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    L’Actu vue par Remaides : « Plaidoirie pour une information santé fiable et accessible »

    • Actualité
    • 07.06.2025

     

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    DR.

    Par Jean-François Laforgerie

    "Plaidoirie pour une information
    santé fiable et accessible

    Un « portail unique et indépendant pour garantir à tous et toutes une information sûre en matière de santé », c’est ce que défendent dans une tribune : « Plaidoirie pour une information santé fiable et accessible » des experts-es de la santé : les Pr-e Mathieu Molimard et Bernard Bégaud, Dominique Costagliola, et le Dr Hervé Maisonneuve. Leur tribune a paru dans Le Point, le 26 mai dernier.

    « Il y a plus de dix ans, nous alertions sur la nécessité de coordonner et structurer l'information en santé en appelant à la création d'un portail public unique, accessible et fiable », démarrent les auteurs-rices de cette tribune. Ils et elles reconnaissent que des « avancées » ont vu le jour comme « la mise en place du site santé.fr, porté par le ministère de la Santé, mais les initiatives ne sont pas, de leur point de vue à la hauteur des enjeux. Ils et elles en veulent pour preuve ce que nous avons connu avec la Covid-19.

    « Les lacunes de notre système public d'information ont été mises en évidence lors de la crise sanitaire du Covid-19. Si l'information fiable existe bel et bien, elle demeure fragmentée, peu harmonisée, non coordonnée, difficilement accessible et mal référencée », affirment-ils-elles. « Le grand public, comme les professionnels de santé, se retrouve souvent démuni face à l'afflux d'informations, incapable de distinguer les données rigoureuses des discours manipulés. À cela s'ajoute la complexité inhérente à l'incertitude scientifique – et une défiance croissante envers les institutions ».
    Dans ce contexte, la désinformation « prospère » dans le champ de la santé. Et la tribune d’affirmer : « Elle est désormais organisée, professionnalisée, et souvent pilotée à des fins idéologiques, politiques, financières, voire de déstabilisation sociétale. Elle exploite habilement le faible niveau d'éducation en santé d'une partie de la population et la viralité des réseaux numériques ».

    Labelliser les « sites fiables »
    « Omniprésentes sur les réseaux sociaux, les informations trompeuses ou inexactes dans le domaine de la santé sont facilement propagées et peuvent avoir des conséquences néfastes sur la santé des individus », expliquait le 18 avril dernier le ministère en charge de la Santé et de l’Accès aux soins lors d’un colloque sur la « lutte contre l’obscurantisme et la désinformation en santé. À cette occasion, le ministre de la Santé et de l’Accès aux soins Yannick Neuder avait mentionné plusieurs pistes, dont la « labellisation des sites fiables ». Pour les signataires de la tribune du Point, cette « initiative part d'une intention louable » ; mais elle a déjà « été expérimentée par le passé sans succès probant. La labellisation concerne le contenant et ne peut valider le contenu. » La tribune appelle donc à aller plus loin.

    « Le temps est venu de créer un portail d'information sûr »
    Il est temps de « créer un portail intégré d'information et de formation en santé, interrogeable en langage courant, intégrant une intelligence artificielle capable d'agréger, de hiérarchiser, de contextualiser et de rendre accessibles les contenus issus de sources diverses », explique la tribune. « Ce portail devrait reposer sur une charte de transparence, d'impartialité, d'objectivité, de pertinence, une gestion rigoureuse des liens. Sa gouvernance devrait s'appuyer sur un comité éditorial pluraliste, et sur un conseil scientifique indépendant chargé de valider les contenus, à l'abri de toute pression. Nous avons la chance de disposer, en France, d'un écosystème riche de producteurs d'information de qualité : universités, sociétés savantes, structures et réseaux publics, journalistes spécialisés, associations, acteurs engagés dans la vérification des faits… Ce vivier de compétences mérite une meilleure visibilité, une coordination renforcée et une mise en synergie des volontaires autour d'un projet commun ».

    « Renforcer la démocratie sanitaire »
    Ce portail, qui pourrait constituer l'un des piliers de l'observatoire de la désinformation en santé souhaité par le ministre (Yannick Neuder, ndlr], devrait « être placé sous l'égide d'une autorité indépendante, et capable de produire ou de faire produire des contenus réactifs et fiables, en lien avec les besoins de santé publique et les préoccupations des citoyens. » La tribune propose même que ce portail soit « adossé à une plateforme réactive d'éducation et de formation, à destination des citoyens comme des professionnels de santé, afin de renforcer le niveau d'éducation en santé et de fournir des outils concrets en situation de crise aux acteurs de première ligne ». Et le texte des experts-es de conclure : « La création d'un portail intégré d'information en santé est une exigence et une urgence stratégique pour lutter efficacement contre les manipulations de l'information, renforcer la démocratie sanitaire et bâtir une société plus résiliente face aux crises sanitaires à venir.»

    S’informer sans risques… en attendant le futur portail
    Pour info : le site Santé.fr a développé un espace en ligne intitulé « Décryptages » destiné à lutter contre les fake news en santé les plus répandues. Plusieurs articles rappellent également quelques bonnes pratiques et liste les sources faibles en santé issues des organismes publics ;  des grands établissements de soins ou de recherche privés ; des associations professionnelles et de patients-es ; de la presse scientifique et de l’édition médicale.

     

    Désinformation en santé, quelques chiffres clés :

    - 66 % des Français-es considèrent que le domaine de la santé est exposé aux fake news et informations mensongères ;
    - 35 % estiment qu’il est difficile de trouver des informations fiables en matière de santé ;
    - 47 % déclarent avoir déjà été confrontés-es à une fake news dans le domaine de la santé.
    Source : Verian pour Harmonie Santé en partenariat avec l’Inserm « L’information en santé », février 2025.
     

    Qu'est-ce que la désinformation en santé ?

    - La « mésinformation » est définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme la diffusion de fausses informations par ses auteurs-rices sans intention de nuire ou d’induire en erreur. Ce type d’erreur peut résulter d’une compréhension erronée, d’une interprétation incorrecte, ou encore, d’une transmission inexacte.
    - La « désinformation » est conçue ou diffusée (manipulée) en toute connaissance de cause avec l’intention volontaire de tromper et de nuire. Les motivations peuvent être d’ordre économique, idéologique, religieuse, politique, etc.
    - La mésinformation et la désinformation peuvent toutes deux causer des dommages et représenter notamment une menace pour les processus décisionnels, ainsi que pour la santé, l’environnement ou la sécurité.
    - La « Fake news » (ou infox) : ce terme générique désigne l’ensemble des fausses informations, faux articles ou trucages prenant l’apparence de vrais articles ou contenus et présentés sur les réseaux sociaux notamment.
    Source ministère de la Santé et de l’Accès aux soins, colloque du 18 avril 2025.