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    Les populations clé : au cœur de la riposte à l'épidémie et pourtant en marge des priorités.

    • Communiqué
    • 20.07.2016

    La conférence mondiale sur le sida de Durban se déroule sous la thématique « Access equity rights now » ("l'accès, l'équité et les droits, dès maintenant !"). Après une cérémonie d’ouverture marquée par une action militante pour dénoncer le manque de financements alloués au combat mondial contre le sida, la première plénière de la journée de mardi a donné le ton avec une intervention offensive du juge constitutionnel sud-africain Edwin Cameron.

     

    Cette figure majeure de l’activisme sud-africain, ouvertement gay, séropo et fier, a rappelé le rôle central des droits humains et des populations clé pour lutter efficacement contre le sida, avant d’inviter les militant-es présent-es dans le public à investir la scène.

     

    Les activistes se sont saisis de cette tribune pour dénoncer la criminalisation des personnes vivant avec le VIH, des travailleur-ses du sexe et de l’ensemble des populations clé, au nord comme au sud. « Les activistes sont une lumière dans la sombre histoire de cette épidémie » a conclu le juge, acclamé par une salle conquise.

     

    Un message qui contraste très nettement avec la récente conférence de haut niveau sur le sida, qui a réuni la communauté internationale au siège de l’ONU en juin dernier. En effet, sous la pression des Etats conservateurs, les populations clé ont presque intégralement disparu de la feuille de route de l’ONU « pour en finir avec l’épidémie du VIH/sida en 2030 ». Symbole de cette « conférence de la honte », 22 associations majoritairement LGBT avaient été exclues des débats.

     

    Heureusement, les populations clé n’attendent pas les gouvernements pour se mobiliser pour leurs droits et leur santé, comme en témoigne le réseau Africagaycontre le sida. Le réseau, très actif depuis le début de cette conférence, se demandera aujourd’hui lors d’une table ronde sur l’espace francophone comment atteindre le fameux objectif 90-90-90 d'ONUSIDA dans des contextes répressifs qui les éloignent du dépistage, de la prévention et du soin.

     

    Les activistes se sont également réunis en marge du programme officiel pour définir les stratégies visant à éviter un effondrement de la prévention et du plaidoyer pour les droits des populations clés dans les pays à revenu moyen, comme le Maroc et la Roumanie, menacées par un retrait brutal du Fonds mondial de lutte contre le sida. A cause du manque de financements supplémentaires et de l’influence nuisible de certains bailleurs comme la Commission européenne, le Fonds mondial est en effet sous pression pour limiter son soutien aux pays les plus pauvres de la planète. « Dans des pays à revenu moyen, comme la Tunisie ou Maurice, un retrait du Fonds mondial aurait des conséquences gravissimes pour les populations clé », prévient Aurélien Beaucamp, président de AIDES. Dans ces pays, les programmes dédiés aux populations les plus exposées – gays, travailleur-se-s du sexe, usager-e-s de drogue, personnes trans – dépendent en effet majoritairement des financements du Fonds mondial, et ses instances sont bien souvent le seul espace de dialogue entre ces populations marginalisées et les autorités.

     

    AIDES rappelle que le combat mondial contre le sida ne se gagnera pas sans la mobilisation des populations clé, mobilisation qui doit être au centre de la riposte à l'épidémie. Cet objectif implique la mise en place d'un cadre protecteur pour ces populations et le respect de leurs droits les plus élémentaires.