L’Actu vue par Remaides : « Lutte contre le sida : la France et l’Union européenne appelées à agir rapidement »
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- 21.05.2025
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Par Jean-François Laforgerie
Lutte contre le sida : la France et L'Union européenne appelées à agir rapidement
Dans le prolongement d’un précédent communiqué, le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) a exprimé à nouveau sa vive inquiétude face aux menaces persistantes qui pèsent sur la lutte contre le VIH/sida. Il réaffirme la « nécessité d’une réponse politique cohérente et volontariste à court terme, aux niveaux national et européen ». Il souligne « l’importance d’encourager les initiatives issues du champ politique, du monde de la recherche et des acteurs associatifs, afin de contribuer activement à la structuration de cette réponse ».
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Signaux d’alerte. Ils sont si forts aujourd’hui que le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) a voulu exprimer à nouveau sa « vive inquiétude face aux menaces persistantes qui pèsent sur la lutte contre le VIH/sida ».
Pour atteindre l’objectif d’élimination de la transmission du virus d’ici 2030, un des objectifs de santé publique dans le monde, la sauvegarde de ses acquis appelle une riposte politique à la hauteur des enjeux actuels, explique l’instance consultative. Dans un communiqué, le CNS rappelle le contexte. « En mars 2025, l’administration Trump annonçait la suppression de 83 % des contrats de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) à l’étranger, entraînant l’annulation de près de 5 200 financements. Cette décision a mis un terme à la majorité des programmes du PEPFAR (Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida), causant d’ores et déjà le décès de plus de 45 000 adultes et 4 800 enfants vivant avec le VIH dans les pays à revenus limités. »
Et le CNS n’est pas confiant quant à l’avenir. Ainsi, il explique que « la réduction de la contribution des États-Unis et d’autres pays donateurs au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme lors de sa prochaine conférence de reconstitution à l’automne 2025 pourrait encore aggraver les difficultés d’accès à la prévention et aux traitements déjà grandissantes, et fragiliser les progrès jusqu’à présent accomplis. »
Le CNS partage les constats de l’Onusida (Onusida. (2025, 20 janvier). About the impact of US funding cuts on the global HIV response), il rappelle, à la suite d’un précédent communiqué, que « la continuité des services de santé est désormais gravement menacée, exposant le monde à une reprise incontrôlée de l’épidémie. » Il réaffirme la « nécessité de définir à courte échéance une réponse politique cohérente et volontariste, à l’échelle nationale et européenne ». Et le CNS d’expliquer : « À cette fin, il souligne l’importance d’encourager les initiatives issues du champ politique, du monde de la recherche et des acteurs associatifs, afin de contribuer activement à la structuration de cette réponse ».
Dans cette perspective, le CNS salue la proposition de résolution européenne déposée à l’Assemblée nationale par un groupe transpartisan de parlementaires, visant à « préserver et renforcer les financements dédiés à la lutte contre le virus de l’immunodéficience humaine comme d’autres initiatives émanant de la société civile. Le CNS appelle d’ailleurs « de ses vœux son examen et son adoption dans les meilleurs délais ». Le retrait des États-Unis dans le financement de la lutte contre le VIH/sida nécessite « d’accroître les financements des États membres de l’Union européenne et de le France en particulier, de renforcer la coordination des acteurs de la lutte contre le VIH/sida et de maintenir une coopération scientifique internationale ambitieuse. »
Pour le Conseil national du sida et des hépatites virales, cette proposition de résolution européenne, à l’instar d’autres initiatives émanant de la société civile, « doit contribuer à éclairer les choix du gouvernement en matière d’action extérieure et à favoriser une mobilisation forte de la France au sein de l’Union européenne, afin de replacer la lutte contre le VIH en tête d’agenda et de répondre rapidement et efficacement aux menaces pesant sur son financement. »
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États-Unis : un décret pour faire baisser les prix des médicaments
Donald Trump a décidé de signer un décret qui, selon lui, permettra de réduire les prix des médicaments sur ordonnance aux États-Unis de 30 % à 80 %, selon la spécialité concernée.
