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    L’actu vue par REMAIDES : « Droits humains et VIH : les objectifs ne sont pas encore atteints »

    • Actualité
    • 02.08.2024

    parapluies droits humains

    © DR

    Par Jean-François Laforgerie et Fred Lebreton

    Droits humains et VIH :
    les objectifs ne sont pas encore atteints

    « Droits humains et VIH : les objectifs ne sont pas encore atteints », estime l’Onusida dans son dernier rapport « L’urgence d’aujourd’hui ; le sida à la croisée des chemins », présenté lors de la dernière conférence IAS de Munich. Dans le même document, l’agence onusienne a également fait le point sur les outils de prévention, dont le préservatif. Constat : s’il est efficace et peu coûteux, le préservatif marque néanmoins le pas, du fait d’une baisse des engagements financiers. Toujours dans le même rapport, l’Onusida présente quelques données récentes sur la Prep dans le monde. Au Canada, des organisations non gouvernementales de lutte contre le sida appellent le pays à  « mettre fin à la criminalisation des personnes vivant avec le VIH ». La rédaction de Remaides fait le point sur ce qui se passe dans le monde (Kenya, Russie, etc.), côté VIH.
     

    Droits humains et VIH : les objectifs mondiaux ne sont pas encore atteints, explique l'Onusida

    Les objectifs « 10-10-10 » et « 30-80-60 » fixés pour 2025 ne sont pas à portée de main, rappelle le dernier rapport de l’Onusida présenté lors de la dernière conférence IAS de Munich. L’objectif « 10-10-10 » porte sur les facilitateurs sociétaux. Il est défini ainsi : moins de 10 % des personnes vivant avec le VIH et des populations clefs sont victimes de stigmatisation et de discrimination ; moins de 10 % des personnes vivant avec le VIH, des femmes et des filles et des populations clefs sont victimes d’inégalités et de violences reposant sur le genre ; moins de 10 % des pays ont des lois et des règles punitives. L’objectif « 30-80-60 » porte sur des « cibles communautaires». Il est défini comme ceci : d’ici 2025, les communautés fourniront 30 % des services de dépistage et de traitement, 80 % des services de prévention du VIH et 60 % des programmes appuyant la réalisation des facteurs sociétaux favorables. Comme ces objectifs ne sont pas encore atteints, il en ressort que : « La stigmatisation, la discrimination, les inégalités sociales et la violence liée au genre font qu’il est difficile de rester à l’abri du VIH et de protéger sa santé. Les membres des populations clés sont particulièrement vulnérables. Ces obstacles sont de plus en plus reconnus, mais ils ne sont pas encore suffisamment pris en compte dans les lois, les politiques et les pratiques. La montée de l’autoritarisme et les attaques contre les droits de l’homme et les droits civils rendent encore plus difficile l’élimination de ces obstacles ». Le rapport de l’Onusida note que : « La stigmatisation et la discrimination liées au VIH ont diminué dans certains pays, mais restent très répandues dans de nombreux autres. Les inégalités fondées sur le genre restent omniprésentes, à des degrés divers selon les pays. Des lois punitives visant les personnes vivant avec le VIH et les populations clés sont encore en vigueur dans presque tous les pays. La violence fondée sur le genre, notamment à l’encontre des femmes et des filles, reste une menace partout. Dans 42 pays ayant fait l’objet d’une enquête récente, en moyenne, près de la moitié (47 %) des personnes avaient des attitudes discriminatoires à l’égard des personnes vivant avec le VIH (…) Ces attitudes se retrouvent même dans les établissements de santé. Près d’un quart des personnes vivant avec le VIH ont déclaré avoir été victimes de stigmatisation lorsqu’elles ont cherché à obtenir des services de santé non liés au VIH au cours de l’année précédente, selon une analyse des enquêtes de l’indice de stigmatisation menées dans 25 pays, explique le rapport. Ces préjugés sont réversibles, mais très peu de pays sont sur le point d’atteindre l’objectif de 2025 consistant à réduire à moins de 10 % le pourcentage de personnes vivant avec le VIH et de personnes appartenant à des populations clés qui sont victimes de stigmatisation et de discrimination, souligne le rapport. Sous l’impulsion de l’activisme des communautés les plus touchées, quelques pays ont abandonné ou réformé les lois qui ciblent les personnes vivant avec le VIH et les populations clés. Dans l’ensemble, cependant, seuls quatre (Colombie, Pays-Bas, Uruguay, Venezuela) des 193 pays ne disposaient d’aucune loi criminalisant le travail du sexe, les relations sexuelles entre personnes du même sexe, la possession de petites quantités de drogues, les personnes transgenres ou la non-divulgation, l’exposition ou la transmission du VIH.

