L'Actu vue par Remaides : HSH et VIH : ce que dit le rapport 2024 de l’Onusida
- Actualité
- 26.08.2024
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Par Jean-François Laforgerie
HSH et VIH : ce que dit le rapport 2024 de l'Onusida
Les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) sont exposés au risque et touchés par le VIH de façon disproportionnée par rapport à la population générale (Unless otherwise specified, the source for all quantitative data is UNAIDS Global AIDS Monitoring, 2024, ou UNAIDS epidemiological estimates, 202). En 2022, le risque de contracter le VIH était 23 fois plus élevé chez les HSH qu’en population générale, explique le nouveau rapport mondial sur le VIH (2024) de l’Onusida : « L’urgence d’aujourd’hui, le sida à la croisée des chemins ». L’actu vue par Remaides vous donne les infos clefs sur le sujet.
Texte :
Selon les données de 2022, ce risque nettement plus élevé d’être infecté par le VIH (23 fois plus élevé chez les HSH qu’en population générale) concernait aussi les hommes trans ayant des relations avec d’autres hommes (Sexual happiness and satisfaction with sexual safety among German trans men who have sex with men : results from EMIS-2017). Au plan mondial, le nombre de nouvelles infections par le VIH chez les HSH a augmenté de 11 % entre 2010 et 2022. En Afrique sub-saharienne, la proportion de nouvelles infections est significative chez les HSH. La hausse généralisée dans la région affecte aussi ce groupe. Avant d’entrer dans le détail, on peut noter qu’au niveau mondial, l’accès aux services VIH (soins et prévention) chez les HSH est, dans bien des pays, en dessous de l’objectif d’accès pour 2025, avec seulement 40 % des personnes concernées ayant bénéficié d’au moins deux actions (services, matériel…) de prévention au cours des trois derniers mois en 2023.
L’analyse des données portant sur dix pays en Afrique subsaharienne indique que la prévalence du VIH chez les HSH est cinq fois plus élevée dans les pays qui criminalisent toujours l’homosexualité que dans les pays qui ne le font plus. En cas de poursuites récentes contre les homosexuels (discriminations homophobes au cours des derniers mois), la prévalence s’avère douze fois plus élevée que dans les pays n’ayant pas réalisé de telles poursuites. Comprendre ce qui se passe chez les HSH est d’autant plus important que cela a un impact sur la société dans son ensemble. Une étude a ainsi montré qu’une forte proportion d’hommes (HSH) avait aussi eu des relations sexuelles avec des femmes. Le pourcentage était de 58 % en Afrique de l’Est, de 27 % dans les pays du sud du continent et de 50 % en Afrique de l’Ouest. Il y a donc un fort enjeu à renforcer les droits des HSH et,à tout le moins, de lutter contre les discriminations homophobes qu’elles soient structurelles, légales, sociétales, etc. Pourtant les investissements pour les programmes de soutien aux populations clefs, particulièrement les gays, sont faibles. Seulement, 1 ,3 % des ressources nationales et 4,4 % des ressources mondiales y sont consacrés.
L’Onusida constate que peu de pays dans le monde sont en capacité d’estimer la part de leur population qui est HSH. Quelque 140 pays n’ont d’ailleurs jamais publié de données officielles à ce sujet. On en sait, en revanche, un peu plus sur la prévalence du VIH chez les HSH. Au niveau mondial, elle est de 7,7 % avec des écarts immenses : 0 % aux Îles Samoa, 34 % eu Venezuela (données sur 72 pays). Cette prévalence est de 4,6 % en moyenne chez les moins de 25 ans ; elle passe à 11 % chez les 25 ans et plus (données sur 46 pays). Côté incidence (qui reflète la dynamique de l’épidémie), on a vu que l’augmentation des nouveaux cas avait augmenté de 11 % entre 2010 et 2022. On estime d’ailleurs à 210 000, le nombre de nouveaux cas chez les HSH en 2022. Cette même année, le risque d’être infecté par le VIH était 23 fois supérieur chez les HSH que dans la population masculine générale. En France, en 2022, 41 % des découvertes de VIH concernaient des HSH (source : https://www.aides.org/actualite/remaides-donn%C3%A9es-SPF2023).
En matière de prévention, les résultats sont médiocres. Ainsi, en moyenne, 40 % des HSH seulement ont pu bénéficier d’une offre ou d’un service de prévention au cours des trois derniers mois (données sur 27 pays). Au plan mondial, moins de la moitié des HSH ont accès à la Prep. En moyenne, 84 % des HSH ont soit effectué un dépistage et eu le résultat au cours des douze derniers mois, soit ont déjà été testés positifs au VIH. La couverture en ARV est faible chez les HSH diagnostiqués : 65 % en moyenne (données sur 42 pays) avec de fortes disparités : de 1,3 % à 98 % selon le pays.
En juin 2024, 63 pays criminalisaient toujours les relations sexuelles consenties entre personnes de même sexe. Il y a certes des progrès puisque sept pays les ont dépénalisées entre 2022 et 2024. Mauvaise nouvelle en moyenne mondiale, 16 % des HSH ont subi une discrimination au cours des douze derniers mois (données sur 21 pays). De plus, 9,4 % des HSH estiment avoir eu des difficultés d’accès aux services de soins du fait de discriminations homophobes au cours des douze derniers mois (données sur 29 pays).