« Ils augmenteront dans le monde entier pour compenser et, pour la première fois depuis de nombreuses années, apporter l’équité en Amérique ! », a écrit le président américain dans un message posté mi-mai sur son réseau Truth Social. Cette nouvelle politique tarifaire consistera à faire en sorte que « les États-Unis payent le même prix que la nation qui paye le prix le plus bas dans le monde », a précisé le milliardaire républicain, assurant que cette baisse s’appliquerait « presque immédiatement ».
Interrogée par l’AFP, la Maison Blanche n’a pas donné plus de précision sur la manière dont fonctionnera cette mesure. L’hôte de la Maison Blanche somme depuis longtemps l’industrie pharmaceutique de baisser les prix des médicaments ― il avait déjà fait des tentatives en ce sens lors de son premier mandat. Son plan de l’époque n’avait produit que peu d’effet face à l’opposition de l’industrie pharmaceutique, dont les principaux leaders sont américains. Les prix pratiqués aux États-Unis sont parmi les plus élevés du monde et bien plus chers que dans les pays frontaliers (Canada et Mexique) et en Europe. Selon une étude de la Rand Corporation, les États-Unis payent en moyenne 2,5 fois plus pour les médicaments sur ordonnance que la France, par exemple. Donald Trump s’était engagé à réduire cet écart au cours de sa campagne présidentielle, souligne l’AFP. Mi-avril, il avait déjà signé un premier décret ordonnant à son administration de travailler à une série de mesures pour faire baisser les prix des médicaments. Parmi les actions listées : l’amélioration du processus de négociation entre l’assurance santé publique et les groupes pharmaceutiques ou encore la possibilité offerte aux États d’importer directement des médicaments depuis des pays étrangers aux coûts moindres.
Les négociations menées par l’assurance santé publique des plus de 65 ans « Medicare » sur les prix de certains médicaments sont des processus au long cours et les prix réduits négociés par l’ancien président Joe Biden ― qui a également mené une offensive en la matière ― ne prendront, par exemple, effet qu’en 2026. Le mécontentement des ménages face à l’inflation des années 2022-23 a été analysé comme l’une des raisons de la réélection de Donald Trump. Mais sa politique de guerre commerciale qui a consisté ces derniers mois à augmenter les droits de douanes imposés aux importations américaines fait craindre une nouvelle hausse des prix, d’où le choix de tenter d’attaquer les « prix élevés » quels qu’en soient les domaines concernés.
Objectif 2030 : l’Onusida se réforme
Dans l’équation actuelle : la persistance d'un nombre élevé de nouvelles infections à VIH et la baisse des financements mondiaux ; l’Onusida (Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida) lance sa grande transformation « pour aider les pays à mettre fin au sida en tant que menace de santé publique d'ici 2030 », et pour « garantir que la riposte au VIH reste forte et durable ». L’Onusida veut croire que cette « évolution aidera les gouvernements et les communautés à opérer la transition vers une riposte au VIH durable et financée au niveau national, fondée sur les données, l'équité et les droits humains ». « Nous remodelons notre façon de travailler afin de pouvoir soutenir des ripostes nationales au VIH inclusives, communautaires et multisectorielles, avec plus de précision et d'impact », a commenté Winnie Byanyima, directrice exécutive de l'Onusida.
Il faut dire que la modélisation retenue par l’Onusida, incite fortement à remettre le modèle actuel à plat. La modélisation constate actuellement 2 300 nouvelles infections à VIH supplémentaires chaque jour, qui s'ajoutent aux 3 500 infections déjà enregistrées. Ces calculs sont le résultat de reculs en matière de droits humains des femmes, des filles et des populations clés, ainsi que de perturbations des services vitaux à la suite de l'arrêt de l'aide internationale des pays donateurs. L'Onusida estime d’ailleurs que les coupes budgétaires pourraient entraîner 6,6 millions de nouvelles infections à VIH et 4,2 millions de décès liés au sida supplémentaires d'ici 2029.