    Efficace, peu coûteux, le préservatif marque le pas

    Selon les données communiquées à l’Onusida — et qui figurent dans le récent rapport « L’urgence d’aujourd’hui ; le sida à la croisée des chemins », l’utilisation du préservatif reste la méthode de prévention du VIH la plus efficace et la moins coûteuse (ce que démontrent des études comme celle de Stover J, Rosen JE, Carvalho MN, Korenromp EL, Friedman HS, Cogan M, et al. The case for investing in the male condom, publiée dans la revue PLoS One en  2017 ou celle de Stover J, Teng Y. The impact of condom use on the HIV epidemic. Gates Open Res. 2022), mais les programmes de distribution de préservatifs ont vu leurs financements diminuer et les programmes de marketing social réduits dans de nombreux pays (Understanding the global condom landscape. Seattle and Geneva : Mann Global Health; 2024). Les données des enquêtes auprès des ménages suggèrent que l’utilisation du préservatif a diminué ces dernières années, y compris chez les jeunes âgés-es de 15 à 24 ans, et qu’elle est très peu fréquente lors de rapports sexuels avec des partenaires non réguliers. Environ, 36 % des adultes en Afrique orientale et australe et 25 % en Afrique occidentale et centrale ont utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel, selon l’Onusida. Dans certains pays, les travailleurs-ses du sexe font état d’un taux élevé d’utilisation du préservatif avec leurs clients, mais leur accès à des outils de prévention puissants tels que la prophylaxie pré-exposition (Prep) est minime. Il en va de même pour les homosexuels et les autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, ainsi que pour les personnes trans, sauf dans quelques pays à revenu élevé.

    Prep dans le monde : quelques données de l'Onusida

    Un accès rapide et plus large à la Prep pourrait réduire massivement le nombre de nouvelles infections par le VIH, en particulier parmi les populations clés et les femmes dans les régions où l’incidence du VIH est actuellement élevée, note l’Onusida dans son dernier rapport : « L’urgence d’aujourd’hui ; le sida à la croisée des Chemins ». Le nombre total de personnes utilisant la Prep orale est passé d’un peu plus de 200 000 personnes en 2017 à environ 3,5 millions en 2023, mais il est loin de l’objectif mondial de 21,1 millions de personnes fixé pour 2025. Seules les deux régions d’Afrique subsaharienne font des progrès pour atteindre les objectifs de 2025 en matière de Prep. Il s’agit de l’Afrique de l’Est et du Sud et l’Afrique de l’Ouest et centrale. Un médicament de Prep injectable à longue durée d’action de six mois, le lénacapavir, s’est révélé extrêmement efficace pour prévenir le VIH chez les adolescentes et les femmes en Afrique, souligne l’Onusida. Si cette option de Prep est mise à la disposition des utilisateurs-rices potentiels-les rapidement et à un prix abordable, elle pourrait annoncer une percée dans la prévention du VIH. Plus d’infos (en anglais) sur
    Unitaid calls for accelerated global access to long-acting HIV prevention drug lenacapavir after positive trial results. Geneva: Unitaid; 2024.

