Rapport national France EMIS 2017 sur les HSH : des données précieuses pour la prévention du VIH et des IST
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L’enquête European MSM Internet Survey 2017 (EMIS-2017) sur les comportements des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes avait pour objectif de collecter des données en vue de guider la planification des programmes de prévention et de traitement du VIH et des infections sexuellement transmissibles (IST).
L’enquête EMIS-2017 a été coordonnée par le groupe de recherche SIGMA Research de la London School of Hygiene and Tropical Medicine. L’enquête EMIS-2017 a été réalisée dans 50 pays. L’édition française d’EMIS-2017 est le fruit d’un partenariat entre les associations AIDES, Coalition PLUS et de Santé publique France.
EMIS-2017 est une enquête transversale dont les données ont été collectées au moyen d’un questionnaire en ligne, auto-administré et anonyme. L’enquête s’est déroulée du 19 décembre 2017 au 30 janvier 2018. Le questionnaire abordait principalement, les comportements sexuels et préventifs vis-à-vis du VIH et des autres IST, les consommations de drogues, la santé physique et mentale.
Le recrutement des répondants a été réalisé via les plateformes et applications de rencontre gays, les sites d’associations LGBT+ et les réseaux sociaux. En France, 10 996 HSH ont participé à l’enquête et 9 782 ont été retenus pour les analyses.
L’échantillon des répondants de l’enquête EMIS-2017 est composé quasi exclusivement d’hommes cis genres, majoritairement nés en France, d’un âge médian de 38 ans en médiane, urbains, éduqués, en emploi et ne rencontrant pas de difficultés financières aiguës. Ils se déclaraient majoritairement homosexuels et leur entourage connaissait leur orientation sexuelle. Plus d’un tiers des répondants indiquait avoir une relation stable, dont la majorité avec un homme.
Concernant la connaissance du statut VIH des répondants et de leur recours au dépistage, 12 % rapportaient être séropositifs, les ¾ avaient fait au moins un test VIH au cours de leur vie et déclaraient être séronégatifs alors que 12 % n’avaient jamais reçu les résultats d’un dépistage. La majorité des répondants vivant avec le VIH (94 %) déclarait avoir une charge virale indétectable. Parmi les répondants ayant déclaré ne pas avoir reçu de diagnostic de VIH au moment de l’enquête, 9 % avaient indiqué avoir déjà eu recours à la PrEP.
En termes de sexualité, les répondants étaient majoritairement sexuellement actifs. Dans les 12 derniers mois, prêt de la moitié (48 %) rapportait avoir eu des relations sexuelles avec un ou plusieurs partenaires masculins stables et une large majorité (84 %) avec un ou plusieurs partenaires masculins occasionnels. Parmi ces derniers, 52 % avaient eu 10 partenaires et plus sur la période. Seuls 9 % des répondants déclaraient avoir eu dans l’année des relations sexuelles avec une ou plusieurs femmes. Les comportements préventifs, variaient selon le type de partenaire et le statut VIH déclaré. Si ¾ des répondants déclaraient ne pas avoir utilisé de préservatif lors de leurs rapports sexuels avec leur partenaire stable, la moitié des répondants ayant des rapports sexuels avec des partenaires occasionnels étaient dans ce cas. Les répondants séropositifs pour le VIH et ceux dont le dernier test était négatif sous PrEP indiquaient majoritairement ne pas utiliser de préservatif lors de leurs rapports sexuels que ce soit avec leur partenaire stable (respectivement 81 % et 86 %), ou partenaires occasionnels (respectivement 82 % et 87 %) ; le préservatif laissant la place à la prévention biomédicale (Tasp pour Traitement comme prévention et PrEP). Pour les répondants non-usagers de PrEP dont le dernier test était négatif et ceux n’ayant jamais fait de test, le non-usage du préservatif avec des partenaires stables étaient respectivement de 74 % et 63 % et avec les partenaires occasionnels il s’élevait à 47 % pour les deux groupes
Les consommations de produits psychoactifs étaient importantes. Pour ce qui concerne le tabac, près de la moitié des répondants indiquaient avoir fumé dans l’année. L’alcool était le produit le plus expérimenté, le plus souvent consommé dans l’année et dans les quatre dernières semaines. A l’échelle du CAGE-4, près de 17 % des répondants obtenaient des scores qui les plaçaient dans la catégorie des personnes à risque de dépendance à l’alcool. Par ailleurs, près d’un tiers des répondants rapportait avoir consommé du cannabis et presque 10 % de l’ecstasy ou du GHB dans les 12 derniers mois. Quant à la pratique du Chemsex dans les 12 derniers mois, elle avait été rapportée par 14 % des répondants.
Les indicateurs concernant la santé mentale décrivent des situations problématiques. Si une faible proportion des répondants présentait des « signes forts » d’anxiété (6 %), près d’un quart déclaraient avoir eu des idées suicidaires dans les quinze derniers jours. Le niveau d’homophobie intériorisée était faible. En revanche, 68 % des répondants déclaraient avoir été victimes d’actes homophobes au cours de leur vie et près d’un tiers au cours des 12 derniers mois.
Bien que des limites méthodologiques inhérentes à ce type d’enquêtes basées sur le volontariat, ne permettent pas de généraliser les résultats à l’ensemble de la population des HSH, les données recueillies par EMIS-2017 sont précieuses pour l’élaboration d’actions et campagnes de prévention et promotion de la santé sexuelle des HSH : de nombreux défis restent à relever.