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    PrEP à la demande ou quotidienne : les résultats de l’étude ANRS Prévenir confirment la haute efficacité et la très bonne tolérance de ces deux modalités de prévention biomédicale

    • Communiqué
    • 24.07.2019

    Depuis mai 2017, l'étude ANRS Prévenir recrute en Ile-de-France des volontaires séronégatifs à haut risque d'être infectés par le VIH et leur propose une prévention à base de PrEP (prophylaxie pré-exposition) quotidienne ou à la demande. L’objectif de recruter plus de 3000 participants a été atteint en mai 2019. L’analyse des données au 13 Juin 2019 a permis de confirmer l’excellente efficacité de la PrEP avec seulement deux cas de contamination par le VIH chez des personnes ayant interrompu la PrEP plusieurs semaines auparavant. Ces résultats sont présentés aujourd'hui par le Pr Jean-Michel Molina, du service des maladies infectieuses, parasitaires et tropicales de l’Hôpital Saint-Louis AP-HP et de l’Université de Paris, lors de la 10e conférence mondiale sur l’infection à VIH (IAS 2019, Mexico city, 21-24 juillet 2019)

    L'étude ANRS Prévenir a débuté en mai 2017 et s'inscrit dans la continuité de l’essai ANRS Ipergay qui a démontré l'efficacité de la PrEP (Prophylaxie pré-exposition) à la demande chez des volontaires séronégatifs français et canadiens à haut risque d'être infectées par le VIH (à 99% des Hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH). 

    ANRS Prévenir, menée par le Pr Jean-Michel Molina à l’hôpital Saint-Louis AP-HP, par Dominique Costagliola (Institut Pierre Louis d’Epidémiologie et de Santé Publique, Inserm, Sorbonne Université, Paris, France), par le Dr Jade Ghosn (Service des maladies infectieuses, parasitaires et tropicales de l’hôpital Bichat AP-HP, Inserm et Université de Paris) et par Daniela Rojas Castro (Association AIDES – Coalition PLUS), co-investigateurs de l'étude, en partenariat avec l'association AIDES et soutenue par le Sidaction et Gilead, cherche à améliorer l’offre de PrEP en Ile-de-France et à évaluer l’impact de cette stratégie de prévention sur l’épidémie du VIH/SIDA dans cette région. 

    Parmi les 3 057 volontaires inclus dans l’étude, 56% étaient déjà utilisateurs de PrEP et dans le cadre de l’étude 49% des volontaires prennent la PrEP à la demande. Les personnes prenant la PrEP de façon quotidienne ont un plus grand nombre de partenaires et utilisent moins souvent le préservatif. Cependant, 20% des actes sexuels sont protégés par le préservatif (préservatifs fournis lors des visites de suivis trimestrielles). 

    Après un suivi de plus de 2 000 personnes-années, l’incidence du VIH est très faible - 0.09 nouvelles contaminations pour 100 personnes années de suivi-, ce qui correspond à environ 143 infections évitées si on se fonde sur l’incidence du VIH observée dans le groupe placebo de l’essai Ipergay. En effet, au total, à ce jour, seulement deux personnes ont été infectées par le VIH au cours du suivi de l’étude ANRS Prévenir, et les deux personnes qui prenaient la PrEP depuis plus de deux ans l’avaient interrompue totalement sept à dix semaines avant leur infection. 

    Ceci souligne l’importance d’une prise régulière de la PrEP quotidienne ou à la demande pour se protéger du VIH, ainsi que la reprise systématique du préservatif en cas d’arrêt de la PrEP. La tolérance de la PrEP quotidienne ou à la demande a été très satisfaisante au cours de l’étude et seules trois personnes ont dû interrompre la PrEP pour des effets indésirables digestifs (nausée, diarrhée, vomissement). 