    ONG : le Canada doit "mettre fin à la criminalisation des personnes vivant avec le VIH"

    Le communiqué a été publié le 16 juillet dernier par la Coalition canadienne pour réformer la criminalisation du VIH. La conférence mondiale sur le sida de Munich n’avait pas encore commencé. Il n’en demeure pas que la Coalition a souhaité souligner ce contexte. D’un côté le gouvernement du Canada sait qu’une réforme législative est nécessaire, mais n’a pas encore agi au Parlement. Cette inaction se voit comme le nez au milieu du visage alors que le monde [avant de passer à la cérémonie d’ouverture des JOP, ndlr] a les yeux rivés sur les militants internationaux réunis à Munich à l’occasion de la conférence AIDS 2024 ». Que demande la Coalition canadienne pour réformer la criminalisation du VIH ? On le comprend clairement dans un texte rendu public le 16 juillet. La Coalition rappelle d’emblée que, dans le pays, les « personnes vivant avec le VIH attendent toujours des actions de la part du gouvernement fédéral, contraintes de vivre sous la menace constante d’être criminalisées en raison de leur condition de santé ». En 2022, la Conférence internationale sur le sida s’était tenue à Montréal. Le gouvernement canadien avait alors annoncé son intention de lancer des consultations publiques pour réformer la loi actuelle et mettre fin à la criminalisation de la non-divulgation du VIH (le fait de ne pas dire son statut sérologique à son-sa-ses partenaire-s). La criminalisation du VIH sévit depuis des décennies au Canada. « C’est un problème de longue date ici, [dans] un pays longtemps considéré comme un « point chaud » mondial de la criminalisation du VIH », avance la Coalition. Des consultations fédérales ont été menées ; elles ont pris fin en janvier 2023, mais à ce jour, « aucun projet de loi n’a encore été déposé au Parlement pour en finir avec la criminalisation et mettre fin aux préjudices subis par les personnes vivant avec le VIH », déplore la Coalition. Elle estime que le « gouvernement du Canada fait preuve d’une lenteur inacceptable dans l’adoption de cette réforme législative nécessaire, une réalité mise en évidence alors que des participants du monde entier se réunissent à Munich du 22 au 26 juillet dans le cadre de la Conférence internationale sur le sida 2024 ». D’où cette nouvelle mobilisation des membres de la Coalition canadienne pour réformer la criminalisation du VIH (CCRCV) qui se sont unis-es au militants-es du monde entier « afin d’appeler le gouvernement du Canada à agir en se basant sur la recherche, sur les données probantes et les résultats de ses propres consultations et de celles de la CCRCV, et à introduire un projet de loi visant à réformer le Code criminel afin de limiter strictement la portée de la criminalisation du VIH ». Et la Coalition de pointer la future échéance électorale canadienne : «n À l’approche des élections fédérales de 2025, le temps presse pour mettre fin à ce que le ministère de la Justice du Canada a lui-même qualifié en 2017 de « sur-criminalisation du VIH ». 
    Dans leur texte, les membres de la CCRCV souligne que « les lois canadiennes, largement critiquées, criminalisent les personnes vivant avec le VIH puisque ces dernières peuvent être accusées d’agression sexuelle grave, être inscrites au registre des délinquants sexuels et passer des années en prison pour avoir prétendument omis de dire à leur partenaire sexuel leur statut sérologique dans certaines circonstances. Les personnes vivant avec le VIH continuent d’être criminalisées, et ce, même dans les cas où la possibilité de transmission est faible ou nulle, où même lorsqu’il n’y a aucune intention de transmettre le virus ni aucune transmission réelle ». Depuis 1989, plus de 220 personnes ont été poursuivies pour une prétendue non-divulgation de leur séropositivité, avec une surreprésentation marquée parmi les hommes noirs. « Les Autochtones, y compris les femmes, ainsi que les personnes homosexuelles, sont également plus susceptibles d’être visés par ces poursuites en raison de leur surreprésentation au sein de la population des personnes vivant avec le VIH », dénonce la Coalition. « Outre les risques d’emprisonnement et d’inscription au registre des délinquants sexuels, les accusations portées en vertu de ces lois peuvent également entraîner des difficultés d’accès au logement ou à l’emploi, des risques d’exclusion sociale, un risque accru de violence et d’abus, ainsi que des dommages psychologiques. Pour être clair, toutes les personnes vivant avec le VIH au Canada sont obligées de vivre dans la peur de la criminalisation, qu’elles soient ou non poursuivies en justice. La criminalisation renforce et perpétue la stigmatisation vécue au quotidien par les personnes vivant avec le VIH au Canada ».