Le nouveau plan (restructuration et réforme de l’institution) s'appuie sur les travaux d'un « groupe de haut niveau, en poste depuis octobre 2024 ». Ce groupe a appelé à la transformation de l’institution dans un processus allant de « maintenant et jusqu'en 2030 », et il a recommandé un « modèle plus restreint et plus ciblé pour le secrétariat » avec quatre fonctions essentielles : le leadership ; la mobilisation et la coordination ; la responsabilisation ; et l'engagement communautaire.
« Le secrétariat [de l’Onusida, ndlr] consolide sa présence dans les pays et déplacera son personnel mondial afin de se rapprocher des personnes que nous servons », explique un communiqué. La présence physique du secrétariat dans les pays sera réduite à environ 35 pays, tout en continuant à soutenir directement une soixantaine de pays. « Ce changement repose sur une typologie de pays fortement touchés par le VIH, fortement stigmatisés et discriminés à l'égard des populations clés, et fortement dépendants de l'aide internationale pour la riposte au VIH ». Le plan de restructuration prévoit une « réduction de 54 % des effectifs du secrétariat afin de garantir que l'Onusida soit en mesure de remplir sa mission et de travailler dans le cadre des prévisions actuelles de ressources de base ».
« L'heure est à la solidarité mondiale », a indiqué Winnie Byanyima. « Avec détermination et partenariat, nous pouvons encore atteindre ensemble l'objectif de mettre fin au sida en tant que menace de santé publique d'ici 2030 et garantir des ripostes nationales au VIH durables, inclusives et multisectorielles pour l'avenir. » En 2025, l’Onusida élaborera et mettra en œuvre une « nouvelle Stratégie mondiale de lutte contre le sida afin d’accélérer l’engagement politique, programmatique et financier et la durabilité et de fournir des orientations pour stimuler les progrès vers l’objectif de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d’ici 2030 ». Cette stratégie devrait être adoptée par le Conseil de coordination du programme de l’Onusida en décembre 2025. Elle servira de base à une nouvelle Déclaration politique et à des objectifs de lutte contre le VIH à l’horizon 2030, qui seront adoptés par une réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies en 2026.
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Baisse de 31 % sous Trump des financements publics pour la recherche sur le cancer
Les financements du gouvernement fédéral américain dédiés à la recherche contre le cancer ont baissé de 31 % depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, alerte un rapport sénatorial, publié le 12 mai. Ce rapport dénonce une « guerre contre la science » menée par le républicain, indique l’AFP. Selon ce document commandé par le sénateur de gauche Bernie Sanders, au moins 13,5 milliards de dollars de financements publics pour la santé ont été supprimés par le gouvernement au cours du premier trimestre 2025. Parmi les organismes les plus touchés figure l’organisme américain chargé de la recherche médicale, le NIH, qui a enregistré à lui seul 2,7 milliards de dollars de coupes budgétaires sur les trois mois. Des réductions qui impactent notamment le financement de la recherche sur le cancer, qui a ainsi baissé de 31 % par rapport à la même période l’an passé, atteignant le niveau le plus bas en au moins dix ans, selon cette analyse réalisée à partir de l’examen de différentes données et d’entretiens avec des responsables, scientifiques et des patients-es.