    Ces résultats très satisfaisants en condition de vie réelle observés chez un nombre élevé de participants permettent aux auteurs de conclure « à l’excellente efficacité de la PrEP quotidienne ou à la demande, au moment des rapports sexuels, pour se protéger de l’infection par le VIH ». Ces résultats ont conduit l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) à annoncer au cours de la conférence de Mexico une modification de ses recommandations sur la PrEP afin de pouvoir désormais proposer le schéma de PrEP à la demande validé par les études I’ANRS Ipergay et Prevenir pour les hommes qui ont des rapports sexuels avec d'autres hommes (HSH)1. Dr. Rachel Baggaley, coordinatrice OMS Key Populations and Innovative HIV Prevention déclare: “L’OMS est satisfaite de prendre connaissance de ces résultats prometteurs. Basés sur ces preuves scientifiques, nous publions un nouveau rapport technique pour donner des recommandations aux pays sur l’option ‘ prise quotidienne de la PrEP’ pour les HSH, permettant un plus grand choix pour chacun, et une meilleure adaptation à chaque personne de son mode de prévention du VIH.” 

    1 Recommandations accessibles à l’adresse www.who.int/hiv/pub/prep/211/ ; WHO press contact: Tunga Namjilsuren: namjilsurent@who.int ; +41 792033176 

    De nouvelles études vont prochainement être mises en place au sein du programme de recherche ANRS Prévenir qui viseront à mieux comprendre le mécanisme d’action de la PrEP, son utilisation par les jeunes de 18 à 25 ans, et à prévenir également le risque d’infection par le virus de l’hépatite C et par d'autres infections bactériennes sexuellement transmissibles. 

    L’étude ANRS Prévenir 

    L’étude ANRS Prévenir a pour objectif d’évaluer l’impact en santé publique du déploiement de la PrEP en Ile-de-France. Elle vise à réduire, principalement dans la population HSH, la plus exposée au VIH, le nombre des nouvelles infections de 15% en trois ans. Elle permet aussi l’évaluation de l'impact d'un accompagnement personnalisé proposé par des acteurs communautaires et coordonné par l’association AIDES ainsi que la prévention et la prise en charge des autres infections sexuellement transmises (IST) dans une optique d’amélioration de la santé sexuelle des personnes vulnérables. 

    Pour qui? Comment? La PrEP consiste en l’administration de deux antirétroviraux combinés dans le même comprimé, qui sont habituellement prescrits pour le traitement des personnes infectées par le VIH, et dont l’utilisation est également possible en prévention du VIH chez des personnes séronégatives à haut risque de contamination du fait d’une utilisation insuffisante du préservatif. 

    Les volontaires de l’étude peuvent choisir de prendre la PrEP de façon continue à raison d’un comprimé par jour comme pour une contraception orale, ou bien à la demande au moment des rapports sexuels qui doivent être anticipés (la prise des comprimés doit démarrer au moins 2h avant le rapport sexuel et se poursuivre pendant les 48h suivantes). La PrEP est disponible en France sous forme de génériques. 

    Spécificité du recrutement de l’étude ANRS Prévenir : au-delà des centres hospitaliers, il s’effectue aussi au sein de Centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) et de centres de santé communautaires comme « Le 190 » et « le Checkpoint » à Paris. 

     Pour en savoir plus 

    http://programme.ias2019.org/Abstract/Abstract/1057 

    www.prevenir.anrs.fr 

     Contact scientifique 

    Pr Jean-Michel Molina - Hôpital Saint-Louis AP-HP et Université de Paris 

    06 83 43 79 24 - jean-michel.molina@aphp.fr 

    (Le Pr Molina sera disponible ce mardi 23 juillet entre 17h et 18h, heure de Paris. En dehors de ces créneaux, vous pourrez le joindre de préférence via la messagerie instantanée WhatsApp.) 

    Contacts presse ANRS : 

    Séverine Ciancia 

    01 53 94 60 30 - information@anrs.fr 

    Marc Fournet 

    01 53 94 80 63 - information@anrs.fr