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    L'Actu vue par Remaides : IST : les données de l’OMS qui inquiètent

    • Actualité
    • 01.08.2024

    soins commu

    © DR

    Par Jean-François Laforgerie et Fred Lebreton

    IST : les données de l'OMS qui inquiètent

    Point de vigilance pour les instances sanitaires mondiales. Il concerne les IST. Les données portant sur les infections sexuellement transmissibles dans le monde indiquent, en effet, une augmentation ; ce qui inquiète l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Dans le cadre de ce travail de collecte de données, l’OMS a recensé les chiffres récents concernant les cas d’hépatites virales et de VIH. En France désormais, les associations et les établissements médico-sociaux habilités peuvent effectuer des Trod pour la syphilis. Toujours en France, les personnes de moins de 26  ans peuvent maintenant bénéficier d’un dépistage gratuit de plusieurs IST. Enfin, signalons la publication des nouvelles recommandations vaccinales pour les voyageurs-ses. La rédaction de Remaides fait le point sur l’actu IST et  santé sexuelle.
     

    IST : les données de l’OMS qui inquiètent
    Récemment, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a signalé une augmentation significative des cas d’IST. L’un des exemples les plus marquants est la syphilis, qui a augmenté pour atteindre huit millions de cas en 2022. Dans son rapport, l’OMS a noté que les nouveaux cas de syphilis chez les personnes adultes âgées de 15 à 49 ans ont augmenté de plus d’un million en 2022, pour atteindre un total de huit millions de cas. « Les nouveaux cas de syphilis chez les personnes adultes âgées de 15 à 49 ans augmenteront à plus d’un million en 2022, pour atteindre huit millions », indique le rapport de l’OMS. Dans son document de référence, l’OMS estime que les « maladies liées à la sexualité » tuent environ 2,5 millions de personnes chaque année, ce qui en fait un défi de santé publique majeur. Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a d’ailleurs souligné que l’augmentation des cas de syphilis suscitait de sérieuses inquiétudes. L’OMS vise à réduire de dix fois les cas de syphilis d’ici 2030 pour atteindre 0,71 million de cas par an. « L’augmentation des cas de syphilis est très préoccupante (…) Heureusement, cela coïncide avec des progrès importants sur divers autres fronts, notamment l’accélération de l’accès aux soins de santé cruciaux, y compris le diagnostic et le traitement », a déclaré Tedros. Le rapport de l’OMS indique également qu’il existe quatre types d’IST qui peuvent être guéries et contribuent à plus d’un million de cas par jour, à savoir la syphilis, la gonorrhée, la chlamydia et la trichomonase. L’OMS a noté une augmentation des souches de gonorrhée multi résistantes dans au moins 87 pays, neuf pays signalant des taux de résistance à la ceftriaxone – le traitement actuel de la gonorrhée – de 5 à 40 %, selon les pays.

    Cas d’hépatites et de VIH : les données de l’OMS
    L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a récemment rendu public un rapport sur les IST, dont le VIH et les hépatites virales B et C. L’OMS estime à environ 1,2 million, le nombre de nouveaux cas d’hépatite B et à un million le nombre de nouveaux cas d’hépatite C en 2022. Le nombre de décès liés aux hépatites virales chroniques est passé à 1,3 million de décès en 2022, contre 1,1 million de décès en 2019. D’autre part, les infections au VIH auraient diminué, passant de 1,5 million de cas en 2020 à 1,3 million de cas en 2022. Cependant, le nombre de décès des suites du VIH en 2022 a été enregistré à 630 000 cas, dont 13 % chez les enfants de moins de 15 ans. Les nouvelles infections du VIH n’ont diminué que de 1,5 million en 2020 à 1,3 million en 2022. Cinq groupes de population clés — les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les consommateurs de drogues injectables, les professionnels du sexe, les transgenres et les personnes vivant en prison — connaissent toujours des taux de prévalence du VIH nettement plus élevés que la population générale. L’OMS estime que 55 % des nouvelles infections par le VIH surviennent parmi ces populations et leurs partenaires. Le rapport de l’OMS montre que même si des progrès ont été réalisés dans le traitement des IST et du VIH, les défis restent énormes. Des efforts mondiaux plus importants sont nécessaires pour faire face à cette augmentation, notamment en améliorant l’accès aux soins de santé, en développant de nouveaux médicaments et en élargissant l’éducation sur la prévention des infections sexuellement transmissibles.

    Syphilis : les associations peuvent effectuer des Trod
    Les associations et les établissements médico-sociaux peuvent effectuer des Trod (tests de dépistage d’orientation diagnostique) pour la syphilis, à la suite d’un arrêté publié au JO, fin mai  2024. C’est une avancée importante pour la prévention de cette infection en recrudescence, a souligné le Quotidien du Médecin. Cette avancée majeure fait suite à un plaidoyer mené par l’association AIDES depuis 2022, dans un « contexte de recrudescence des IST », visant à valider la faisabilité des Trod couplés VIH/Syphilis. « C’est cette expérimentation qui a amené la collaboration entre l’association et le ministère et qui a donc activement participé à la publication de cet arrêté », explique au Quotidien David Michels, directeur Innovations et Programmes de AIDES. « Les conclusions apportées par l’expérimentation quant à l’adhésion des publics et des acteurs communautaires, les partenariats et accompagnements dans le parcours de soins et la pertinence de l’usage du test (3,7 % de positivité à l’issue de la campagne) ont fondé les bases de cette législation », précise le Quotidien du Médecin. Les acteurs-rices concernés-es par l’arrêté sont nombreux. On y retrouve les établissements médico-sociaux et les structures associatives impliqués dans la prévention sanitaire ou la réduction des risques associés à la consommation de substances psychoactives, les centres de santé sexuelle ainsi que les établissements d’information, de consultation ou de conseil familial, détaille le journal médical. « Nous sommes de fervents défenseurs du dépistage communautaire et la santé publique a tout intérêt à ce que les acteurs communautaires puissent bénéficier rapidement des nouveaux Trod  », a commenté David Michels auprès du Quotidien du Médecin. Pour David Michels, la prochaine étape est l’élargissement du dépistage aux infections à chlamydia et à gonocoques.

