L’Actu vue par Remaides : « Santé mondiale : pourquoi la France doit renforcer son engagement »
- Actualité
- 28.05.2025
Action coup de poing de militants-es de AIDES et de Coalition PLUS, place de la Concorde, le 29 avril 2025. Photo : Bastien André.
Par AIDES et Coalition PLUS
Santé mondiale : pourquoi la France doit renforcer
son engagement
À la fin de l’année se tiendra la huitième reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Pour éviter une crise sanitaire et économique mondiale, les Français-es sont nombreux-ses à souhaiter que la France investisse davantage dans la santé mondiale. Entretien avec le professeur Mehdi Karkouri, président de Coalition PLUS, réseau international d’ONG de lutte contre le VIH/sida engagées en France et dans 51 pays pour les droits et la santé des populations clés de l’épidémie.
Mehdi Karkouri, qu’est-ce que le Fonds mondial et quel est son rôle exact ?
Mehdi Karkouri : Créé en 2002, le Fonds mondial est un partenariat international destiné à financer des programmes de prévention et de traitement du VIH, de la tuberculose et du paludisme dans les pays les plus affectés. Il rassemble gouvernements, communautés et secteur privé pour trouver des solutions communes et éradiquer ces maladies. À l’occasion de sa reconstitution, il appelle les pays contributeurs, notamment la France, les États-Unis, l’Allemagne et le Japon, à réunir 18 milliards de dollars pour sauver 23 millions de vies, réduire la mortalité liée à ces maladies et renforcer durablement les systèmes de santé. Depuis vingt ans, là où le Fonds mondial intervient, les nouvelles infections à VIH ont chuté de 61 % et les décès liés au sida de 73 %.
Pourquoi est-il essentiel que la France participe activement à cette reconstitution des ressources ?
La France s’est toujours distinguée par son engagement dans la solidarité internationale, particulièrement dans la lutte contre le VIH/sida. Aujourd’hui, alors que nous pouvions enfin envisager la fin de l’épidémie dans les prochaines années, la baisse des financements américains compromet les progrès historiques et menace directement la vie de millions de personnes. L’engagement français est plus crucial que jamais. La pandémie de Covid-19 nous a rappelé que les virus ne connaissent pas de frontières. Il en va de même pour le VIH : une réponse affaiblie dans un pays affecte rapidement d’autres régions du monde. Renforcer les systèmes de santé contre le VIH, c’est aussi prévenir les futures crises sanitaires et protéger la santé mondiale dans son ensemble. C’est un investissement stratégique et gagnant-gagnant.
Huit Français-es sur dix estiment que la France doit jouer un rôle majeur dans la lutte contre le sida au niveau mondial. Qu’est-ce que cela signifie ?
L’opinion publique exprime le souhait que la France s’engage activement pour protéger les populations vulnérables dans le Sud global, tout en protégeant aussi la santé publique en France contre le risque de recrudescence épidémique.
Quels sont les arguments économiques et stratégiques en faveur d’un investissement accru ?
Investir dans la santé mondiale, c’est agir stratégiquement pour prévenir les crises futures. Chaque dollar investi par le Fonds mondial génère en retour 19 dollars de bénéfices économiques et sanitaires, en évitant des coûts futurs considérables liés à de potentielles crises sanitaires. Ce n’est pas uniquement une action de solidarité : c’est un choix rationnel et stratégique qui protège notre sécurité collective.
Quel message adresser aux décideurs politiques avant la conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial ?
La santé est un droit universel et la coopération internationale est plus que jamais indispensable face aux enjeux sanitaires et budgétaires actuels. En augmentant significativement sa contribution au Fonds mondial, la France réaffirmera son engagement historique en matière de solidarité, de justice sociale et de dignité humaine. Cette démarche est une question de responsabilité morale, de crédibilité politique et de sécurité sanitaire internationale.
En savoir plus sur AIDES.
En savoir plus sur Coalition PLUS.