L’Actu vue par Remaides : « Droits des femmes et des minorités : l’ONU dénonce un « retour de bâton »
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- 24.06.2025
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Par Jean-François Laforgerie
Droits des femmes et des minorités : l'ONU dénonce "un retour de bâton"
Régression. Les droits des femmes et des minorités dans le monde souffrent d'un « retour de bâton ». Et les personnes concernées sont devenues des « boucs émissaires », a dénoncé le Haut-Commissaire des Nations Unies en charge des droits humains, Volker Türk, le 16 juin. Explications.
En fin d’article, d’autres infos Monde.
Régression. Les droits des femmes et des minorités dans le monde souffrent d'un « retour de bâton ». Et les personnes concernées sont devenues des « boucs émissaires », a dénoncé le Haut-Commissaire des Nations Unies en charge des droits humains, Volker Türk, le 16 juin. Ces dernières années ― avec une nette accélération depuis le retour de Donald Trump au pouvoir ― les programmes Diversité, Équité et Inclusion (DEI) sont la cible des conservateurs-rices et de l’extrême droite. Cette régression ne concerne pas uniquement les États-Unis. « Lorsque nous examinons le retour de bâton contre ces politiques, nous les voyons pour ce qu'elles sont : une fausse représentation fondamentale révélant une décision stratégique de faire des groupes vulnérables des boucs émissaires », a affirmé le Haut-Commissaire, en ouvrant la session de juin-juillet du Conseil des droits de l'homme, traditionnellement consacrée aux questions de genre. « L'héritage brutal du colonialisme persiste. Le racisme reste un fléau », a dénoncé Volker Türk, cité par l’AFP. Il a dénoncé le fait que « les personnes d'ascendance africaine continuent de souffrir de manière disproportionnée de l'usage excessif de la force, y compris de décès causés par les forces de l'ordre, au Brésil, aux États-Unis et ailleurs ». Volker Türk déplore également les discriminations bien plus nombreuses (plus de deux fois plus) dont souffrent les femmes. « Dans certaines régions de la Fédération de Russie et des États-Unis, les droits reproductifs des femmes et leur accès aux soins de santé font l'objet de graves restrictions », a-t-il expliqué. Le responsable onusien a également pointé les « restrictions légales, discours de haine et même violences » visant les personnes LGBT+. « En Afrique de l'Ouest, des lois draconiennes menacent de criminaliser les relations homosexuelles consenties et de restreindre le travail des défenseurs des droits humains soutenant les personnes LGBTIQ+ », a-t-il cité en exemple. « En Argentine et aux États-Unis, des responsables gouvernementaux ont tenu des propos diffamatoires envers les personnes transgenres et non-binaires, tout en restreignant leurs droits », a-t-il également expliqué. Volker Türk s’est aussi inquiété des attaques contre les droits des personnes migrantes. « Alors que les peuples protestent contre ces développements, j'exhorte les autorités à respecter le droit de réunion pacifique et à défendre les droits humains dans l'application des lois, y compris en s'abstenant de tout recours à la force militaire lorsque les autorités civiles sont capables de maintenir l'ordre public », a-t-il demandé.
