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    L’Actu vue par Remaides : « L’OMS maintient l’alerte face au Mpox »

    • Actualité
    • 21.06.2025

     

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    Crédit photo : DR.

    Par Jean-François Laforgerie et Fred Lebreton

    L'OMS maintient l'alerte face au Mpox

    L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré lundi 9 juin maintenir l’alerte face à l’épidémie de Mpox, qui touche principalement l’Afrique. Elle a appelé à « un soutien international continu ». Récemment, Santé publique France a publié les données françaises concernant le nombre de cas recensés ces derniers mois. Remaides fait le point.

    Maintenir l’alerte face à la recrudescence du Mpox
    Le 9 juin, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, « a annoncé que la flambée du Mpox continuait de répondre aux critères d’une urgence de santé publique de portée internationale [USPPI] », selon un communiqué, cité par l’AFP.
    L’USPPI était jusqu’à l’an dernier le niveau d’alerte le plus élevé face à une épidémie selon le règlement sanitaire international, un cadre juridiquement contraignant pour les 194 États engagés dans l’OMS. Des amendements adoptés en juin 2024 par les pays de l’Organisation mondiale de la santé ont introduit un plus haut degré d’alerte : celui d’ « urgence due à une pandémie ». La décision de maintenir l’alerte face à la recrudescence du Mpox fait suite à une nouvelle réunion du Comité d’urgence du règlement sanitaire international, le 5 juin. Ce comité, tout en « reconnaissant les progrès réalisés dans la capacité de réponse de certains pays », a indiqué au directeur général de l’OMS que l’épidémie en cours répondait toujours aux critères d’une « urgence de santé publique de portée internationale ». Et cela en raison de « l’augmentation continue du nombre des cas, y compris récemment en Afrique de l’Ouest », et de « la poursuite probable d’une transmission non détectée dans certains pays au-delà du continent africain ». De plus, « les difficultés opérationnelles persistantes » pour répondre à l’épidémie, « y compris en matière de surveillance et de dépistage, ainsi que le manque de financement, font qu’il est difficile de hiérarchiser les interventions et qu’un soutien international continu est nécessaire », poursuit l’organisation.

    Une alerte qui date de 2024
    Le chef de l’OMS avait déclaré cette « urgence de santé publique de portée internationale » le 14 août 2024 face à la « propagation fulgurante » de la maladie, anciennement connue sous le nom de variole du singe, en Afrique et en particulier en République démocratique du Congo (RDC). L’OMS avait pris la même décision en juillet 2022, lorsqu’une épidémie de Mpox s’était étendue à travers le monde, avant de la lever en mai 2023. « Depuis le début de 2024, plus de 37 000 cas confirmés de Mpox ont été signalés à l’OMS par 25 pays, dont 125 décès », a indiqué le patron de l’OMS le 7 juin dernier au comité d’urgence. La RDC rassemble à elle seule 60 % des cas confirmés et 40 % des décès, suivie par l’Ouganda, le Burundi et le Sierra Leone, qui connaît une augmentation du nombre des cas depuis le début de cette année. En plus des cas confirmés, la République démocratique du Congo continue de signaler entre 2 000 et 3 000 cas suspects chaque semaine. Depuis la précédente réunion du comité en février, sept autres pays ont signalé des flambées pour la première fois : Albanie, Ethiopie, Malawi, Macédoine du Nord, Soudan du Sud, Tanzanie et Togo.

    Un appel à la solidarité internationale
    « Nous avons besoin d’une vaccination stratégique et ciblée. Et nous avons besoin que tous les partenaires et donateurs soutiennent le plan stratégique mondial de préparation et de réponse au Mpox, en fournissant les 147 millions de dollars nécessaires », a demandé le patron de l’OMS. Le Mpox, causé par un virus de la même famille que celui de la variole, se manifeste principalement par une forte fièvre et l’apparition de lésions cutanées, dites vésicules. Identifiée pour la première fois en RDC en 1970 (alors Zaïre), la maladie est longtemps restée circonscrite à une dizaine de pays africains. Elle comprend deux sous-types : clade 1 et clade 2. Le virus, longtemps endémique en Afrique centrale, a traversé les frontières en mai 2022 lorsque le clade 2 s’est propagé à travers le monde, affectant principalement les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.

    Quelles sont les données en France ?
    Les dernières dont on dispose ont fait l’objet d’un Bulletin de Santé publique France, publié le 2 avril dernier. Au total, 48 cas de Mpox ont été déclarés à Santé publique France depuis le 1er janvier 2025. Tous ont été confirmés biologiquement.  Les cas déclarés concernent tous des hommes adultes.
    Tous les cas concernaient des hommes adultes, âgés entre 16 et 58 ans (médiane d’âge de 32 ans). La majorité des cas (35 cas) résidaient en région Île-de-France.
    Parmi les 45 cas pour lesquels cette information était disponible, sept ont déclaré avoir eu un contact à risque au cours des trois semaines précédant la survenue des symptômes (avec un cas confirmé pour deux d'entre eux et un cas non confirmé pour les cinq autres). Parmi les 41 cas renseignés, un voyage dans un pays étranger au cours des trois semaines précédant la survenue des symptômes était signalé pour sept cas (trois dans des pays d'Afrique sub-saharienne et cinq dans des pays d'Europe, un cas ayant voyagé en Afrique sub-saharienne et en Europe).
    Deux cas de clade Ib ont été confirmés par le centre national de référence des orthopoxvirus depuis le début de l’épidémie. Un premier cas de clade Ib, déclaré fin décembre 2024, a été confirmé par le centre national de référence des orthopoxvirus début janvier 2025. Le second cas a été confirmé fin février. L’un des cas a été importé d’un pays d’Afrique où le clade I du virus Mpox circule ; l’autre avait été en contact avec une personne ayant séjourné dans un pays africain où la circulation de ce même clade a été rapportée.
    Parmi les 48 cas, dix-sept ont reçu au moins une dose de vaccin depuis 2022 (information non disponible pour quatre cas).