    Moins de 26  ans : dépistage gratuit de plusieurs IST
    L’arrêté qui établit la liste des IST (infections sexuellement transmissibles) pouvant être dépistées chez des personnes de moins de 26 ans en laboratoire de biologie médicale sans avance de frais, a été publié au Journal officiel. Sont désormais prises en compte dans ce cadre : l’hépatite B, la syphilis, l’ infection à chlamydiachlamydia et l’infection à gonocoque. La gratuité sera applicable à partir du 1er septembre 2024. La disposition concerne les personnes majeures de moins de 26 ans ou mineures avec consentement parental. Cette mesure était prévue dans la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) de décembre 2023. À ce jour, seul le dépistage du VIH est accessible pour tous les âges, pris en charge à 100 % sans ordonnance et sans avance de frais depuis janvier 2022. Concrètement, pour accéder au dépistage des IST, la personne devra remplir un questionnaire à son arrivée au laboratoire afin que les biologistes puissent l’orienter vers les dépistages « les plus pertinents et les modalités d’autoprélèvement les plus adaptées, au regard de ses pratiques sexuelles et conformément aux recommandations scientifiques en vigueur », rappelle le Quotidien du Médecin (9 juillet). Le questionnaire comporte une première partie permettant d’identifier pour quelles IST un dépistage est nécessaire (symptômes présentés par le-la patient-e, statut vaccinal, partenaires, orientation sexuelle) et une seconde partie permettant de déterminer le(s) type(s) de prélèvement(s) nécessaires (voie urinaire ou vaginale, rapports anaux, orogénitaux et/ou anaux), à savoir autoprélèvements urinaire ou vaginal, anal ou pharyngé. Si un-e patient-e est mineur-e et qu’il-elle ne dispose pas du consentement d’un ou des titulaires de l’autorité parentale, il-elle sera redirigé-e en centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd). Le dépistage peut être fait si la personne ne présente pas de symptômes d’IST, mais qu’elle a eu plus d’un-e partenaire sexuel-le au cours des douze derniers mois ou souhaite arrêter le préservatif avec son/sa partenaire ou que le-la partenaire a été testé-e positif-ve à une ou plusieurs IST. « Si ce n’est pas le cas, le dépistage ne sera pas proposé sauf si le patient persiste dans sa demande », indique le journal médical. Si les résultats s’avèrent positifs à une ou plusieurs IST, y compris le VIH, ces derniers sont communiqués par les biologistes au téléphone ou en personne et un compte rendu sera produit à son intention. La personne sera alors orientée vers une structure de soins adaptée. Dans le cas où les résultats sont négatifs ou que le-la patient-e n’a pas effectué le dépistage, les biologistes lui remettent un compte rendu ainsi que de l’information sur la prévention des IST.

    Nouvelles recommandations vaccinales pour les voyageurs-ses
    Chaque année, à l’été, sont remises à jour les recommandations sanitaires aux voyageurs-ses à l’initiative du Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Ces recommandations sanitaires aux voyageurs-ses 2024 s’appuient sur les dernières données épidémiologiques internationales, celles de la littérature internationale et sur la disponibilité, en France, des moyens de prévention en termes de vaccination, de produits de santé, et de matériels de protection, explique le HCSP. Elles sont destinées aux professionnels-les de santé qui conseillent les voyageurs-ses, en consultation, dans les centres de vaccinations internationales et de conseils aux voyageurs-ses, en pharmacie ou encore en médecine du travail. Elles sont aussi accessibles au grand public. L’édition 2024 est publiée sur le site du HCSP et également en ligne sur le site du ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités.
    Concernant la vaccination des voyageurs-ses, voici certaines des actualisations :
    - Covid-19 : pour des informations actualisées, comme la liste des vaccins disponibles au printemps 2024, les voyageurs-ses sont invités-es à consulter la rubrique « Conseils aux voyageurs » sur le site du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères ; 
    - Dengue : à ce jour en France, il n’existe pas de recommandation de vaccination contre la dengue pour les voyageurs-ses. Le vaccin Qdenga, qui a obtenu une AMM en décembre 2022, est en cours d’évaluation par la Haute autorité de santé et fera l’objet d’un avis du HCSP ;
    Infections invasives à méningocoques : l’épidémiologie et les recommandations vaccinales suivant les sérotypes ont été actualisées, en prenant en compte le risque d’exposition aux méningocoques de sérogroupes ACWY et B ;
    - Mpox (Monkeypox ou variole du singe) : on constate la création d’un nouveau chapitre sur cette infection. En cas de voyage à destination de zones où circule le virus, une vaccination en pré-exposition peut être proposée aux personnes à très haut risque d’exposition, notamment les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) rapportant des partenaires multiples ;
    - Tuberculose : ajout en annexe de la liste des pays à forte incidence tuberculeuse (≥ 40/100 000 habitants/ an).
    Concernant le paludisme et les risques d’exposition, les informations actualisées ont dans les chapitres 2 et 3 du document du HCSP.