En bref, d'autres infos Monde
Objectifs de développement : les États-Unis ne participeront pas à la conférence de l’ONU sur le financement
Retrait. Les États-Unis ont annoncé mardi 17 juin qu’ils ne participeraient pas à la Conférence de l’ONU pour le financement du développement qui doit démarrer le 29 juin, rejetant de nombreux principes du texte qui devrait y être adopté. « Après mûre réflexion et évaluation du texte, les États-Unis se retirent de ce processus préparatoire (...) et ne participeront pas à la FFD4 à Séville en Espagne », a déclaré Jonathan Shrier, le représentant américain. « Pendant tout le processus, les États-Unis ont travaillé pour un document concis qui pourrait rendre compte d’ambitions partagées pour le financement du développement plutôt qu’un (texte) qui impose de nouvelles exigences, crée de nouvelles structures qui font doublon et empiète sur la souveraineté des États membres. Nous regrettons cette occasion manquée », a-t-il ajouté. Cette annonce intervient alors que Washington a décidé, ces derniers mois, de coupes massives dans son aide à l’étranger. Soulignant que les progrès vers le développement humain « ne sont pas sur la bonne voie », le projet de déclaration réaffirme dès son introduction l’engagement à atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) qui visent notamment à, d’ici 2030, éradiquer l’extrême pauvreté, lutter contre la faim ou pour l’égalité hommes-femmes, mais aussi en finir avec les grandes pandémies, dont le sida. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les États-Unis ont clairement dénoncé ces ODD, en particulier ceux liés au genre et à la lutte contre le réchauffement climatique. « Nous ne réaffirmons plus l’Agenda 2030 pour le développement durable et les Objectifs de développement durable de façon automatique », a insisté Jonathan Shrier, déplorant « l’utilisation du terme "genre" pour parler des distinctions entre sexes ». Il a également exprimé l’opposition des Etats-Unis à la mise en place d’un système de financement du développement qui « interfère » avec les institutions financières internationales comme le FMI ou la Banque mondiale, ainsi qu’à une Convention de l’ONU sur la coopération fiscale, dont les négociations viennent de commencer. De nombreux pays en développement, étouffés par la dette, réclament depuis longtemps une réforme de l’architecture financière internationale pour faciliter leur accès aux financements et leur développement. Le projet de déclaration de la FFD4 va dans ce sens, soulignant que ce système financier doit « s’adapter de façon continue aux réalités d’un monde qui change ». Il appelle en outre les banques multilatérales de développement à envisager de « tripler » leurs capacités annuelles de prêts, une idée fustigée par les États-Unis, explique l’AFP.
L’ONU revoit en forte baisse son plan d’aide humanitaire mondial faute de fonds
Restrictions. Pour faire face « aux pires coupes financières qui n’ont jamais frappé le secteur humanitaire », en particulier le retrait brutal des Etats-Unis, l’ONU a annoncé une réduction drastique de l’aide pour cette année, qui va laisser des dizaines de millions de personnes en détresse. Le nouveau plan de 29 milliards de dollars, là où l’ONU en réclamait 44 milliards pour 2025, doit « hyper-prioriser » l’aide pour 114 millions de personnes, selon le communiqué diffusé par l’agence de coordination de l’aide humanitaire de l’ONU (OCHA). Le plan initial devait permettre d’aider « 180 millions de personnes vulnérables ». Selon OCHA, l’ONU n’a réussi à récolter que 5,6 milliards de dollars, sur les 44 milliards initialement réclamés, soit 13 % du total alors que l’on est déjà à la moitié de l’année et que les crises humanitaires se sont multipliées : Soudan, Gaza, République démocratique du Congo, Birmanie, Ukraine notamment.
Tout le secteur humanitaire mondial a été jeté dans la tourmente par la décision du président américain Donald Trump de mettre fin ou de revoir à la baisse l’aide financière à l’étranger des États-Unis. Washington était jusque-là le principal donateur en termes d’aide au développement sous toutes ses formes. Les coupes brutales du financement ont des conséquences dramatiques pour l’aide d’urgence, la vaccination ou encore la distribution de médicament pour lutter contre le sida. Les fonds américains représentaient parfois une part importante des budgets des agences de l’ONU ou de diverses ONG, et ces pertes sont impossibles à compenser en quelques semaines ou même quelques mois. Le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, parmi de nombreux autres, avait alors dénoncé une décision qui pourrait coûter la vie à des millions de gens.
Début mai, le Programme alimentaire mondial avait tiré la sonnette d’alarme sur l’aggravation de la faim en Afrique de l’Ouest et centrale. L’agence des Nations unies avait évoqué fin mars une « crise sans précédent » due à la baisse de 40 % de ses financements pour l’année 2025. Au Bangladesh, c’est la lutte contre la tuberculose et son éradication qui ont été remises en cause. Pour faire autant que possible avec beaucoup moins, l’ONU veut mettre l’accent sur deux objectifs clés : atteindre les personnes et les endroits confrontés aux besoins les plus urgents et s’appuyer sur les plans d’aide déjà établis pour que les ressources limitées soient dirigées là où elles peuvent être les plus utiles ― le plus rapidement possible.
