques ». Outre les chlamydiae, la gonorrhée et la syphilis, d'autres infections peuvent se propager par contact étroit et activité sexuelle. Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) sont très exposés au risque de contracter le Mpox (Monkeypox ou variole du singe), qui est principalement transmis par contact peau à peau, y compris lors des rapports sexuels. Le Mpox peut aussi être transmis à d'autres personnes avant même l'apparition des symptômes.
    L'ECDC rapporte également que certaines infections causant des diarrhées sévères, telles que la shigellose et l'hépatite A, se propagent également parmi les HSH. Pour prévenir cela, il est recommandé « d'utiliser des gants jetables pour le doigté ou le fisting, des digues dentaires pendant le sexe oral-anal, ainsi que de changer de préservatif entre le sexe anal et oral. Il est conseillé de ne pas partager les jouets sexuels et de s'assurer qu'ils sont correctement nettoyés et désinfectés après utilisation, et entre les partenaires. Il est également important de se laver les mains, les parties génitales et les zones anales avant et après les rapports sexuels. En cas de diarrhée, il est important d'éviter toute activité sexuelle et de consulter un professionnel de la santé ». Enfin, l’ECDC recommande aux personnes qui ont une sexualité active de consulter un-e professionnel-le de santé avant leur départ en vacances afin de mettre en place des mesures de réduction des risques telles que la vaccination (contre l'hépatite A, l'hépatite B, le HPV et le Mpox) ou la mise sous Prep.