Je fais un don

    L’Actu vue par Remaides : « Suivons le chemin des droits : un rapport sur le VIH dans le monde »

    • Actualité
    • 05.12.2024

    2024wadreport960forPR_fr_rev1.jpg

     

    "Suivons le chemin des droits", un slogan et un rapport pour le 1er décembre 2024 (© Onusida)

    Par Fred Lebreton et Jean-François Laforgerie

     

    "Suivons le chemin des droits" : un rapport sur le VIH dans le monde

    Cette année, l’Onusida avait choisi pour slogan de la Journée mondiale de lutte contre le sida : « Suivons le chemin des droits ». Un rapport éponyme a été publié dans la foulée. Il livre les données 2023 sur le VIH dans le monde et pointe les enjeux du moment, notamment financiers. Signe encourageant : les objectifs 95-95-95 fixés pour 2025 sont à portée de main. La rédaction de Remaides fait le point.

    "Suivons le chemin des droits", le slogan de l'Onusida pour la Journée mondiale de lutte contre le sida 2024

    « Pour mettre fin au sida, nous devons atteindre et impliquer toutes les personnes qui vivent avec le VIH, qui sont exposées au risque d'infection ou qui sont affectées par le virus, notamment les personnes les plus exclues et marginalisées. L'égalité des sexes est un élément essentiel d'une approche du sida fondée sur les droits de l'homme. L'acceptation, le respect et les soins sont essentiels. Les lois, politiques et pratiques qui punissent, discriminent ou stigmatisent les personnes — parce qu'elles sont des femmes ou des filles, ou qu'elles appartiennent à des populations clés ou à d'autres communautés marginalisées — entravent l'accès à la prévention, au dépistage, au traitement et aux soins en matière de VIH. Il en va de même pour les lois, politiques et pratiques qui entravent le travail des personnes qui fournissent des services vitaux en matière de VIH aux communautés touchées ou qui plaident en faveur de réformes », explique l’Onusida dans une communication qui accompagne la sortie de son nouveau rapport « Suivons le chemin des droits ». « Le chemin qui mène à la fin du sida est un chemin de droits, avance l’agence onusienne. Le respect de la Déclaration des droits de l'homme des Nations unies et la promotion de l'inclusion de toutes les communautés sont essentiels pour mettre fin au sida, garantir le développement durable et la sécurité humaine. Il est urgent de supprimer les lois pénales et autres qui portent atteinte aux droits des personnes et de promulguer des lois et des approches qui respectent les droits de chacun. Les mandats définis dans le cadre international des droits de l'homme ont force de loi, et les communautés ont le droit de demander aux responsables de rendre compte du respect des engagements qu'ils ont pris en matière de droits de l'homme ». Cette campagne a été déclinée sur de nombreux supports qui sont consultables et téléchargeables ici.

    "Suivons le chemin des droits", un mot d'ordre et un rapport

    WAD24Reportv07cover.jpg

     

    © Onusida

    À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, les services de l’Onusida ont publié leur tout nouveau rapport. Il montre que « le monde peut atteindre l'objectif convenu de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d'ici à 2030 — mais seulement si les dirigeants-es protègent les droits humains de toutes les personnes vivant avec le VIH ou exposées au risque d'infection par le virus.
    « Malgré les progrès considérables réalisés dans la lutte contre le VIH, les violations des droits de l'homme empêchent toujours le monde de mettre fin au sida », a expliqué, une nouvelle fois,  Winnie Byanyima, directrice exécutive de l'Onuisda. « Lorsque les filles n'ont pas accès à l'éducation, lorsque la violence sexiste reste impunie, lorsque des personnes peuvent être arrêtées pour ce qu'elles sont ou pour ce qu'elles aiment, lorsqu'une visite dans un service de santé est dangereuse en raison de la communauté à laquelle elles appartiennent, il en résulte que les gens ne peuvent pas accéder aux services de lutte contre le VIH qui sont essentiels pour sauver leur vie et mettre fin à la pandémie de sida. Pour protéger la santé de chacun, nous devons protéger les droits de tous », a développé Winnie Byanyima.

    Des enjeux et des chiffres : quelques données de contexte

    Sur les 39,9 millions de personnes vivant avec le VIH, 9,3 millions n'ont toujours pas accès à un traitement ARV. En 2023, 630 000 personnes sont décédées de maladies liées au sida. De plus, 1,3 million de personnes dans le monde ont nouvellement contracté le VIH. Dans au moins 28 pays, le nombre de nouvelles infections par le VIH est en augmentation. Chaque jour en 2023, 570 jeunes femmes et filles âgées de 15 à 24 ans ont contracté le VIH. Dans au moins 22 pays d'Afrique orientale et australe, les femmes et les filles de ce groupe d'âge sont trois fois plus susceptibles de vivre avec le VIH que leurs homologues masculins.