    Les membres de la CCRCV demandent l’adoption de plusieurs mesures :
    - Soustraire la non-divulgation, l’exposition ou la transmission du VIH et d’autres infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) du champ d’application des lois sur l’agression sexuelle, y compris l’inscription au registre des délinquants sexuels ;
    - Adopter des réformes pour s’assurer qu’aucune autre disposition du Code criminel ne soit utilisée pour stigmatiser et discriminer davantage les personnes vivant avec le VIH ou d’autres ITSS. Les poursuites en vertu de toute infraction au Code criminel devraient être limitées aux cas de transmission avérée et intentionnelle ;
    - Mettre fin à l’expulsion des non-citoyens-nes après condamnation ;
    - Réexaminer les condamnations antérieures afin que les personnes vivant avec le VIH qui ont été précédemment criminalisées par ces lois néfastes et stigmatisantes n’aient plus à vivre avec les étiquettes de « délinquants sexuels » et de « criminels ».

    VIH : les données du Canada

    Le Canada s’est engagé à atteindre les cibles mondiales pour le dépistage et le traitement du VIH : les fameux « 95-95-95 ». Selon les données officielles, on estime qu’à la fin de 2022, il y avait 65 270 personnes vivant avec le VIH (PVVIH) dans le pays. Parmi les personnes vivant avec le VIH : 51 % étaient des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH ) ; 25 % étaient des personnes de sexe féminin, 13 % étaient des personnes usagères de drogues par injection. Comme dans d’autres pays, le VIH affecte « disproportionnellement certaines personnes, populations et communautés ». La prévalence estimée du VIH en 2022 était la suivante : 0,2 % dans la population canadienne générale (au total) ; 0,25 % parmi les personnes de sexe masculin, 0,08 % parmi les personnes de sexe féminin, 2,2 % parmi les personnes ayant déjà utilisé des drogues par injection, et 5 % parmi les HSH . Où se situe le Canada sur l’objectif « 95-95-95 » : 89 % des PVVIH avaient reçu un diagnostic ; 85 % des personnes ayant reçu un diagnostic de VIH recevaient un traitement ARV ; 95 % des personnes recevant un traitement antirétroviral avaient une charge virale indétectable. Les données officielles indiquent aussi qu’une personne vivant avec le VIH sur dix ne connait pas son statut sérologique. La pandémie de la Covid-19 a réduit la demande et l’accès aux services et a eu un impact sur les progrès du Canada vers l’atteinte des « 95-95-95 ». « Les cibles du continuum de soins du VIH pour les personnes de sexe féminin vivant avec le VIH au Canada sont inférieures à celles pour les personnes de sexe masculin », soulignent les autorités de santé canadiennes. Concernant les hommes (personnes de sexe masculin), ils sont 48 368 à vivre avec le VIH : 90 % ont reçu un diagnostic ; 86 % des personnes ayant reçu un diagnostic de VIH reçoivent un traitement ; 96 % des personnes recevant un traitement antirétroviral ont une charge virale indétectable. Chez les personnes de sexe féminin, elles sont 16 544 à vivre avec le VIH : 86 % des femmes vivant avec le VIH ont reçu un diagnostic ; 84 % des femmes ayant reçu un diagnostic de VIH reçoivent un traitement et 92 % des femmes recevant un traitement antirétroviral ont une charge virale indétectable. On estime que 1 848 nouvelles infections au VIH sont survenues au Canada en 2022, soit une augmentation de 15 % par rapport à l’estimation pour 2020 (1 610 cas). Autrement dit : chaque jour, cinq nouvelles personnes ont été infectées par le VIH. Les nouvelles infections au VIH surviennent plus fréquemment chez certaines populations que dans la population générale. Les taux d’incidence du VIH estimés pour 2022 pour 100 000 personnes étaient les suivants : cinq dans la population canadienne totale ; six chez les personnes de sexe masculin et trois chez les personnes de sexe féminin, 494 parmi les personnes ayant utilisé des drogues par injection au cours des six à 12 derniers mois et 187 parmi les HSH  « sexuellement actifs ».

