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    Commission des stupéfiants de l’ONU : AIDES au coeur des négociations

    • Actualité

    Chaque année, un demi-million de personnes consommatrices de drogues décèdent par overdoses ou des conséquences du sida, d’une hépatite ou de la tuberculose dans le monde. Cette population-clé est la seule parmi laquelle les contaminations à VIH augmentent ces dernières années (+33 % en cinq ans) : elle représente désormais 8 % des contaminations sur la planète.

    Ce sont les conséquences directes d’un faible accès aux outils de réduction des risques (information, seringues stériles à usage unique, roule-ta-paille, naloxone – un médicament qui bloque les effets des opioïdes, particulièrement en cas de surdose –, etc.) et aux traitements de substitution.

    Pourquoi ces outils sont-ils encore si peu accessibles ? Par manque de financements, mais aussi par volonté politique de ne pas « encourager la consommation ». Rien ne doit se mettre sur le chemin de la « guerre à la drogue » déclarée il y a 50 ans.

    L’échec de la « guerre à la drogue »

    Cette guerre est un échec. En matière de santé, mais aussi au regard des objectifs fixés : en 2009, les états de la planète s’étaient fixés comme objectif « d’éradiquer le marché mondial des drogues d’ici 2019 ». Force est de constater que nous en sommes loin.

    D’une part, la demande n’a pas diminuée ces dix dernières années, au contraire : +17 % pour le cannabis, +33 % pour l'ecstasy/MDMA, +16 % pour les opioïdes (275 millions de consommateurs de drogue dans le monde en 2016).

    D’autre part, les politiques agressives sur l’offre (destruction des cultures, emprisonnements, exécutions) n’ont pas d’effets notables : +125 % pour la production d'opium en 10 ans, +30 % pour la coca. Cette offre, non régulée, profite directement au crime organisé qui en tire 25% de ses revenus. Le marché mondial des produits stupéfiants représente entre 426 et 652 milliards de dollars par an, et seuls 1 % des fonds sont saisis. 

    Le tout au prix de vies humaines : 20 % des prisonniers dans le monde le sont pour infractions à la législation sur les stupéfiants (dont 85 % pour simple usage) ; 3940 exécutions « légales » (33 pays imposent toujours la peine de mort), 27 000 exécutions extrajudiciaires aux Philippines, 150 000 décès et 32 000 disparus dans la « guerre à la drogue » menée au seul Mexique.

    Le manque de financements de la réduction des risques

    Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme est le principal financeur des programmes de réduction des risques liés aux usages de drogues dans les pays à revenu faible et intermédiaire : en 2016, 80,8 millions de dollars provenaient du Fonds mondial sur 188 millions disponibles, dont 121 provenant de donateurs internationaux – soit 67 % des dons et 43 % de l’ensemble des fonds disponibles.

    Mais ces financements ne couvrent aujourd’hui que 7% des besoins. Il est donc nécessaire à la fois d’augmenter les financements internationaux, mais aussi de faire contribuer les Etats, qui rechignent à développer les programmes de réduction des risques.

    2019, année charnière

    2019 fait l’objet d’un temps fort en matière de politique mondiale des drogues. Une réunion de haut-niveau lors de la 62e session de la Commission des stupéfiants (CND) des Nations Unies se tiendra du 14 au 22 mars 2019 à Vienne (Autriche). Cette réunion aura pour objectif de faire le bilan de la décennie qui s’achève et de dresser des perspectives pour celle qui vient en matière de drogues.

    Par ailleurs, en lien avec sa présidence du G7, la France accueillera le 10 octobre 2019, à Lyon, la 6e conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, pour la période 2020-2022.

    Ces deux événements sont des occasions d’en finir avec cette guerre dirigée contre les personnes qui consomment des drogues, au profit du respect de leurs droits fondamentaux et de leur santé.