L’Actu vue par Remaides : « LGBTphobies: hausse des cas en 2024, climat délétère dénoncent des associations »
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- 20.05.2025
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Par Jean-François Laforgerie
LGBTphobies : hausse des cas
en 2024 ; un "climat délétère" dénoncent les associations
Comme c’est désormais la tradition. SOS Homophobie a publié (15 mai) à l’occasion de la Journée mondiale contre les LGBTphobies (14 mai) son rapport annuel. Il constate et déplore une « hausse des cas en 2024 ». L’association dénonce un « climat délétère » qui s’installe durablement. Un constat que ne démentent pas les services de police et de gendarmerie qui ont également publiés leurs statistiques. Selon les données officielles, les infractions anti-LGBT+ enregistrées par les services de police et de gendarmerie ont augmenté de 5 % en France en 2024.
Insultes dans la rue, cyberharcèlement ou violences physiques : les infractions anti-LGBT+ ont augmenté de 5 % en France l’an dernier selon des chiffres officiels, dans un contexte « délétère » marqué par une multiplication des discours discriminants, déplorent des associations, dont SOS Homophobie. Au total, 4 800 infractions ont été enregistrées l’an passé, dont 3 100 crimes ou délits (+ 7 % en un an) et 1 800 contraventions (+ 1 %), a indiqué le ministère de l’Intérieur, à l’approche de la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, prévue le 17 mai. La progression annuelle reste toutefois moins importante que les années précédentes. Les infractions contre les lesbiennes, gays, bi et trans avaient augmenté de 15 % en moyenne sur la période 2016-2023.
« On reste sur une réalité problématique », a estimé auprès de l’AFP Flora Bolter, co-directrice de l’observatoire LGBTI+ de la fondation Jean Jaurès. « Les crimes et délits augmentent plus vite que les contraventions, or, ils correspondent à des actes plus graves ».
Ce durcissement « inquiétant » des actes anti-LGBT s’observe aussi au niveau européen, selon cette spécialiste. Pour Julia Torlet, présidente de SOS Homophobie, le climat actuel est « délétère » : des personnalités politiques multiplient les propos anti-LGBT+, ce qui « encourage les actes haineux et leur « donne une légitimité ». « Ces discours s’infusent dans la société et deviennent banals ce qui est dangereux », a-t-elle ajouté auprès de l’AFP.
L’association a récolté l’an dernier 1 571 témoignages via ses dispositifs d’écoute et de soutien aux victimes (ligne téléphonique : 01 48 06 42 41, chat, mail), selon son rapport annuel publié le 15 mai. Un chiffre en baisse par rapport aux 2 085 témoignages de 2023.
Plus de la moitié de ces témoignages (55 %) dénoncent de la « gayphobie », 23 % de la transphobie, 18 % de la LGBTphobie en général, 12 % de la lesbophobie, 3 % de la biphobie et 1 % de l’intersexophobie (attitude discriminatoire à l’encontre des personnes intersexes).
Les victimes de crimes et délits répertoriés par les autorités sont majoritairement des hommes (plus de 70 % en 2024) et près de la moitié ont moins de 30 ans, selon le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI). Les mis en cause sont aussi principalement des hommes (83 %) et également des jeunes de moins de 30 ans. Un tiers des infractions anti-LGBT+ enregistrées sont des injures ou diffamations, et 9 % sont en lien avec le numérique. Les discours anti-LGBT+ des politiques « libèrent aussi la parole en ligne, on se retrouve avec une explosion de propos anti-LGBT et de cyberharcèlement » qui a notamment ciblé l’an dernier des personnalités, pointe Julia Torlet de SOS Homophobie.
Thomas Jolly, le directeur artistique de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, qui incluait un tableau mettant en scène des drag queens, a été pris pour cible, rappelle le rapport de l’association. Tout comme la DJ Barbara Butch, star de ce tableau. La justice française a poursuit et condamné récemment certains-es des auteurs-rices de ces messages.
Les violences physiques et les menaces représentent elles respectivement près de 20 % des crimes ou délits enregistrés. Le recours au dépôt de plainte reste « extrêmement faible », (environ 4 %) parmi les victimes d’actes anti-LGBT+, selon l’enquête Vécu et ressenti en matière de sécurité du SSMSI (Service statistique ministériel de la sécurité intérieure). L’agglomération parisienne et les autres communes de plus de 200 000 habitants-es concentrent 55 % des actes anti-LGBT+, selon la publication du SSMSI.
« Cette plus forte victimation des minorités sexuelles reflète des particularités de la population concernée. Les personnes se déclarant appartenir à une minorité sexuelle sont en effet plus jeunes et vivent plus souvent dans des grandes villes, explique le SSMSI.
« Enfin en matière de discrimination et de violences discriminatoires, 5 % des personnes ayant déclaré une discrimination en 2022, et 8 % de celles ayant subi des violences à caractère discriminatoire, estiment que ces actes étaient motivés par leur orientation sexuelle ou leur identité de genre ».
La hausse des infractions anti-LGBT+ confirme « une tendance de fond préoccupante », qui « s’inscrit dans un climat plus large de montée de toutes les formes de haine », a estimé, de son côté, dans une déclaration transmise à l’AFP, Mathias Ott, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT+ (Dilcrah), qui veut « combattre durablement les préjugés anti-LGBT+ ».
Les chiffres clefs du rapport de SOS Homophobie
- En 2023, SOS homophobie a recensé 2 377 cas de LGBTIphobies en France. Ce chiffre est issu du traitement des 2 085 témoignages (un témoignage pouvant recouvrirplusieurs cas de LGBTIphobies) reçus par l’association via ses dispositifs d’écoute et de soutien aux victimes (ligne téléphonique anonyme, chat’écoute et formulaire de témoignage en ligne) ;
- Les hommes cis restent la population qui témoigne le plus : ils représentent 39 % des victimes et sont les victimes de 67 % des cas d’agression physique rapportés ;
- La haine en ligne représente 23 % des cas signalés ;
- Un quart des cas de transphobie recensés sur l’année 2023 sont liés à la haine en ligne ;
- La transphobie continue d’être un sujet majeur avec 21 % des cas recensés, faisant de ce contexte le deuxième plus représenté dans nos témoignages après la gayphobie (45 %) ;
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Les chiffres clefs du rapport du SSMSI
- En 2024, les infractions anti-LGBT+ enregistrées par les services de police et de gendarmerie nationales ont progressé de 5 % sur un an, après une hausse moyenne annuelle de 15 % sur la période 2016-2023 ;
- Parmi ces 4 800 infractions, 63 % sont des crimes ou des délits (+ 7 % sur un an) et 37 % des contraventions (+ 1 % sur un an) ;
- Depuis 2016, le nombre de crimes et délits a augmenté en moyenne de 14 % par an, tandis que celui des contraventions a progressé en moyenne de 11 % par an ;
- Le recours au dépôt de plainte reste toutefois extrêmement faible parmi les victimes d’actes anti-LGBT+ selon l’enquête Vécu et ressenti en matière de sécurité (environ 4 %) ;
- Ces actes se produisent principalement dans les agglomérations de plus de 200 000 habitants, notamment à Paris ;
- Les victimes de crimes ou délits anti-LGBT+ enregistrées sont majoritairement des hommes (plus de 70 %), dont près de la moitié ont moins de 30 ans ;
- Les mis en cause sont aussi des hommes (83 %), âgés de moins de 30 ans (53 %).
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