Je fais un don

    L’actu vue par REMAIDES : "Mpox : des infos sur la vaccination et la crainte d’une saison 2"

    • Actualité
    • 11.01.2024

    Mpox

    Par Jean-François Laforgerie et Fred Lebreton 

    Mpox : des infos sur la vaccination et la crainte d'une saison 2 en France

    Si des foyers épidémiques demeurent à l’étranger (RDC, notamment), l’épidémie de Mpox est aujourd’hui contrôlée en France, même si le virus circule toujours à très bas seuil (41 cas chez nous en 2023, entre un et quatre cas par mois). Dans ce contexte, les données concernant l’efficacité de la vaccination sont importantes et attendues puisqu’elles serviront à définir la stratégie pour éviter le risque d’une nouvelle épidémie mondialisée en 2024. Remaides fait le point.

    Mpox : même taux de protection pour les PVVIH

    Alors que l’épidémie de Mpox continue en République démocratique du Congo (RDC) (voir plus bas), de nouvelles données sur l’efficacité du vaccin ont été publiées le 13 décembre dernier. Une étude a montré que la vaccination Mpox en deux doses de JYNNEOS, avec des doses plus petites que celles habituellement approuvées, a produit une réponse immunitaire forte et, ce, peu importe le statut sérologique VIH. L'étude menée par des chercheurs-es de la faculté de médecine de l'université de New York (États-Unis) n'a montré aucune différence significative dans la réponse immunitaire (mesurée par la quantité d'anticorps détectables) entre la plupart des personnes qui ont reçu leurs injections de vaccin en petites doses entre les couches de la peau (intradermiques) et celles qui l'ont reçu selon la prescription en injections de dose complète juste sous la peau (sous-cutanées). En raison de l'espace limité entre les couches de la peau, les injections intradermiques ne peuvent accueillir que de petites doses, tandis que des doses plus importantes nécessitent généralement des injections sous-cutanées. Les doses plus petites et étalées sur une période allant jusqu'à trois mois, avaient pour objectif de pallier la pénurie de vaccins, après une flambée épidémique en mai 2022. Plus de 3 800 résidents-es de la ville de New York (en très grande majorités des hommes gays ou bisexuels) ont été infectés-es par le virus, transmis par les fluides corporels et le contact cutané, y compris pendant les rapports sexuels, principalement au cours de l'épidémie de l'été 2022. Le vaccin contre le Mpox est désormais systématiquement recommandé par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) pour les personnes les plus exposées au risque. Environ 155 000 New-Yorkais-es ont été vaccinés-es pendant cette période, principalement avec des doses plus petites. Les chercheurs-es indiquent qu'une résurgence en République démocratique du Congo en novembre, avec près de 13 000 cas suspects et environ 600 décès, représente un risque de nouvelle épidémie au-delà de l'Afrique, touchant d'autres régions et particulièrement la ville de New York.

    Par ailleurs, selon une étude publiée dans le New England Journal of Medicine du 14 décembre, les chercheurs-es ont constaté que les personnes entièrement vaccinées avec deux doses plus petites avaient une réponse immunitaire quatre fois plus forte que celles qui n'avaient pas terminé la série de vaccination et n'avaient reçu qu'une seule dose. Environ 145 New-Yorkais-ses vaccinés-es contre le Mpox ont participé à la nouvelle étude. La plupart étaient des hommes (81 %), et presque tous (89 %) s'identifiaient comme gay ou bisexuels. Trente-cinq (24 %) étaient des personnes vivant avec le VIH, et 29 (20 %) avaient été vaccinées contre la variole dans leur enfance.

    Parmi les autres conclusions de l'étude, on peut citer que les personnes précédemment vaccinées contre la variole, dans le cadre des programmes de vaccination infantile, ont une réponse immunitaire plus forte que celles qui n'ont pas été vaccinées contre la variole dans leur enfance. Les niveaux d'anticorps détectables dans les échantillons sanguins étaient 2,7 fois plus élevés chez les personnes vaccinées contre la variole dans leur enfance (et qui ont ensuite reçu le vaccin JYNNEOS) par rapport à celles qui n'avaient pas reçu les deux vaccins. Enfin, et c’est rassurant, l'étude n'a trouvé aucune différence dans la réponse immunitaire entre les personnes vaccinées vivant avec le VIH (avec des taux de cellules CD4 supérieurs à 200) et les personnes vaccinées qui sont séronégatives au VIH. Le Dr Mulligan, professeur au Département de médecine de la NYU Langone Health, où il dirige également le centre de vaccination et la Division des maladies infectieuses, affirme qu'il est nécessaire de mener davantage de recherches pour déterminer si des doses supplémentaires de vaccin contre le Mpox sont nécessaires pour une protection « optimale » et pour savoir combien de temps, en mois ou en années, dure la protection. Il souligne également qu'il est nécessaire d'examiner la quantité de stocks d'urgence de vaccin contre le Mpox et/ou la capacité à augmenter rapidement la production de vaccins en cas de futures épidémies.

