Je fais un don

    L’Actu vue par Remaides : « Le Royaume-Uni lance la première campagne mondiale de vaccination contre la gonorrhée »

    • Actualité
    • 05.06.2025

     

    vaccination_1.jpg

     

    DR.

    Par Fred Lebreton et Jean-François Laforgerie

    Le Royaume-Uni lance la première campagne mondiale de vaccination contre la gonorrhée

    Face à l'explosion des cas et à la menace croissante de souches résistantes, le Royaume-Uni lance une campagne inédite de vaccination ciblée contre la gonorrhée. Elle mise sur un vaccin conçu à l’origine contre le méningocoque B, qui offre une protection partielle contre cette infection sexuellement transmissible. Explications.
    En fin d’article, d’autres infos Produits et Droits des personnes étrangères

     

    Une première mondiale face à une menace sanitaire grandissante
    À partir du 1er août, l’Angleterre lancera une campagne inédite de vaccination contre la gonorrhée, une IST de plus en plus préoccupante. Le National Health Service (NHS) ciblera en priorité les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les personnes ayant des partenaires sexuels multiples, ainsi que celles ayant récemment contracté une autre IST. Avec plus de 85 000 cas recensés en 2023 ― un record depuis le début du suivi statistique en 1918 ―, les autorités britanniques entendent freiner la dynamique d’une infection désormais en alerte rouge sur le front de l’antibiorésistance. « Les personnes concernées seront identifiées et contactées dans les prochaines semaines », rapporte The Guardian, qui précise que la vaccination s’effectuera dans des centres de santé sexuelle habilités. Les bénéficiaires se verront également proposer une vaccination contre d’autres IST telles que le Mpox, le HPV ou les hépatites A et B. Une extension aux femmes les plus exposées est également envisagée au cas par cas. Cette réponse sanitaire ambitieuse repose sur une stratégie vaccinale détournée : l’utilisation du Bexsero, un vaccin habituellement administré aux nourrissons contre le méningocoque B, connu pour provoquer des méningites et des septicémies. Les bactéries Neisseria meningitidis (cible de Bexsero) et Neisseria gonorrhoeae (responsable de la gonorrhée) sont très proches génétiquement (80–90 % d’homologie), ce qui rend plausible une réponse immunitaire croisée. La Dre Amanda Doyle, directrice nationale des soins primaires et des services communautaires au sein du NHS England, a déclaré : « Le lancement du tout premier programme de vaccination systématique contre la gonorrhée constitue une avancée majeure en matière de santé sexuelle. Il jouera un rôle crucial pour protéger les individus, prévenir la propagation de l’infection et réduire la progression des souches bactériennes résistantes aux antibiotiques. »

    Bexsero partiellement efficace, la recherche continue
    Quel est le taux de protection du vaccin Bexsero ? Des études menées en Australie, au Royaume-Uni et aux États-Unis évoquent une réduction du risque d’infection allant de 30 % à 46 %, en fonction des contextes. Une méta-analyse de douze études confirme une efficacité globale de 33–34 % à la suite du cycle complet (deux doses). En France, les résultats finaux de l’essai ANRS Doxyvac présentés à la conférence américaine Croi en mars 2024 montraient que l’effet du vaccin sur la gonorrhée, initialement estimé à 51 %, ne serait en réalité que de 22 %. « Bien qu’un petit bénéfice ne puisse pas être exclu, sa pertinence clinique semble très limitée. Un vaccin plus efficace est nécessaire », avait tranché le Pr Molina. L’ANRS | Maladies infectieuses émergentes avait d’ailleurs commandé un audit indépendant afin d’expliquer la discordance entre l’analyse intermédiaire et les données finales. Si Bexsero semble offrir une protection partielle ― et surtout bien tolérée ― les scientifiques s’accordent à dire que la solution pour réduire massivement les infections passera par de nouveaux candidats vaccins spécifiquement conçus contre le gonocoque. Côté recherche, des candidats vaccins comme GonoVac (développé par le Jenner Institute) et ceux portés par la biotech suisse LimmaTech Biologics sont en phase préclinique ou en cours de préparation d’essais cliniques chez l’humain. Ces approches reposent sur des plateformes innovantes exploitant les similitudes génétiques entre les méningocoques et les gonocoques. En parallèle, l’OMS a inscrit la gonorrhée sur sa feuille de route vaccinale prioritaire. Si les premiers vaccins spécifiques ne sont pas attendus avant plusieurs années, les avancées scientifiques et les investissements récents nourrissent l’espoir d’une réponse immunitaire efficace face à cette IST en pleine recrudescence.