Des coupes dont les effets pourraient être vastes, les États-Unis étant le leader mondial de la recherche contre le cancer. En plus des estimations chiffrées, le document présente des témoignages anonymisés de responsables fédéraux et scientifiques dépeignant le « chaos » régnant dans le ministère américain de la Santé et dans les agences fédérales qu’il chapeaute, en proie à de profondes restructurations ― le gouvernement Trump ayant annoncé la suppression de près d’un quart des effectifs. Le rapport décrit ainsi la fin abrupte de financements, la suppression de bases de données de santé, l’immixtion de responsables politiques dans des décisions auparavant laissées aux mains de scientifiques et les licenciements massifs. Résultat ? Des médecins laissés-es « sans directives », des remèdes alternatifs contestés promus en pleine épidémie de rougeole ― qui a fait plus de 1 000 cas et trois morts ― et des traitements retardés. Une patiente souffrant d’un cancer colorectal a ainsi vu l’essai clinique dont elle devait bénéficier être reporté pour cause de manque de personnel. « Cela pourrait me coûter la vie », a-t-elle confié. Ce bilan est contesté par l’exécutif. Il s’agit « d’une distorsion » de la réalité « motivée politiquement », a réagi le ministère américain de la Santé sur la plateforme X. Le vaccino-sceptique Robert Kennedy Jr, qui en est à la tête, est vivement critiqué par l’opposition pour sa gestion de l’épidémie de rougeole qui sévit dans le pays ainsi que pour la profonde refonte des autorités sanitaires qu’il a initiée. Robert Kennedy Jr a d’ailleurs été entendu le 14 mai à ce sujet par une commission de sénateurs-rices.
Luxembourg : hausse des IST et campagne de dépistage
Il existe plus d’une vingtaine d’IST. Les plus connues sont la syphilis, la gonorrhée, le VIH/sida, l’hépatite B, les infections à mycoplasmes, celles à chlamydias, le HPV (le papillomavirus humain) et l’herpès génital. D’après les dernières données de l’ECDC (European Centre for Disease Prevention and Control), l’Europe a enregistré une hausse des cas d’infections sexuellement transmissibles en 2022. La situation est similaire pour le Luxembourg. Selon le Rapport épidémiologique des maladies transmissibles au Luxembourg de 2023, une augmentation des cas d’IST a été observée par rapport à l’année précédente : 606 cas de gonorrhée (+ 28 %), 122 cas de syphilis (+ 16 %), et 1 635 cas de chlamydia (+ 6,8 %). Seul le VIH a connu une baisse au Luxembourg en 2023, avec 53 nouveaux cas diagnostiqués contre 68 cas en 2022, soit une baisse de 15 %.
Face à l'augmentation des infections sexuellement transmissibles (IST) en Europe, différentes campagnes de prévention et de dépistage vont être déployées. Du 12 mai au 15 juin, sur l'initiative de l'Agence nationale pour l'information des jeunes du Luxembourg et en étroite collaboration avec la Direction de la santé, une campagne nationale de sensibilisation (prévention et dépistage) destinée aux jeunes de 15 à 25 ans est lancée. Par ailleurs, du 19 au 26 mai aura lieu l'European Testing Week (semaine européenne du dépistage). Cette campagne propose des dépistages gratuits, anonymes et sans ordonnance dans différents lieux au Luxembourg, et dans la plupart des pays d’Europe.
À l’occasion de cette campagne, les autorités de santé (ici, celles du Luxembourg) ont rappelé les bases de la « protection à adopter contre les IST » :
- L'usage du préservatif pour chaque rapport sexuel ;
- Effectuer un dépistage des IST et du VIH régulièrement en cas de partenaires multiples, ainsi qu'avant d'arrêter l'usage du préservatif avec un nouveau partenaire régulier ;
- Prévenir son-sa ou ses partenaire(s) afin qu'il(s) ou elle(s) puisse(nt) également se faire dépister et traiter le cas échéant ;
Au Luxembourg, des vaccinations contre l'hépatite B (dans le cadre des vaccinations obligatoires des nouveau-nés) et contre le HPV (possible à partir de 9 ans) sont proposées ;
- Prendre les traitements prescrits par le-la médecin et les suivre jusqu'au bout ;
- Des traitements préventifs contre le VIH existent, comme la Prep (Prophylaxie préexposition), et la Pep (Prophylaxie post-exposition) qui est un traitement d'urgence. Ces deux méthodes thérapeutiques ne protègent pas contre les autres IST.
En savoir plus sur les données de l'ECDC sur les cas des IST.
Le dossier thématique sur les IST du ministère de la Santé et de la Sécurité sociale du Luxembourg.