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    Rapport d’experts VIH 2013 : quoi de neuf ?

    • Actualité

    L’édition 2013 du rapport d’experts VIH vient de sortir. AIDES et le collectif associatif TRT-5 ont activement participé à son élaboration. Il marque de nets progrès sur la prise en charge des personnes vivant avec le VIH.
    11 journées de réunion du groupe central, de nombreuses heures de travail pour chacune des 17 commissions, une participation de AIDES dans 8 commissions et au groupe central (via le collectif TRT-5), de nombreuses contributions écrites. Tout cela pour produire un document de 476 pages, rendu public fin septembre. Qu’est-il recommandé en quelques mots ?

    D comme dépistage

    Mettre l’accent sur le dépistage ciblé auprès des populations les plus touchées (notamment HSH, migrants d’Afrique subsaharienne) en y associant au besoin un dépistage des hépatites. Réajuster le dépistage généralisé (trop difficile à mettre en place) vers un dépistage large (fondé notamment sur des signes médicaux indicateurs d’une possible séropositivité), sauf en Guyane, où il faut chercher à atteindre les immigrés loin des centres urbains et les habitants des territoires isolés. Se préparer à l’arrivée sur le marché des autotests, évaluer leur utilisation et leur impact. Fusionner les Centres de dépistage anonymes et gratuits (CDAG) et les Centre d'information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles (CIDDIST), redéfinir leurs missions, et mettre fin à l’obligation d’anonymat lors d’un test de dépistage (qui restera possible sur demande). Pourquoi ce changement  ? Dans une démarche de dépistage du VIH, le groupe d’experts estime important d’offrir aux personnes qui se font tester la possibilité de l’anonymat. Mais celui-ci ne doit pas être un frein à la qualité des soins. Dans une récente enquête, l’anonymat ne fait pas partie des raisons les plus fréquemment citées pour expliquer le choix de passer par un centre de dépistage anonyme pour réaliser test de dépistage. Pour les hommes, c’est parce que c’est « l’endroit le plus facile pour demander un test du VIH » et pour les femmes c’est en raison de la «gratuité».

    OSS pour Offre de Santé Sexuelle

    Les pouvoirs publics doivent soutenir les actions visant à mettre en place une offre de santé sexuelle, intégrée et coordonnée, dans une approche de santé globale et de promotion de la santé.

    Populations « vulnérables »

    Qu'il s'agisse de l'accès aux soins des étrangers malades, de la lutte contre la transphobie, la simplification du parcours des trans dans le changement d'état civil, de la meilleure prise en compte des questions de santé et de droits des travailleurs du sexe, le rapport invite à appliquer sans délai des recommandations antérieures qui tardent à l’être.

    P pour Prep, la prophylaxie pré-exposition

    Depuis plusieurs années on en parle. La Prep  (prophylaxie pré-exposition) est une méthode médicale connue qui consiste à donner les traitements d’une maladie dans un but  préventif : c’est  le cas par exemple des traitements contre le paludisme. Dans le cas du VIH, il s’agit, en bloquant le cycle de multiplication du virus, d’empêcher qu’il infecte l’organisme.

    Plus d’infos ici : http://www.aides.org/la-prep-vih-sida 
    Le rapport d'experts recommande d'engager des programmes pilotes de Prep impliquant les mondes médicaux et associatifs et s’adressant à des personnes très exposées au VIH ou n’arrivant pas à faire usage des moyens de prévention classiques.

    S comme sérophobie

    Introduire dans le Code pénal une circonstance aggravante "à raison de l’état de santé" (dont le VIH) pour toutes les atteintes physiques et verbales. Renouveler la communication et la diffusion de l’information sur le VIH pour modifier le regard porté sur les personnes, en informant notamment sur l’intérêt préventif du traitement.

    T pour Traitement ARV universel

    Proposer le traitement à toutes les personnes vivant avec le VIH quel que soit leur taux de CD4 (les CD4 sont les récepteurs utilisés par le VIH-1 pour infecter ses cellules cibles, à savoir les lymphocytes T4 notamment), pour des raisons de santé individuelle et de prévention de la transmission du virus. En primo-infection, ce traitement doit être mis en place très rapidement. Les choix de traitements à préférer ont été actualisés : l’association rilpivrine + emtricitabine + ténofovir (Eviplera) fait son entrée tandis que l’antiprotéase lopinavir (Kaletra) en sort. Isentress ne fait pas partie des choix préférentiels en raison de son coût élevé. Favoriser, lorsque cela est possible, les ARV génériques (zidovudine, lamivudine, névirapine sont déjà commercialisés en Europe, l’efavirenz le sera en novembre), en remplaçant au besoin un comprimé combiné en ses composants génériques séparés, et dans le respect du dialogue soignant-soigné.

    ou ... pour Traitement comme prévention (TasP)

    Les médecins doivent en parler systématiquement à leurs patients. Les conditions de sécurité maximale (celles de l’avis suisse de 2008) sont détaillées : charge virale*  indétectable (moins de 50 copies/ml) depuis au moins six mois, très bonne observance** , absence d’IST (et donc leur dépistage régulier). Dans ce cas, pour les rapports hétérosexuels, le risque de transmission est estimé inférieur à 1/10 000, et la procréation naturelle devient une option pour les couples séro-différents. Le TasP fonctionne "probablement" pour les rapports anaux, même si dans ce cas le niveau d’efficacité est mal connu.

    Le traitement comme prévention (ou TasP) permet, sous certaines conditions, de ne pas transmettre le VIH à son/sa partenaire. Le traitement antirétroviral utilisé comme outil préventif a été popularisé en 2008 par le Suisse Bernard Hirschel.
    Plus d’infos ici : http://www.aides.org/dossier/le-traitement-comme-prevention

    UD pour Usage de Drogues

    Le rapport souhaite la création de salles de consommation (dans les sites où vivent les publics les plus marginalisés) ainsi que la mise à disposition du matériel stérile en prison.

    Le rapport est téléchargeable sur le site du ministère de la santé.

    Note : 

    *  La charge virale plasmatique correspond au nombre de virus dans un échantillon de sang. La charge virale, dans le cas du VIH, est utilisée pour suivre la progression de la maladie et pour mesurer l’efficacité des traitements.  L’objectif des traitements anti-VIH est de rendre la charge virale indétectable (si basse qu’on ne peut plus la mesurer dans le sang).

    ** L’observance est le fait de prendre un traitement comme il a été prescrit par le médecin (en respectant le nombre de prises, les horaires, les conditions de prise des médicaments). L’observance est par ailleurs très importante au cours du traitement anti-VIH : elle est nécessaire pour bénéficier d’une efficacité durable et éviter l’apparition de VIH résistants aux médicaments.

    À télécharger

    Le rapport Morlat