    Cas signalés depuis le début de l’épidémie de 2022
    Le nombre de cas de Mpox actuellement déclarés en France est sans commune mesure avec celui observé au cours de l’épidémie de 2022 (4 976 cas). En 2023 et 2024, respectivement 52 cas et 221 cas ont été déclarés. Le nombre total de cas déclarés au 1er avril 2025 est de 5 297, dont 84 % ont été confirmés biologiquement.

    Qui peut se faire vacciner ?
    Pour l’instant, la vaccination contre le Mpox ne concerne pas la population générale, mais plutôt certaines communautés qui sont plus exposées à un risque de contracter ce virus. Dans sa mise à jour des recommandations, le 2 septembre dernier, la HAS recommande que soient éligibles à une vaccination avec le vaccin MVA-BN (Imvanex ou Jynneos) les personnes à haut risque d’exposition au virus, soit :

    - Les hommes multipartenaires ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) ;

    - Les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples ;

    - Les travailleurs-ses du sexe ;

    - Les personnels des lieux de consommation sexuelle ;

    - Les femmes vivant avec un HSH.

    Combien de doses ?
    Note de la rédaction : La HAS utilise le terme « personnes immunodéprimées ». Ce terme désigne notamment les personnes vivant avec le VIH avec des CD4 inférieurs à 200/mm3. Inversement, le terme « personnes immunocompétentes » désigne les personnes qui ne sont pas immunodéprimées.

    Quatre cas de figure sont détaillés par la HAS :
    Personnes éligibles à la vaccination n’ayant jamais été vaccinées avec un vaccin MVA-BN (celui utilisé depuis 2022) :

    Chez les personnes immunocompétentes : Une seule dose de rappel pour les personnes vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ; deux doses pour les personnes non vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ;
    Chez les personnes immunodéprimées :
    Trois doses pour les personnes vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ;
    Trois doses pour les personnes non vaccinées dans l’enfance (avant 1980).

    Personnes éligibles à la vaccination n’ayant reçu qu’une seule dose du vaccin MVA-BN (celui utilisé depuis 2022) :
    Chez les personnes immunocompétentes : Aucune dose de rappel pour les personnes vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ; une seule dose de rappel pour les personnes non vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ;
    Chez les personnes immunodéprimées : Deux doses pour les personnes vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ; Deux doses pour les personnes non vaccinées dans l’enfance (avant 1980).

    Personnes éligibles à la vaccination ayant reçu un schéma complet du vaccin MVA-BN (celui utilisé depuis 2022) :
    Chez les personnes immunocompétentes : Aucune dose de rappel pour les personnes vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ; une dose de rappel pour les personnes non vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ;
    Chez les personnes immunodéprimées : Une dose de rappel pour les personnes vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ; Une dose de rappel pour les personnes non vaccinées dans l’enfance (avant 1980).

    Personnes éligibles à la vaccination ayant contracté le Mpox entre 2022 et aujourd’hui :
    Chez les personnes immunocompétentes : Aucune dose de rappel pour les personnes vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ; aucune rappel pour les personnes non vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ;
    Chez les personnes immunodéprimées : aucune de rappel pour les personnes vaccinées dans l’enfance (avant 1980) ; aucune dose de rappel pour les personnes non vaccinées dans l’enfance (avant 1980).

    « En France, la vaccination contre la variole était obligatoire jusqu'en 1979 et la maladie a été déclarée comme éradiquée en 1980, grâce à une campagne de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Vous pouvez vérifier cette vaccination dans votre carnet de santé, mais dans le doute, il n'y a pas de problème à faire les deux doses de vaccination », expliquait le Pr Jean-Daniel Lelièvre, dans un entretien à Remaides en février 2024.

    Important : Vivre avec le VIH ne remet pas en cause l’indication vaccinale
    Pour les personnes vivant avec le VIH avec des CD4 inférieurs à 200/mm3 (ou stade sida), le nombre de doses recommandé peut être supérieur au nombre de doses habituel (à confirmer avec votre infectiologue). La vaccination ne confère pas une protection immédiate. Aussi, il est important de continuer à éviter tout contact exposant à un risque avec une personne infectée par le virus Mpox ou suspectée de l’être. Par ailleurs, il est important de rappeler que quelle que soit l’efficacité du vaccin après une ou deux doses, celle-ci ne sera jamais de 100 %. La prévention doit être combinée.