Le gouvernement Trump congédie les experts-es d’un important panel sur les vaccins
Le ministre de la Santé américain Robert Kennedy Jr a annoncé lundi 10 juin congédier la totalité des 17 experts-es d’un important groupe consultatif sur les vaccins, les accusant de conflits d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique. Cette décision est interprétée comme une nouvelle illustration de l’orientation vaccinosceptique de l’administration Trump. Cette décision de renvoyer les experts-es du Comité consultatif sur les pratiques de vaccination a été annoncée dans une tribune au Wall Street Journal, ainsi que dans un communiqué. Robert Kennedy Jr (RFK) estime que cette révision de la composition du panel est essentielle pour rétablir la confiance du public. Il accuse le groupe d’experts-es d’être compromis par des liens financiers avec des sociétés pharmaceutiques. « Aujourd’hui, nous donnons la priorité au rétablissement de la confiance du public plutôt qu’à un quelconque programme pro ou antivaccins », a écrit dans un communiqué, Robert Kennedy Jr, notoirement sceptique sur l’efficacité des vaccins. « Le public doit savoir que les recommandations de nos agences de santé sont fondées sur des données scientifiques impartiales, évaluées dans le cadre d’un processus transparent et à l’abri des conflits d’intérêts », a-t-il ajouté. Robert Kennedy Jr indique que de nouveaux membres vont remplacer les experts-es congédiés-es. Ces derniers-ères avaient été nommés-es en raison de leur expertise reconnue et ils et elles étaient normalement tenus-es de divulguer en amont d’éventuels conflits d’intérêts. Cette décision a été accueillie avec inquiétude par Paul Offit, pédiatre et expert en virologie et en immunologie, qui a justement siégé dans ce panel de 1998 à 2003. Robert Kennedy Jr « pense que quiconque parle en bien des vaccins, ou les recommande, doit être profondément dans la poche de l’industrie », a déclaré Paul Offit à l’AFP. « Il règle un problème qui n’existe pas ». « Nous assistons à une escalade des efforts déployés par le gouvernement pour réduire au silence l’expertise médicale indépendante et alimenter la méfiance à l’égard des vaccins qui sauvent des vies », a ajouté Susan Kressly, présidente de l’Académie américaine de pédiatrie, dans un communiqué. Robert Kennedy Jr promeut depuis deux décennies la désinformation sur les vaccins, notamment l’affirmation largement démentie selon laquelle le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) est à l’origine de cas d’autisme. Depuis son entrée en fonction, il a réduit l’accès aux vaccins contre le Covid-19 et a continué à semer le doute sur le vaccin ROR, alors même que les Etats-Unis connaissent leur pire épidémie de rougeole depuis des années, avec trois décès signalés et plus de 1.100 cas recensés. Un chiffre qui, selon les experts, pourrait largement sous-estimer le véritable bilan.
RDC : un plan pour l’élimination du VIH chez les enfants
Dans un communiqué, l’Onusida explique que le président Félix Tshisekedi compte lancer prochainement une « initiative présidentielle pour l’élimination du VIH chez les enfants en République Démocratique du Congo (RDC). « Cette initiative audacieuse, marque l’engagement renouvelé de la RDC à s'attaquer à l'une des inégalités les plus persistantes et les plus flagrantes dans la riposte au VIH dans le pays : l 'accès limité des enfants à des services vitaux de traitement et de prévention du VIH », explique l’agence onusienne. Aujourd'hui, on estime que 91 % des personnes adultes vivant avec le VIH en RDC ont accès au traitement antirétroviral. « Des progrès qui n’incluent pas le traitement des enfants, chez qui on note beaucoup de retard », indique l’Onusida. En effet, « seuls 44 % des enfants vivant avec le VIH en RDC reçoivent actuellement un traitement antirétroviral. Cette proportion est restée dramatiquement faible pendant une décennie, avec des milliers d'enfants encore nouvellement infectés chaque année. » Ces infections sont principalement dues à des occasions manquées de tester les femmes enceintes. « Des tests qui auraient permis une intervention rapide pour prévenir la transmission du VIH de la mère à l'enfant et maintenir les mères en vie », note l’Onusida. Plusieurs causes à cela : un accès insuffisant des femmes à des services de santé sexuelle et reproductive de qualité ; la faible intégration des services de lutte contre le VIH dans les plateformes de santé maternelle, néonatale, infantile et adolescente ; une chaîne d'approvisionnement fragile pour les produits médicaux essentiels ; la faiblesse des systèmes communautaires et la coordination limitée entre les acteurs communautaires et les services publics.