    Mpox : la SFLS en a parlé

    Simon Jamard, médecin spécialisé en médecine interne au CHRU de Tours est revenu sur l’épidémie de Mpox (connue aussi sous le nom de variole du singe ou Monkeypox) lors du dernier congrès de la SFLS. Il y a rappelé qu’un total de 91 788 cas de Mpox confirmés en laboratoire, dont 167 décès, a été déclaré dans 116 pays et territoires de janvier 2022 au 31 octobre 2023, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En France, l’épidémie est contrôlée même si le virus circule toujours à très bas seuil (41 cas en France en 2023, entre un et quatre cas par mois). L’inquiétude subsiste suite à une alerte de l’OMS qui a rapporté, samedi 25 novembre, 12 569 cas suspects de Mpox, dont 581 décès, en République démocratique du Congo (RDC) de janvier au 12 novembre (voir plus bas). Par ailleurs, cette nouvelle résurgence du Mpox inquiète les experts-es car la souche de virus identifiée correspond au clade 1 (souche) qui, jusque-là, n’était pas associé à une transmission par voie sexuelle. En avril, un premier foyer épidémique de cas suspects de clade 1 de Mpox transmis sexuellement a été identifié à Kenge, environ 260 km à l’est de Kinshasa. « Ces nouvelles caractéristiques de transmission par voie sexuelle [du clade 1] font désormais naître des préoccupations supplémentaires quant à la rapide expansion continue de l’épidémie dans le pays », a déclaré l’agence sanitaire onusienne. À ce jour, aucun cas de ce clade 1 n’a été observé à extérieur à l’Afrique centrale, mais nous le savons, les virus ne s’arrêtent pas aux frontières…

    Qu’en est-il de la durée immunitaire de la vaccination Mpox ? Ce que l’on sait, c’est que la vaccination n’empêche pas l’infection (et la ré-infection), mais diminue de façon significative les formes graves du Mpox. Ce que l’on ne sait pas encore c’est la durée réelle de cette immunité. Faudra-t-il refaire une campagne de vaccination en 2024 notamment à destination des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (97 % des cas de Mpox en 2022) ? « Il va falloir se préparer à la revaccination », a répondu Simon Jamard. La SFLS a-t-elle prévu de s’emparer du sujet ? La rédaction de Remaides a posé la question à Hugues Cordel, président de la SFLS qui se veut rassurant : « Nous restons attentifs à toute émergence, mais nous ne sommes pas un institut de recherche donc on ne pourra pas faire d’étude sur la durée de protection du vaccin » explique le représentant de la société savante. « Ce qu’on nous a présenté aujourd’hui était plutôt rassurant, mais si nous sentons qu’une nouvelle campagne de vaccination est nécessaire, nous ferons passer le message », ajoute Hugues Cordel. De son côté, l’OMS mène actuellement une mission conjointe avec le ministère de la santé de RDC « pour évaluer la situation ». Affaire à suivre…

    Mpox : l'OMS craint une propagation de l'épidémie depuis la RDC

    Inquiétude. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est dite inquiète (15 décembre) des risques de propagation internationale de l’épidémie de Mpox (aussi appelée variole du singe ou monkeypox) qui s’étend actuellement en République démocratique du Congo (RDC) et dont la transmission sexuelle s’accélère. « Nous craignons qu’il y ait une transmission internationale » depuis la RDC, a déclaré la Dre Rosamund Lewis, spécialiste de cette maladie à l’OMS, lors d’un point de presse à Genève. « L’épidémie s’étend rapidement dans le pays » qui a signalé cette année « plus de 13 000 cas suspects », soit « plus de deux fois le nombre de cas signalés au cours des années précédentes », et parmi eux « plus de 600 décès », a indiqué l’experte. L’OMS avait déjà sonné l’alerte, fin novembre 2023, sur cette épidémie en RDC, porté par le variant I du virus, et annoncé l’envoi d’une mission d’évaluation, indique l’AFP. « Le tableau démographique dans les zones nouvellement infectées est donc préoccupant, car c’est la première fois que nous constatons que le virus Mpox touche plus de femmes que d’hommes », a signalé la Dre Lewis. Des flambées du variant IIb du Mpox avaient été constatées, à partir de mai 2022, en Europe et aux États-Unis, en dehors de la dizaine de pays d’Afrique centrale et de l’Ouest où la maladie est depuis longtemps endémique. Cette situation avait poussé l’OMS à déclarer le niveau d’alerte maximale le 23 juillet 2022. Le 11 mai, l’OMS avait levé l’alerte, mais appelé à rester vigilant. L’épidémie s’était propagée via des rapports sexuels entre hommes. Depuis mai 2022, plus de 92 000 cas ont été signalés dans 117 pays, selon l’OMS. Récemment les cas notifiés à l’OMS sont repartis à la hausse, passés d’une centaine par mois de juin à août à « plus que 1 000 par mois » aujourd’hui, a indiqué la Dre Lewis. Elle a également signalé des « flambées » en Asie, notamment au Japon, Vietnam, Chine et Indonésie. Le Cambodge a signalé cette semaine son premier cas. La Dre Lewis a indiqué que l’organisation avait été informée d’une suspicion de flambée de cas sur un bateau de croisière ayant navigué en Asie du Sud-Est.