    En bref, d'autres infos Produits et Droits des personnes étrangères

    Médicaments, vapoteuses, etc. : les jeunes Européens-nes exposés-es à de « nouveaux risques d’addictions »
    L’Agence européenne sur les drogues alerte dans un rapport publié mardi 20 mai autour des nouvelles addictions qui touchent les jeunes européens-nes, indique l’AFP. La consommation d’alcool, de drogues et de cigarettes est en baisse chez les adolescents-es européens-nes ; reste que de nouvelles formes d’addictions se développent et trouvent leur public, indique une étude citée par l’AFP. « Alors que la consommation de substances chez les jeunes de 15 à 16 ans en Europe continue de décliner sur le long terme, de nouveaux risques comportementaux et sanitaires progressent », souligne l’Agence européenne des drogues (Euda) dans un communiqué. Par ailleurs, l’Euda constate « une augmentation notable de comportements à risque chez les filles » dans le huitième rapport du Projet européen d’enquête en milieu scolaire sur l’alcool et les autres drogues (Espad), qui réalise une enquête tous les quatre à cinq ans depuis 1995. L’utilisation de la cigarette électronique est en hausse depuis que l’Espad a commencé à en mesurer la consommation. L’usage est passé de 14 % de fumeurs-ses (ayant fumé au cours des 30 derniers jours) en 2019 à 22 % en 2024. En revanche, le tabagisme est en baisse : en 1995, 33 % des 15-16 ans déclaraient avoir fumé au moins une cigarette au cours du dernier mois, contre 18 % en 2024. Concernant les drogues, la proportion de jeunes ayant déjà expérimenté la consommation d’une substance illicite au cours de leur vie est également en baisse continue depuis 2011, passée de 19 % à 14 %.
    Source d’inquiétude : l’usage non médical des médicaments ― notamment de tranquillisants, sédatifs et analgésiques. Il représente désormais une « préoccupation croissante », estime l’Euda, avec 14 % des 15-16 ans ayant déjà consommé au cours de leur vie.
    Pour cette enquête menée en 2024 dans 37 pays européens, 113 882 élèves âgés-es de 15 à 16 ans ont été interrogés par formulaire anonyme.
    Pour des résultats (en français), c’est ici.

    Réunion publique « L’ordre public : instrument de mise à l’écart des personnes étrangères » le 16 juin
    La « menace pour l’ordre public » est omniprésente dans le code des étrangers et du droit d’asile (Ceseda) affectant les dispositions relatives aussi bien au droit au séjour ou au travail, qu’à l’asile ou à l’éloignement, explique un communiqué du Gisti. « Chaque réforme du Ceseda a été l’occasion d’y empiler de nouvelles références et c’est ainsi que s’est progressivement construite la déclinaison législative d’une politique qui érige la personne étrangère en menace pour la tranquillité de tous-tes », commente l’ONG. La loi du 26 janvier 2024 amplifie cette « tendance lourde » avec de nouvelles et multiples références au « respect de l’ordre public », au « trouble à l’ordre public », à la « menace pour l’ordre public ». L’OEE (Observatoire de l’enfermement des étrangers) a décidé de consacrer sa prochaine réunion publique au décryptage de cette « notion floue », aux « référents et aux usages potentiellement xénophobes, favorisant l’arbitraire administratif, et à ses effets sur les personnes étrangères plus d’un an après le vote de la loi asile et immigration ».
    Après une brève introduction, suivront trois interventions :
    - Thomas Giraud, magistrat et président du syndicat Justice administrative collective et indépendante (Jaci) ;
    - Jean-Christophe Berlioz, magistrat et membre du syndicat de la magistrature (SM) ;
    - Julie Gonidec, avocate au barreau de Paris, membre du syndicat des avocats-es de France (SAF).
    Les interventions seront suivies d’un débat avec la salle.
    Inscription recommandée.
    Il est possible d’assister en présentiel ou en visio à cette conférence qui se tiendra lundi 16 juin 2025 de 18h à 20h à la Cimade, 91 rue Oberkampf, 75011 Paris.
    Vous pouvez retrouver ce communiqué ici.