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    DÉCONFINEMENT : PROTÉGER, TESTER, ISOLER... CE N’EST PAS QU’UNE AFFAIRE DE SOIGNANTS-ES !

    • Communiqué
    • 28.04.2020

    Le plan de sortie de confinement présenté aujourd’hui par le premier ministre s’avère dans ses grandes lignes témoigner de la prudence nécessaire pour appréhender une épidémie en évolution. Ce plan apparemment raisonnable, ajustable en fonction des connaissances et adaptable aux réalités territoriales, semble toutefois ignorer les enseignements de la promotion de la santé, ne s’appuie à aucun moment sur les associations de patients-es, représentants-es des personnes malades et laisse de côté les personnes les plus vulnérables.

    Protéger, tester, isoler : voici un dispositif classique et adapté à l’état actuel des connaissances sur le Covid-19. Nous avons bien compris qu’il faudrait à présent apprendre à vivre avec le virus. Pour vivre avec, Édouard Philippe a appelé au civisme et à la vertu, mais la force morale et les valeurs attachées à la citoyenneté ne sauraient constituer de véritables armes pour que chacun s’approprie les mesures proposées. Nous ignorons beaucoup de choses sur cette épidémie, et comment en sortir. Par contre nous savons que l’injonction du haut ne sert ni la prévention ni la santé individuelle. 35 ans de lutte contre le VIH/sida nous ont pourtant montré que l’efficacité des politiques publiques de lutte contre une épidémie ne repose sur la mobilisation et le renforcement des capacités de chacun-e à agir pour sa santé.

    Aussi, comment faire appel au civisme, sans s’appuyer sur le maillage citoyen ? A aucun moment, n’a été évoqué le rôle des acteurs-rices associatifs et notamment des associations de patients-es et représentants-es des personnes malades, qui ont cette expérience du « vivre avec ». Les associations et les acteurs communautaires en santé sont pourtant des alliés-es non négligeables dans la lutte contre l’épidémie, et ce notamment pour les personnes les plus éloignées du système de soins (personnes migrantes, sans domicile fixe, etc.). Ces personnes sont aussi des promoteurs-trices des bonnes pratiques au sein des groupes qui ne sont pas en contact avec le système de soins, en sont les plus éloignés.

    Que ce soit sur le plan individuel ou collectif, rien n’a été proposé aux personnes les plus fragiles au Covid-19 du fait de leur âge ou de leurs comorbidités. Rien n’a été annoncé pour l’accompagnement des populations les plus vulnérables et les plus précaires, alors que ce sont celles qui paient le plus lourd tribut dans ce contexte de crise sanitaire. Le déconfinement ne devra pas signifier que l’espace public devient de fait réservé aux personnes sans problématiques de santé et peu susceptibles de développer des formes sévères de Covid-19, excluant donc les plus fragiles. Avec l’appui des acteurs-trices locaux-les, quartier par quartier, doivent être organisés des dispositifs qui permettent à tous-tes de sortir, de préserver des liens sociaux.

    Cela fait des années qu’AIDES appelle à investir les acquis de la démarche en santé communautaire pour élaborer des réponses adaptées à une problématique d’une communauté. Cela fait plus de 35 ans que nous faisons la promotion d’une logique de réductions des risques.
    Nous avons encore rappelé ces principes la semaine dernière lors de l’envoi de recommandations complètes aux autorités de santé et scientifiques en charge de guider la stratégie de déconfinement du gouvernement (voir notre synthèse).  Force est de constater que l’approche communautaire et de réduction des risques reste l’éternelle absente de la stratégie de santé, alors même que cette dernière a fait ses preuves dans la lutte contre le VIH/sida.

    Contacts presse :

    Adèle Simon
    06 98 68 01 68
    asimon@aides.org

    Anne-Charlotte Cheron
    06 10 41 23 86
    accheron@aides.org