    Pandémies : le Kenya et le Fonds mondial lancent de nouvelles subventions pour maintenir les progrès

    Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (dit Fonds mondial), le gouvernement de la République du Kenya et d’autres partenaires de la santé ont amorcé la mise en œuvre de six nouvelles subventions totalisant 407 millions de dollars. Elles sont destinées à maintenir les progrès de la lutte contre contre ces trois pandémies dans ce pays et à renforcer les systèmes de santé et communautaires du pays au cours de la période 2024-2026. Ces subventions devraient soutenir la mise en place de la couverture sanitaire universelle (CSU) au moyen de services complets de prévention, de traitement et de prise en charge. En ce qui concerne le VIH, les subventions visent à réduire les nouvelles infections à VIH de 75 %, la mortalité liée au sida de 50 %, et le taux de transmission de la mère à l’enfant à moins de 5 %. Du côté de la tuberculose, l’ambition est de réduire les taux d’incidence et de mortalité de 80 % et de 90 % respectivement d’ici 2030, par rapport à 2015. Quant au paludisme, l’objectif principal est de réduire l’incidence et les décès imputables à la maladie de 75 % d’ici 2027. Ces nouveaux fonds s’ajoutent à un financement de 66 millions de dollars qui ont été octroyés au titre du dispositif de riposte à la Covid-19. Ce dernier cible le renforcement des systèmes de santé et la préparation aux pandémies dans le pays au cours de la période 2024-2025. Ces dix dernières années, le Kenya a réalisé des progrès impressionnants dans sa lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. En matière de VIH, le pays a progressé vers l’atteinte des cibles « 95-95-95 », en atteignant respectivement « 94-94-89 » en 2023 et en maintenant près de 1,4 million de personnes sous traitement antirétroviral. En ce qui concerne la tuberculose, le pays est parvenu à réduire de 11 % l’incidence de la maladie entre 2018 et 2020, et à augmenter les taux de succès thérapeutique de 81 % à 87 % pour la tuberculose et de 70 % à 77 % pour la tuberculose pharmacorésistante entre 2015 et 2020.Entre 2021 et 2023, plus de sept millions de personnes ont bénéficié d’un dépistage de la tuberculose. Enfin, pour ce qui est du paludisme, le pays est parvenu à une baisse de la prévalence de la maladie de 8,2 % en 2015 à 6 % en 2023. Depuis 2014, près de 56 millions de moustiquaires imprégnées d’insecticide de longue durée ont été distribuées.

    Accès aux produits de santé : le Fonds mondial et Unitaid intensifient leur collaboration

    Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (dit le Fonds mondial) et Unitaid ont signé un nouveau cadre de collaboration dans le but de faire progresser « l’équité d’accès à des produits de santé » et à des « innovations de haute qualité et abordables dans les pays à revenu faible ou intermédiaire au cours des trois prochaines années ». « Pour que le sida, la tuberculose et le paludisme deviennent choses du passé, toutes les personnes doivent avoir un accès libre et équitable à la prévention, au dépistage et au traitement, a commenté Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial. La consolidation du partenariat avec Unitaid nous place dans une meilleure position pour relever les défis liés à la qualité, à l’approvisionnement, à la distribution et au prix des produits de santé, et pour offrir à toutes et à tous des produits dont la qualité est garantie. Ensemble, nous continuerons de bâtir des systèmes de santé résilients face au climat, de stimuler l’innovation dans le domaine de la santé et d’encourager la fabrication régionale, pavant ainsi la voie vers un monde libéré de ces trois maladies. » Le partenariat entre le Fonds mondial et Unitaid fait partie intégrante de l’architecture de la santé mondiale. Chaque organisation joue un rôle stratégique et complémentaire pour influer sur les marchés mondiaux des produits de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. Unitaid investit en amont pour accélérer le développement de produits de santé innovants et économiques, puis le Fonds mondial prend le relais pour porter leur production et leur distribution à grande échelle. Grâce à cette complémentarité, les cibles de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme sont atteintes plus rapidement – ce qui permet d’investir l’argent économisé ailleurs, pour sauver encore plus de vies. Aux termes de la nouvelle entente, le Fonds mondial et Unitaid intensifieront leur « collaboration dans le but d’identifier les produits de santé prometteurs en cours de développement et d’accélérer leur homologation, de conclure des accords avec les fournisseurs pour garantir les approvisionnements et un prix abordable pour les produits lors de leur mise sur le marché, et d’aider les pays à introduire de nouveaux produits et à créer une demande ».
    Plus d’infos.

