À l’occasion de la journée internationale de prévention des surdoses ce 31 août, AIDES dévoilera un reportage inédit pour dénoncer les conséquences dramatiques de cette situation sur les usager-ères de drogues, une population particulièrement exposée au VIH et aux hépatites virales. Un film où témoignages de militants-es et d’usagers-ères de drogues se croisent et se complètent pour  alerter sur la pénurie de naloxone en spray. Cet antidote sûr et efficace permet de sauver des vies en cas de surdose d’opioïdes. Il figure sur la liste des médicaments essentiels de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Si le médicament existe sous forme de spray nasal, facile d’utilisation et sans risque, il n’est plus disponible sous cette forme en France depuis près d’un an, à l’inverse de nombreux pays européens. Cette pénurie, résultat d’un manque de volonté politique, coûte des vies : chaque semaine, en France, ce sont dix morts par surdoses qui pourraient être évitées grâce à la naloxone en spray.

PÉNURIE DE NALOXONE EN SPRAY : USAGERS-ÈRES EN DANGER, MILITANTS-ES EN COLÈRE

La naloxone existe sous deux formes : la forme injectable qui nécessite pour une personne témoin de surdose d’exercer une piqure intramusculaire à la victime, ou nasale.Sous cette forme, un spray dans les narines suffit à sauver la personne en détresse. Pourtant, cette seconde forme, facile d’utilisation et sans risque pour son utilisateur-rice et la victime de surdose, n’est plus disponible en France depuis décembre 2020, suite au retrait du marché du seul distributeur. Pour les militants-es de AIDES qui accompagnent des usagers-ères de drogue au quotidien, cette pénurie est une catastrophe. Anna, militante de AIDES à Bourg-en-Bresse, explique dans le reportage « La naloxone, c’est LE médicament pour éviter, pas l’overdose, mais d’en mourir […] donc c’est très important d’en avoir, que ce soit les consommateurs ou surtout les proches. C’est indispensable à la réduction des risques ».

Thomas, usager de drogues, raconte également comment il a pu, grâce à la naloxone en spray, sauver la vie d’une femme victime de surdose : « Elle commençait à partir, impossible de ne rien faire, j’ai essayé de faire de la stimulation comme j’avais déjà fait sur d’autres OD [overdoses] mais là j’ai vu que ça allait être plus grave […] un coup de spray et au bout d’une minute même pas, ça va très très vite, ça a réussi à la ramener »

Une vie sauvée qui serait peut-être perdue aujourd’hui à cause de la pénurie.

TRAVERSER LES FRONTIÈRES : UNE SOLUTION CONTRAIGNANTE POUR TROUVER DE LA NALOXONE EN SPRAY

Face à la pénurie, Anna et Jean-Paul, militants-es de AIDES à Bourg-en-Bresse, sont contraints-es d’organiser un voyage jusqu’à Lausanne, en Suisse, pour trouver le précieux antidote. Un trajet long et coûteux (la naloxone en spray n’est pas remboursée en Suisse) que ne peuvent bien sûr pas se permettre les usagers-ères et l’ensemble des militants-es de AIDES. « L’absurdité de cette situation révèle un manque de volonté politique : des solutions existent, notamment les importations parallèles qui consistent à importer d’autres pays un médicament non distribué en France », dénonce Camille Spire, Présidente de AIDES

Avec ce film, AIDES entend ainsi rendre visible cette situation intolérable qui met en danger les usagers-ères de drogues, mais aussi les usager-ères de traitements, de substitution ou antalgiques, à base d’opioïdes (codéine, morphine, etc.).

Parce que la pénurie de naloxone en spray met en danger la vie de ces personnes exposées aux surdoses, parce qu’il est indispensable de disposer de l’ensemble des outils de réduction des risques disponibles, nous demandons au Ministre de la santé. Olivier Véran d’agir sans délai pour mettre un terme à cette situation.