    VIH : un rappel des données mondiales

    Le nombre de personnes ayant contracté le VIH en 2023 n’a jamais été aussi faible depuis la fin des années 1980. Près de 31 millions de personnes recevaient une thérapie antirétrovirale salvatrice en 2023, un succès de santé publique qui a permis de réduire le nombre de décès liés au stade sida à son niveau le plus bas depuis le pic de 2004. En Afrique subsaharienne, ces succès ont entraîné un rebond de l’espérance de vie moyenne, qui est passée de 56,3 ans en 2010 à 61,1 ans en 2023, explique une récente publication de l’Onusida.
    Au niveau mondial, environ 39 % de personnes de moins auront contracté le VIH en 2023 par rapport à 2010, l’Afrique subsaharienne enregistrant la plus forte réduction (- 56 %). Néanmoins, on estime que 1,3 million de personnes ont contracté le VIH en 2023, soit plus de trois fois plus que l’objectif de 370 000 nouvelles infections ou moins en 2025. Trois régions connaissent une augmentation du nombre de nouvelles infections à VIH : l’Europe de l’Est et l’Asie centrale, l’Amérique latine, et le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Pour la première fois dans l’histoire de la pandémie de VIH, les nouvelles infections sont plus nombreuses en dehors de l’Afrique subsaharienne qu’en Afrique subsaharienne. Cette situation reflète à la fois les résultats obtenus en matière de prévention dans une grande partie de l’Afrique subsaharienne et l’absence de progrès comparables dans le reste du monde, où les membres des populations clés et leurs partenaires sexuels continuent d’être négligés dans la plupart des programmes de lutte contre le VIH.
    Bien qu’elle soit en baisse, l’incidence du VIH chez les adolescentes et les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans est extraordinairement élevée dans certaines régions d’Afrique subsaharienne. Les programmes de prévention et les efforts visant à réduire les inégalités entre les genres, la violence à l’égard des femmes et les normes sexistes néfastes n’ont pas un impact suffisant. Beaucoup moins d’enfants âgés de 0 à 14 ans contractent le VIH, une tendance largement due aux succès remportés en Afrique orientale et australe, où le nombre annuel de nouvelles infections par le VIH chez les enfants a chuté de 73 % entre 2010 et 2023. Le déclin global des infections verticales par le VIH s’est toutefois nettement ralenti ces dernières années, en particulier en Afrique occidentale et centrale. On estime que 120 000 [83 000-170 000] enfants auraient contracté le VIH en 2023, ce qui porterait à 1,4 million le nombre total d’enfants vivant avec le VIH dans le monde, dont 86 % en Afrique subsaharienne.

    L'accès aux soins des PVVIH dans le monde

    L’élargissement de l’accès à la thérapie antirétrovirale — dont une grande partie est fournie gratuitement et par l’intermédiaire du secteur de la santé publique dans certaines régions — a plus que réduit de moitié le nombre annuel de décès liés au sida, qui est passé de 1,3 million en 2010 à 630 000 en 2023. Les programmes de traitement font également baisser le nombre de nouvelles infections par le VIH.
    On estime que 30,7 millions de personnes recevaient un traitement contre le VIH en 2023. Le monde peut réduire le nombre de décès liés au sida pour atteindre l’objectif de 250 000 fixé pour 2025 s’il parvient à augmenter rapidement le nombre de diagnostics et de traitements pour les personnes vivant avec le VIH. Toutefois, l’ampleur de la pandémie du VIH est telle que même ces réalisations laisseront encore environ 9,3 millions de personnes vivant avec le VIH sans traitement en 2023, dont près de la moitié (4,7 millions) en Afrique subsaharienne.
    La couverture du traitement est restée plus faible chez les hommes et chez les populations clés, en particulier en Afrique subsaharienne, et elle a été particulièrement faible chez les enfants.

    L'objectif des 95-95-95 dans le monde

    Les objectifs 95-95-95 fixés pour 2025 sont à portée de main. Environ 86 % des personnes vivant avec le VIH dans le monde connaissaient leur statut sérologique en 2023. Parmi elles, environ 89 % recevaient un traitement  antirétroviral et 93 % des personnes sous traitement avaient une charge virale indétectable. Certains des progrès les plus importants ont été  réalisés en Afrique subsaharienne, souvent dans des conditions défavorables.