    Nations Unies : une action urgente pour garantir l'accélération et la pérennité des progrès dans la lutte contre le VIH

    Le 19 juin dernier, l'Assemblée générale des Nations Unies s'est réunie pour évaluer les progrès réalisés dans la riposte à l'épidémie de sida dans le monde. Le rapport d'activité du Secrétaire général des Nations unies a servi de base au débat. Les États membres ont « célébré » les « progrès significatifs accomplis dans la lutte contre le sida », tout en soulignant les « défis qu'il reste à relever pour tenir la promesse de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d'ici 2030 ». L'engagement en faveur des objectifs 95-95-95 et les progrès réalisés dans l'élimination de la transmission verticale du VIH, en particulier grâce à l'utilisation de services communautaires décentralisés, ont été soulignés comme étant essentiels au succès de la riposte au VIH.  De nombreux États membres ont souligné le « rôle crucial que la promotion d'une approche axée sur les droits de l'homme a joué dans la lutte contre le VIH ». Ils ont souligné « l'importance des réponses multisectorielles globales, y compris l'éducation à la sexualité et un soutien solide à la santé et aux droits sexuels et reproductifs ». Une mise ne garde a été faite à propos des « effets néfastes des actions qui portent atteinte à l'égalité des sexes et aux droits des personnes LGBTQI+ ». À cette occasion, des appels à l'augmentation des financements nationaux et internationaux ont été lancés, notant qu'un « investissement soutenu est essentiel pour maintenir les progrès et élargir l'accès à des options de prévention et de traitement innovantes ».

    La CEDH condamne la Russie pour sa loi sur les "organisations indésirables"

    Symbole. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a lourdement condamné mardi 18 juin la Russie pour sa loi sur les « organisations indésirables » promulguée en 2015. Ce texte entraîne d’importantes restrictions pour les organisations visées (des ONG de défense des droits et des libertés, dont celles des minorités sexuelles…) et les personnes physiques impliquées dans leurs activités. Au total, la Russie est condamnée à verser plusieurs centaines de milliers d’euros à quatre associations et à environ 80 requérants-es individuels-les, parmi lesquels-les l’opposant emprisonné Vladimir Kara-Murza. La CEDH rappelle d’ailleurs que le Comité des ministres du Conseil de l’Europe « continue de surveiller l’exécution des arrêts de la Cour rendus contre la Russie et que celle-ci est tenue de les exécuter ». Moscou a été exclu du Conseil de l’Europe en septembre 2022, après l’invasion de l’Ukraine, mais la Russie reste en principe comptable des violations de la Convention européenne des droits de l’homme commises jusqu’à cette date.  Dans l’arrêt rendu le 18 juin, la Cour note que la loi sur les organisations « indésirables » entraîne « d’importantes restrictions pour l’organisation concernée » : celle-ci ne peut pas avoir de bureaux, de comptes bancaires ni mener des projets en Russie, et l’accès à son site internet depuis la Russie est restreint. La CEDH souligne que la loi incriminée n’est pas assez précise concernant les comportements répréhensibles des ONG et note « l’emploi de termes vagues et imprécis pour définir les motifs pouvant justifier la qualification d’indésirable ». « Ces insuffisances ont rendu l’application de la loi imprévisible », souligne la CEDH. « La Cour juge que les dispositions légales relatives aux « organisations indésirables » n’étaient pas formulées avec une précision suffisante pour permettre aux organisations requérantes de prévoir que leurs actions, normalement légales, aboutiraient à leur qualification « d’indésirables » et à l’interdiction de leurs activités en Russie », juge la cour européenne. Pour la Cour, la Russie a violé les articles de la Convention européenne des droits de l’homme relatifs à la liberté d’association et à la liberté d’expression.