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    L’éternelle quête de la guérison

    • Dossier

    Les progrès thérapeutiques concernant les traitements ont permis de sortir de l’urgence vitale pure. Beaucoup de chercheurs peuvent depuis se consacrer à la recherche de la guérison par un traitement curatif, voire un vaccin. L’horizon du "cure", ou guérison, reste encore aujourd’hui un graal inaccessible. Mais plus de 30 ans après la découverture du VIH, la Science n’en a jamais été aussi capable.

    1984 une équipe de chercheurs découvre le VIH

    1984 une équipe de chercheurs découvre le VIH

    Barré-Sinoussi F., Chermann J.C., Rey F., Nugeyre M.T., Chamaret S., Gruest J., Dauguet C., Axler C., Brun-Vezinet F., Rouzioux C., Rozenbaum W. and Montagnier L., «Isolation of a T lymphotropic virus from a patient at risk of Acquired Immune Deficiency Syndrome (AIDS)», 
    Science, 1983, 220, 868-871

    Il y a 34 ans, une équipe de chercheurs français découvrait et identifiait le VIH. Cette première étape scientifique en a permis beaucoup d’autres. Création des tests efficaces pour le dépistage, premiers essais de traitements jusqu’à la deuxième étape charnière : les premières trithérapies efficaces. 1996, les trithérapies arrivent et contrôlent le virus, de plus en plus efficacement, sans jamais parvenir à l'éradiquer. Depuis, le monde scientifique travaillant sur le VIH s’échine à trouver une nouvelle voie pour réussir à atteindre l’éradication du sida par une thérapie qui permettrait de redevenir séronégatif. Pour l’instant, ces recherches, qui progressent, restent infructueuses. Malgré les effets d’annonces et le traitement parfois sensationnaliste des médias sur ce sujet, qui créent logiquement d’énormes atteintes chez les personnes, ces fausses bonnes nouvelles alimentent malheureusement les faux espoirs. Un vaccin est possible, mais ce n’est pas "pour tout de suite", disait Françoise Barré-Sinoussi en 2015, à la fin de sa carrière médicale.

    Le patient de Berlin ?

    Aujourd’hui, un seul homme a "guéri du sida". Il s’appelle Timothy Ray-Brown et il est le premier homme "redevenu séronégatif." Et c’est un cas très (très) particulier. Longtemps anonyme derrière le pseudo du "patient de Berlin", a relaté son expérience avant et après une lourde opération qui a, pour la première fois de l’histoire, permis à un séropositif de se débarrasser du virus. Timothy Ray Brown, contaminé en 1995, avait suscité l’espoir quand des chercheurs avaient révélé sa guérison fonctionnelle en 2007, après une transplantation de cellules souches. Ce dernier, atteint d’une forme de leucémie chronique nécessitant un don de moelle, avait fini par accepter l’opération risquée. Beaucoup de patients n’obtiennent aucune compatibilité avec un potentiel donneur. Il en a eu 267. Cela a donné l’idée à son médecin de trouver parmi les donneurs, un ou une ayant une mutation génétique (CCR5 Delta 32) des lymphocytes CD4, mutation très rare qui les immunisent presque complètement du VIH". Trois mois après la greffe, plus aucune trace du virus dans son corps. Le retour de sa leucémie un an plus tard l’obligea à subir une nouvelle transplantation. Mais il reste aujourd’hui le seul au monde à n’avoir plus aucune trace de virus dans son corps.

    Le patient de Berlin

    Le patient de Berlin

    "Je ne veux pas être la seule personne guérie du VIH dans le monde. Je veux que d’autres rentrent dans mon club. Je veux dédier ma vie à un soutien de la recherche, pour trouver la ou les guérisons du VIH !"

    En France, c’est l'ANRS (Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales) qui s’attèle à coordonner et à suivre l’ensemble des champs de la recherche, en partenariat avec d’autres structures. Elle a fait de la quête du vaccin contre le VIH un de ses objectifs, sans négliger son rôle dans la lutte contre l’épidémie par la prévention et les outils d’ores et déjà disponibles.

    La recherche ne travaille pas uniquement à trouver un vaccin ou la guérison. Les progrès de la science bénéficient déjà aux personnes séropositives. Les études et essais se poursuivent pour fabriquer des médicaments plus faciles à prendre, mieux tolérés et ainsi améliorer la santé et la qualité de vie des patients. Enfin, les recherches médicales et scientifiques permettent aussi d’évaluer, dans la vraie vie, les outils et stratégies actuelles pour atteindre, malgré l’absence d’un vaccin ou d’une sérothérapie, un "monde sans sida".

    Témoignage

    Le vaccin

    "Par ailleurs, la recherche sur le vaccin préventif contre le sida reste une priorité. Elle est d'ordre fondamental, mais aussi clinique. Avec l'objectif de mettre au point un vaccin qui soit accessible à tous, les chercheurs doivent progresser dans la connaissance des mécanismes immunitaires, tout en continuant à améliorer les candidats-vaccins et à évaluer, dans le cadre d'essais rigoureux, la tolérance et la capacité immunogène de ces derniers." ANRS, 2016

    La fin du sida, c’est (techniquement) possible sans vaccin ni guérison !

    Une bonne adhésion au traitement antirétroviral permet de supprimer la charge virale à des niveaux indétectables chez les personnes vivant avec le VIH, ce qui rend le risque de transmettre quasi-nul. Lorsqu'un nombre important de personnes vivant avec le VIH est sous traitement et a une charge virale indétectable au sein d'une communauté, il est démontré que cela a un effet préventif sur cette communauté. C’est sur cela que se fonde la stratégie 90-90-90.

    Pour l’ONUSIDA, atteindre d'ici 2020 l'objectif de traitement 90-90-90 tout en assurant un fort engagement en prévention primaire du VIH peut permettre d’atteindre la fin de l'épidémie –en tant que menace pour la santé publique– d'ici à 2030. L'objectif c’est 90 % des personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur statut sérologique vis-à-vis du VIH, 90 % des personnes diagnostiquées sont sous traitement antirétroviral et 90 % des personnes sous traitement ont une charge virale indétectable.

    En 2016, cet objectif a été atteint dans certains pays (riches) comme la Suède ou le Danemark. Mais dans le monde, on reste encore loin de cet horizon. D’après des chiffres de l’ONUSIDA de 2015, on compte, à l’échelle du monde, d’un lourd déficit par rapport à l'objectif 90-90-90. Environ 11,9 millions de personnes vivant avec le VIH qui ne connaissaient pas leur état sérologique, 12,7 millions de personnes ayant besoin d'un traitement antirétroviral et 13 millions de personnes vivant avec le VIH dont la charge virale n'était pas indétectable. Cette quête reste donc difficile, mais elle permet de se fixer une ligne de mire concrète, avec ou sans vaccin.