    Des droits qui font défaut

    La criminalisation et la stigmatisation des communautés marginalisées entravent l'accès aux services de lutte contre le VIH qui peuvent sauver des vies, explique l’Onusida dans son rapport « Suivons le chemin des droits ». Dans la déclaration politique de 2021 sur le VIH et le sida, les pays se sont engagés à faire en sorte que, d'ici à 2025, moins de 10 % d'entre eux disposent de cadres juridiques et politiques restrictifs qui conduisent à refuser ou à limiter l'accès aux services liés au VIH. Cependant, en 2023, 63 pays criminalisent encore les relations entre personnes de même sexe ; pour ne citer que ce seul exemple. Ces lois entravent la riposte au VIH. Parmi les homosexuels et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, la prévalence du VIH est cinq fois plus élevée dans les pays qui criminalisent les relations entre personnes de même sexe que dans ceux qui ne le font pas. « Les lois et les politiques punitives éloignent les personnes vulnérables de l'aide dont elles ont besoin pour prévenir le VIH, le tester et le traiter », a commenté Axel Bautista, responsable de l'engagement communautaire à MPact Global Action for Gay Men's Health & Rights (Action mondiale pour la santé et les droits des hommes gays), dans le cadre du rapport. « Au lieu de punir les communautés marginalisées, les gouvernements doivent faire respecter leurs droits humains », soutient-il.

    1er décembre : "Notre santé, nos droits", explique l'OMS

    Tradition oblige. L’organisation mondiale de la Santé (OMS) s’est fendue d’un message pour le 1er décembre qui met l’accent sur le respect des droits. « Le monde peut mettre fin au sida, pour autant que les droits de toutes et tous soient protégés. En plaçant les droits humains au centre et les communautés en tête, le monde est en mesure d’éliminer cette menace pour la santé publique d’ici à 2030 (…) Dans le cadre de la campagne de cette année, l’OMS appelle les dirigeants et les citoyens du monde entier à défendre le droit à la santé en s’attaquant aux inégalités qui entravent les progrès vers l’élimination du sida. Bien que la Région européenne de l’OMS ait progressé dans la lutte contre le VIH, il reste des défis importants à relever pour recenser et soigner les cas et, avant toute chose, prévenir de nouvelles infections. Pour mettre fin au sida, nous devons accorder la priorité à tous ceux et à toutes celles qui vivent avec le VIH, qui sont exposés au risque d’infection ou qui sont affectés par le virus, notamment les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, les transgenres, les consommateurs de drogues par injection, les travailleurs du sexe, les détenus et les autres personnes vivant en milieu fermé, ainsi que leurs partenaires. ». L’OMS rappelle dans son message que : « La santé est un droit humain. ». « Toute personne doit avoir accès aux services de santé dont elle a besoin, y compris les services de prévention, de traitement et de soins du VIH, quand et où ces interventions lui sont nécessaires. Protéger le droit à la santé signifie garantir l’accès aux soins de santé pour tous, sans discrimination aucune, quels que soient le statut sérologique, les antécédents, le sexe ou le lieu de résidence. Bien que des progrès aient été accomplis à cet égard, des problèmes d’accès subsistent dans la Région. ». Et l’OMS de conclure : « La stigmatisation et la discrimination compromettent la lutte contre le sida. »

    1er décembre : le message des Nations-Unies

    En avance. Le 15 novembre, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a dégainé son message à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, célébrée le 1er décembre. «  Mettre fin d’ici à 2030 à la menace que fait peser le sida sur la santé publique est possible, explique le responsable onusien. Pour y parvenir, il faut toutefois faire tomber les barrières qui empêchent les gens de recevoir des services vitaux. Toutes les 25 secondes, une personne est infectée par le VIH dans le monde. Un quart des personnes vivant avec le VIH, soit plus de neuf millions de personnes, n’ont pas accès à des traitements qui pourraient leur sauver la vie. » Et António Guterres de poursuivre : « Les lois, politiques et pratiques discriminatoires punissent et stigmatisent les plus vulnérables — en particulier les femmes, les jeunes filles et les minorités — en les empêchant d’obtenir des moyens de prévention, des tests, des traitements et des soins qui ont fait leurs preuves. » Selon lui, la Journée mondiale de lutte contre le sida, édition 2024, est « l’occasion de rappeler que le combat contre le sida peut être gagné si les dirigeants et dirigeantes adoptent une approche fondée sur les droits de sorte que toutes et tous — en particulier les plus vulnérables — puissent bénéficier sans crainte des services dont ils ont besoin. La solidarité internationale et les droits humains sont à l’origine des progrès remarquables accomplis dans la lutte mondiale contre le VIH. Le sida peut être vaincu si les droits de chacun et chacune, partout dans le monde, sont protégés. J’invite par conséquent tous les dirigeants et dirigeantes à s’inspirer du thème de cette année et à suivre le chemin des droits. »

