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    Dépistages tardifs, données insuffisantes : À ce rythme là, nous n'y arriverons pas !

    • Communiqué
    • 29.11.2023

    aides logo signature militer agir transformer

    DÉCOUVERTES DE POSITIVITÉ DU VIH, DÉPISTAGES TARDIFS, DONNÉES INSUFFISANTES :
    À CE RYTHME LÀ, NOUS N’Y ARRIVERONS PAS ! 

    Santé publique France a révélé ce 27 novembre, à quelques jours de la Journée mondiale de lutte contre le sida, les données de surveillance concernant l’épidémie de VIH. Malgré une reprise encourageante du dépistage, AIDES alerte sur son insuffisant ciblage et pointe du doigt le manque d’ambition réel de l'État pour en finir avec l’épidémie d’ici 2030.

    Entre 4 200 et 5 700 personnes ont découvert leur séropositivité en 2022. Entre 2012 et 2022, la diminution du nombre de découvertes de séropositivité est estimée entre - 11% et - 1%. Si cette donnée représente une bonne nouvelle dans la lutte contre le VIH/sida, AIDES considère ce résultat comme décevant lorsqu’il est mis en perspective avec la diversité et l’efficacité des outils de prévention à disposition en France et en comparaison avec d’autres pays.

    À titre d’exemple, au Royaume-Uni, entre 2012 et 2018, le nombre de découvertes de nouvelles transmissions a chuté de 71.4% chez les hommes ayant des relations sexuelles entre hommes alors qu’il n’a baissé que de 32% entre 2012 et 2022 en France1.


    Public Health England 

    Des dépistages nombreux mais insuffisamment ciblés pour atteindre notre objectif

    6,5 millions de sérologies VIH ont été réalisées par les laboratoires de biologie médicale en 2022, permettant de très légèrement dépasser le nombre de sérologies réalisées avant la survenue de l’épidémie de Covid-19 (+3% entre 2019 et 2022). 

    Rappelons qu’avant la survenue de l’épidémie de Covid-19, les associations et les pouvoirs publics s’étaient fixé comme objectif que 95% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique dans le pays, prérequis à la fin de l’épidémie. Nous l’expliquions déjà il y a un an et le répétons aujourd’hui : retrouver un niveau d’avant-Covid n’est pas suffisant, les dépistages doivent cibler les publics les plus exposés au risque de transmission du VIH. 

    Des dépistages tardifs qui nourrissent l’épidémie

    En 2022, 43% des infections à VIH ont été découvertes à un stade tardif de l’infection2. Un chiffre qui ne baisse pas par rapport aux années précédentes. AIDES rappelle qu’un dépistage au stade tardif constitue une perte de chance en termes de prise en charge individuelle et un risque de transmission du VIH aux partenaires avant la mise sous traitement antirétroviral.

    Notre association s’inquiète de la surreprésentation des hommes hétérosexuels nés à l’étranger et des femmes nés-es à l’étranger dans les cas de découverte de l’infection à VIH au stade tardif avec respectivement 60% et 51% de découvertes tardives. 

    Au lieu de remettre en cause le droit à la santé pour tous-tes en laissant prospérer les débats autour de l’aide médicale d’Etat ou du droit au séjour pour soins, l’Etat doit mettre fin à ses politiques répressives à l’égard des personnes étrangères et améliorer significativement la lutte contre l’épidémie en France.


    State sida ou taux de CD4 < 350/mm3 hors primo-infection.

    Des données insuffisantes pour construire la stratégie de lutte contre l’épidémie

    Constatant qu’aucune amélioration n’a été proposée concernant l’insuffisance des données annuelles transmises par Santé publique France, nous demandons à nouveau à l’Etat d’améliorer sans tarder la surveillance épidémiologique du VIH en optimisant le dispositif de la Déclaration Obligatoire (DO) et en intégrant à terme le VIH dans la liste des pathologies traitées par le système d’information LABOé-SI. 

    Les pouvoirs publics doivent agir, sans quoi “La réalisation des objectifs de santé publique que notre pays s’est fixé, tant dans le cadre de la stratégie nationale de santé sexuelle qu’en référence à ses engagements internationaux, s’en trouve compromise“, comme l’indique le Conseil national du sida et des hépatites virales.

    Pourtant, nous disposons de tous les outils nécessaires pour mettre fin à l’épidémie d’ici 2030 : la Prep, le Tasp (Treatment as Prevention), les préservatifs internes et externes, le dépistage, le TPE (Traitement Post-Exposition), les centres de santé communautaires. Des campagnes de grande ampleur doivent être déployées pour assurer leur promotion. 

    Il est indispensable que l’Etat prenne ses responsabilités et mène des politiques ambitieuses de soutien aux associations proposant de la réduction des risques en santé sexuelle auprès des groupes les plus exposés. 

     

    Contacts presse 

    Margot Cherrid
    mcherrid@aides.org 
    06 10 41 23 86