    L’épidémie actuelle en RDC inquiétude notamment l’OMS car elle se propage à des zones considérées jusque-là comme épargnées par le Mpox, dont Kinshasa, Lualaba et le Sud-Kivu. Et parce que c’est la première fois qu’une transmission sexuelle parmi des malades atteints-es du variant I est observée, a rappelé la Dre Lewis. L’OMS est également inquiète quant au niveau de dangerosité du variant (également appelé clade par l’OMS) circulant en RDC. « Ce qui nous préoccupe dans le cas du clade I, c’est qu’il présente un niveau de gravité plus élevé, un niveau de mortalité plus élevé », a déclaré Maria Van Kerkhove, directrice intérimaire de la préparation aux pandémies à l’OMS.

    Mpox : un virus qui circule toujours 

    Le 20 octobre dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié son 29e bulletin de situation concernant l'épidémie de Mpox (Monkeypox ou variole du singe) dans le monde. Un virus qui continue de circuler, y compris en France (à bas seuil). Depuis octobre 2023, la stratégie de surveillance du Mpox de l'OMS est passée d’hebdomadaire à mensuelle. Des cas de Mpox continuent d'être signalés dans la plupart des régions de l'OMS. Les régions les plus touchées en septembre 2023, classées par nombre de cas, étaient la région du Pacifique occidental, suivie de la région européenne, de la région de l'Asie du Sud-Est, de la région des Amériques et de la région africaine. Un nouveau cas a été signalé dans la région de la Méditerranée orientale. L’OMS a observé une augmentation significative des cas signalés en Europe pour le mois de septembre, par rapport aux mois précédents. Du 1er janvier 2022 au 30 septembre 2023, un total cumulatif de 91 123 cas de Mpox confirmés en laboratoire, dont 157 décès, ont été signalés à l'OMS dans 115 pays/territoires/régions répartis dans les six régions de l'OMS. Un total de 868 nouveaux cas a été signalé en septembre 2023, soit une baisse de 16 % par rapport au nombre de nouveaux cas signalés le mois précédent. La plupart des cas au cours du dernier mois ont été signalés dans la région du Pacifique occidental (45 %) et dans la région européenne (26,4 %). Dans l'ensemble, la région européenne a enregistré la plus forte augmentation des cas mensuels (+ 660 %). Au cours du mois de septembre (1er au 30 septembre), 21 pays ont signalé une augmentation du nombre de cas par rapport au mois précédent (1er au 31 août). Le Portugal a enregistré la plus forte augmentation relative de cas (86 en septembre contre 3 en août). D'autres pays de la région européenne ayant connu une augmentation du nombre de cas signalés incluent l'Espagne et le Royaume-Uni. La Chine a signalé une réduction de 34 % du nombre de nouveaux cas le mois dernier (365 contre 556), mais continue d'influencer les chiffres élevés de cas dans la région du Pacifique occidental. Une baisse du nombre de cas signalés a été observée dans la région africaine, mais il n'est pas clair si cela est dû à une diminution des cas ou à un retard dans la déclaration. Au 30 septembre 2023, les dix pays ayant signalé le plus grand nombre cumulatif de cas dans le monde sont les États-Unis (30 636), le Brésil (10 967), l'Espagne (7 611), la France (4 158), la Colombie (4 090), le Mexique (4 062), le Pérou (3 812), le Royaume-Uni (3 805), l'Allemagne (3 708) et la Chine (1 794), qui a remplacé le Canada dans le « top dix » des pays signalant le plus de cas. Ensemble, ces pays représentent 81,9 % des cas signalés à l'échelle mondiale. En France, le dernier bulletin publié par Santé publique France (SPF) date du 3 mai. Lors de la journée scientifique du TRT-5 CHV le 27 septembre dernier, Florence Lot, responsable de l’unité VIH, hépatites et IST de SPF, a annoncé que le Mpox circulait toujours à bas seuil en France avec une moyenne de cinq cas déclarés par mois.