L'initiative présidentielle vise à « améliorer le dépistage précoce du VIH et la qualité du traitement pour les enfants, les adolescents et les femmes enceintes et allaitantes » ; « prévenir les nouvelles infections à VIH chez les enfants et les mères » ; « assurer la mise en place rapide d’un traitement antirétroviral chez les adolescentes séropositives, les femmes enceintes et allaitantes » ; « éliminer les obstacles structurels qui limitent l'accès au dépistage du VIH et aux services pour les adolescents.» Cette initiative va s’étendre sur cinq ans. Elle est soutenue par un financement national d'au moins 18 millions de dollars américains.
Les députés-es britanniques dépénalisent l’IVG hors délai
Les députés-es britanniques se sont prononcé favorablement mardi 17 juin sur un amendement destiné à abolir les poursuites pénales à l’encontre des femmes recourant à une interruption volontaire de grossesse (IVG) hors délai, indique l’AFP. Ce changement, qui sera valable en Angleterre et au Pays de Galles, a été approuvé par une large majorité à la chambre des Communes, avec 379 voix pour et 137 voix contre. En Angleterre et au Pays de Galles, les femmes peuvent actuellement être jugées et emprisonnées si elles mettent fin à leur grossesse après 24 semaines ou sans approbation médicale. L’histoire de Nicola Packer, une Britannique de 45 ans innocentée en mai à l’issue d’un procès éprouvant, a récemment mis ce sujet en lumière. Cette femme avait découvert sa grossesse en novembre 2020, pendant la pandémie de Covid-19, et s’était fait prescrire des médicaments abortifs à prendre à domicile, pensant être enceinte de six semaines. En réalité, elle était enceinte d’environ 26 semaines, bien au-delà de la limite légale pour une IVG. Après avoir accouché chez elle dans des conditions traumatisantes d’un fœtus mort et s’être fait opérer en urgence à l’hôpital, Nicola Packer avait été dénoncée à la police qui l’avait placée en garde à vue, avant d’être poursuivie. Aujourd’hui encore, « des femmes sont arrêtées sur leur lit d’hôpital, amenées à la police et soumises à des enquêtes pénales lorsqu’elles sont soupçonnées d’avoir mis fin à leur grossesse », s’est indignée la députée travailliste Tonia Antoniazzi, auprès de l’AFP. Son amendement voté, plus aucune femme ne pourra être poursuivie, quel que soit l’avancement de sa grossesse. En Angleterre et au Pays de Galles, l’avortement reste une infraction pénale en vertu d’une loi adoptée en 1861, à l’époque victorienne, qui prévoit une peine d’emprisonnement pouvant en théorie aller jusqu’à la perpétuité. La loi sur l’avortement de 1967 a introduit des exceptions pour légaliser l’IVG sous certaines conditions : avant 23 semaines et six jours de grossesse, et sous l’égide d’un-e professionnel-le de santé. Après ce délai, cette procédure n’est autorisée que si la vie de la mère est en danger, ou s’il existe un risque important que l’enfant naisse avec un handicap grave. L’amendement ne change pas la durée légale pour procéder à une IVG, et toute personne aidant une femme à avorter hors délai ou hors cadre médical resterait passible de poursuites, souligne Tonia Antoniazzi. Une cinquantaine d’organisations, dont le principal syndicat de médecins BMA, des associations de défense des droits des femmes et des cliniques pratiquant l’avortement, ont apporté leur soutien à ce changement législatif. Les partis n’avaient pas donné de consigne de vote.