    Bruxelles : VI(H)VRE, histoire d'une lutte, la nouvelle exposition de la Bourse

    À l’occasion du 40ème anniversaire de la lutte contre le VIH en Belgique, la Plateforme Prévention Sida organise l’exposition « VI(H)VRE, histoire d’une lutte ». Elle se tiendra du 28 novembre au 08 décembre à la Bourse de Bruxelles. « VI(H)VRE, histoire d’une lutte » propose une exploration en profondeur de cette lutte au travers de « documents d’archives, d’objets emblématiques et de témoignages poignants ». L’exposition se déploie autour de plusieurs espaces thématiques, chacun offrant un éclairage unique sur les différentes facettes de l’histoire du VIH. Les visiteurs-ses découvriront une ligne du temps géante reprenant les dates clés de la lutte contre le VIH en Belgique et dans le monde, des portraits et des témoignages de militants-es et de personnes vivant avec le VIH, des archives de la couverture médiatique et aussi une rétrospective des campagnes au fil des années.
    L’exposition est gratuite.
    Bourse de Bruxelles. Place de la Bourse - 1000 Bruxelles. De 9h à 22h. Des visites guidées sont organisées tous les jours à 14h30. Fermeture le lundi 2 décembre.

    Luxembourg : face à la hausse des IST, des dépistages gratuits

    Devant une nouvelle hausse des infections sexuelles, le ministère de la Santé du Luxembourg a lancé, courant novembre, une nouvelle campagne de dépistages gratuits et anonymes. Le pays a, dans un premier temps, participé du 18 au 22 novembre à la semaine européenne du dépistage, une initiative lancée à l’échelle européenne depuis 2013. Cette campagne vise à encourager le dépistage précoce du VIH ainsi que des infections sexuellement transmissibles (IST) en réponse à une augmentation en Europe et au Luxembourg. Le pays a choisi de poursuivre cet effort. En effet, comme l’explique Le Quotidien les données récentes issues du rapport épidémiologique national montrent une « augmentation inquiétante des cas d’IST dans le pays. En 2023, les infections à gonocoques (gonorrhée) ont augmenté de 27,6 %, les cas de syphilis de 16 % et ceux de chlamydia de 6,8 %. Le ministère de la Santé du pays a appelé à une collaboration renforcée avec tous ses partenaires pour élargir l’accès aux dépistages, sensibiliser aux risques des infections sexuellement transmissibles (IST) et du VIH, et garantir un suivi personnalisé ainsi qu’un accès aux traitements.
    Plus d’infos sur le rapport épidémiologique des maladies transmissibles sur le portail officiel de Santé Luxembourg.

    Les nouveaux cas d'infection par le VIH baissent en Suisse

    L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) en Suisse a enregistré 352 nouveaux cas de VIH en 2023, soit une baisse de 18 % par rapport à l’avant Covid en 2019, explique le quotidien Le Temps. Le taux d’incidence se monte à quatre cas pour 100 000 habitants-es. Le nombre de cas avait atteint en 2020 un niveau-plancher depuis le début de l’épidémie, avant de légèrement augmenter en 2021 et 2022. Mais en 2023, la baisse a repris, et le nombre de cas se situait près de 18 % en dessous du niveau d’avant la Covid en 2019, a indiqué lundi 25 novembre l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Les 352 cas de l’an dernier sont plus de 70 % inférieurs à la moyenne des années 1990, lorsque 1 300 nouvelles infections étaient enregistrées en moyenne annuellement. La tendance est clairement au recul depuis 2003. Depuis début juillet, les caisses-maladie suisses prennent en charge les traitements prophylactiques (Prep) pour les « personnes à risques », dans la foulée du programme décidé par le Conseil fédéral pour combattre les infections par le VIH, les hépatites B et C et les maladies sexuellement transmissibles. L’objectif est que la Suisse soit exempte de toute nouvelle infection par les virus du sida ou de l’hépatite d’ici 2030.