Une juge américaine rétablit la délivrance de passeports différents du genre de naissance
Contre-pouvoir. Une juge américaine a ordonné mardi 17 juin à l'administration Trump de reprendre la délivrance de passeports avec le genre « X » ou un genre différent de celui de naissance pour les personnes transgenres ou s'identifiant comme non binaires. Cette pratique a été interrompue au début de l’année 2025 avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Le président américain avait en effet signé le 20 janvier, jour de son investiture, un décret ordonnant à son administration de « reconnaître » l’existence de seulement « deux sexes » définis à la naissance : le masculin et le féminin. Une juge fédérale de Boston avait conclu, en avril, au caractère probablement discriminatoire du décret et de la politique de délivrance des passeports qui en découle. Elle avait en conséquence suspendu ce changement au bénéfice de six personnes transgenres ou qui se définissent comme non binaires qui avaient attaqué en justice. La juge va plus loin, avec cette nouvelle décision, en étendant cette suspension à l'ensemble des personnes transgenres ou non binaires affectées par le changement de politique. Elle ordonne donc au département d'État de reprendre la délivrance de ces passeports jusqu'à un jugement sur le fond ou une décision contraire du tribunal ou d'une juridiction supérieure. « La mesure conservatoire accordée par ce tribunal est étroitement définie pour ne bénéficier qu'aux seuls Américains dont les droits ont probablement été violés par la politique de délivrance de passeports et qui sans cela subiraient probablement un préjudice irréparable », écrit-elle. Le premier passeport américain avec genre « X » avait été délivré en octobre 2021 par le département d'État, qui avait précisé que la case « X » était réservée aux « personnes non binaires, intersexes » et plus largement celles qui ne se reconnaissent pas dans les critères de genre proposés jusqu'alors.
Traitements de transition de genre : la Cour suprême américaine valide une interdiction d'accès des mineurs-es
Blocage. Par une majorité de six voix contre trois, celles des juges conservateurs-rices (la plupart nommés-es par Trump) contre les progressistes, cette décision pourrait être lourde de conséquences, la moitié des États américains ayant prohibé les traitements pour les mineurs-es qui ne se reconnaissent pas dans leur genre de naissance. Dans une décision du 18 juin, la Cour suprême à majorité conservatrice a donc autorisé une loi de l'État du Tennessee interdisant aux mineurs-es transgenres l’accès aux traitements de transition. La Cour considère que la loi ne présente pas de caractère discriminatoire, comme l'affirmaient les plaignants, et s'en remet donc à la volonté « du peuple, de ses représentants élus et du processus démocratique ». Sur 1,6 million de personnes se définissant comme transgenres aux États-Unis, plus de 300 000 sont âgées de 13 à 17 ans, dont plus du tiers vit dans un de ces États, selon une étude du Williams Institute, groupe de réflexion de l’université UCLA. L’administration démocrate précédente de Joe Biden et plusieurs plaignants-es faisaient valoir que cette loi violait le Quatorzième amendement de la Constitution sur « l’égale protection » des citoyens-nes puisqu’elle prive les personnes transgenres d’accès à des traitements autorisés à d’autres pour raisons médicales. Mais la Cour suprême leur donne tort sur ce point et s’en remet donc à la volonté « du peuple, de ses représentants élus et au processus démocratique », considérant qu’il ne lui appartient pas de se prononcer sur « la sagesse, l’équité ou la logique » de la loi. « Ce dossier porte le poids de vifs débats scientifiques et de politique publique quant à la sûreté, l’efficacité et l’adéquation des traitements médicaux dans un domaine en pleine évolution », souligne par ailleurs la majorité de la Cour. A contrario, la juge Sonia Sotomayor, dans un avis écrit de désaccord auquel s’associent ses deux collègues progressistes, reproche à la décision de « tordre la logique et la jurisprudence » pour parvenir à la conclusion que la loi du Tennessee n’est pas discriminatoire alors qu’elle « catégorise expressément sur la base du sexe et du statut transgenre ». « La Cour abandonne ainsi les enfants transgenres et leurs familles à des caprices politiques », déplore-t-elle. Les républicains ont fait des attaques contre la place des personnes transgenres un de leurs chevaux de bataille contre le « wokisme », la bien-pensance dont ils taxent le camp démocrate. Ils ciblent en particulier la participation des sportives transgenres à des compétitions féminines et l’accès des mineurs aux traitements de transition.