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    L'actu vue par REMAIDES: "Fin de vie : les prémisses d’un débat compliqué"

    • Actualité
    • 27.03.2024

    remaides fin de vie

    © Studio Capuche

    Par Jean-François Laforgerie et Fred Lebreton 

    Fin de vie : les prémisses d’un débat compliqué

    Période chargée pour l’actualité sociale, marquée par l’annonce d’Emmanuel Macron d’un projet de loi pour une « aide à mourir » sous « conditions strictes ». D’ailleurs, le projet de loi sur la « fin de vie » et « l’aide à mourir » a été transmis au Conseil d’État. Maigre avancée en revanche concernant la prise en compte du vieillissement de la population avec l’adoption par l’Assemblée nationale de la loi « bien vieillir ». De son côté, le Premier ministre relance son projet de fusion carte Vitale/carte d’identité, qui est désormais jugé « prioritaire » par le gouvernement. La période est aussi marquée par de biens tristes chiffres : une hausse de 32 % des crimes et délits racistes, xénophobes ou antireligieux en 2023. Enfin, une étude scientifique explique que les pathologies neurologiques sont désormais la principale cause mondiale de problèmes de santé. Remaides fait le point.

    Macron annonce un projet de loi pour une « aide à mourir » sous « conditions strictes »

    Initiative. Emmanuel Macron a annoncé, dans un entretien accordé à La Croix et Libération, dimanche 9 mars, qu’un projet de loi ouvrant une « aide à mourir » sous « conditions strictes » serait présenté en avril en Conseil des ministres, en vue d’une première lecture en mai à l’Assemblée nationale. Les patients-es majeurs-es, « capables d’un discernement plein et entier », atteints-es d’une « maladie incurable » avec « pronostic vital engagé à court ou moyen terme » et subissant des souffrances « réfractaires » (ne pouvant être soulagées) pourront « demander à pouvoir être aidés afin de mourir », a dit le chef de l’État aux deux quotidiens. Les personnes mineures et celles atteintes de maladies psychiatriques ou neurodégénératives qui altèrent le discernement, comme la maladie Alzheimer, en seront exclus-es. En cas d’avis collégial favorable de l’équipe médicale, une substance létale sera prescrite à la personne, qu’elle pourra s’administrer elle-même, ou avec l’aide d’un tiers si elle « n’est pas en mesure d’y procéder physiquement ». Ce tiers pourra être « une personne volontaire qu’elle désigne lorsque aucune contrainte d’ordre technique n’y fait obstacle », ou bien « le médecin ou l’infirmier qui l’accompagne », selon le texte qui doit être transmis d’ici dix jours au Conseil d’État. L’administration pourrait avoir lieu au domicile, à l’Ephad ou dans un établissement de soins. Dans ses interviews, le président de la République a détaillé le dispositif qui s’avère complexe. Après la demande du- de la patient-e, « il y a un minimum de deux jours d’attente pour tester la solidité de la détermination », explique Emmanuel Macron. « Ensuite, la réponse [de l’équipe médicale] doit intervenir dans un délai de quinze jours maximum. En cas de réponse favorable, la prescription est valable trois mois, période durant laquelle le patient pourra, bien entendu, se rétracter à tout moment », ajoute-t-il. Il précise qu’en cas d’avis défavorable, le-la malade pourra « aller voir une autre équipe médicale » ou « procéder à des recours » devant la justice.

    Parallèlement, une stratégie décennale pour renforcer les soins palliatifs sera présentée fin mars, et certaines de ses dispositions seront incluses dans le même projet de loi. Sur dix ans, « c’est un milliard d’euros de plus que nous allons y investir », en plus du 1,6 milliard actuellement consacré aux soins d’accompagnement, a précisé Emmanuel Macron. Une unité de soins palliatifs verra le jour dans chacun des 21 départements qui en sont aujourd’hui dépourvus. Pour laisser le temps au débat parlementaire, qui s’annonce long, il n’y aura pas de procédure accélérée. Emmanuel Macron a, par ailleurs, indiqué avoir personnellement écrit ses propres « directives anticipées » sur les soins qu’il souhaite, ou non, recevoir en fin de vie. Ce projet de loi sur la « fin de vie », qui comprendra donc une « aide à mourir » très encadrée, sera examiné en séance plénière à l’Assemblée nationale à partir du 27 mai, a annoncé lundi 11 mars le Premier ministre Gabriel Attal sur X. À la suite des interviews accordées par Emmanuel Macron, les critiques sont vite apparues. Des associations de soignants-es et l’Église catholique de France ont vivement critiqué le projet de loi sur « l’aide à mourir ». Côté soignants-es, on évoque un projet « qui va à l’encontre des valeurs du soin » et côté église catholique « une tromperie ». « Appeler « loi de fraternité » un texte qui ouvre à la fois le suicide assisté et l’euthanasie est une tromperie. Une telle loi, quoi qu’on veuille, infléchira tout notre système de santé vers la mort comme solution », a déclaré le président de la Conférence des évêques de France, Éric de Moulins-Beaufort, dans le quotidien La Croix. « Avec une grande violence, le chef de l’État annonce un système bien éloigné des besoins des patients et des réalités quotidiennes des soignants, avec en perspective de graves conséquences sur la relation de soin », ont avancé, pour leur part, des soignants-es réunis-es au sein du collectif sur la fin de vie. Le processus parlementaire s’annonce long et l’aboutissement n’interviendra probablement pas avant 2025.

    Le projet de loi sur la « fin de vie » et « l’aide à mourir » transmis au Conseil d’État

    Work in progress. Le gouvernement a transmis au Conseil d’État son projet de loi sur la fin de vie, donnant le coup d’envoi à un processus qui s’annonce long pour instaurer en France une « aide à mourir » strictement encadrée, indique l’AFP (18 mars). Ce texte « relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie », dont l’AFP s’est procuré une copie, détaille les cinq conditions à remplir simultanément pour « accéder à l’aide à mourir ». Une personne devra « être âgée d’au moins 18 ans » ; « être de nationalité française ou résider de façon stable et régulière en France » ; « être en capacité de manifester sa volonté de façon libre et éclairée » ; « être atteinte d’une affection grave et incurable engageant son pronostic vital à court ou moyen terme » ; enfin « présenter une souffrance physique ou psychologique réfractaire ou insupportable liée à cette affection ».

    Selon la rédaction retenue par l’exécutif, « l’aide à mourir consiste en l’administration d’une substance létale, effectuée par la personne elle-même ou, lorsque celle-ci n’est pas en mesure physiquement d’y procéder, par un médecin, un infirmier ou une personne volontaire qu’elle désigne ». Le texte devrait être présenté en Conseil des ministres en avril, probablement au début du mois, avant d’entamer le 27 mai dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale un examen parlementaire prévu pour durer plusieurs mois. Les députés-es se préparent à mettre en place, le 10 avril a priori, une commission spéciale pour examiner ce dossier très sensible. Le rapporteur pourrait être le député MoDem Olivier Falorni, un parlementaire qui a beaucoup travaillé sur cette question. « Il faut respecter la liberté de conscience de chacun », a plaidé, mi-mars, sur LCI la ministre des Relations avec le Parlement, Marie Lebec. « Il y a aujourd’hui des questionnements, des interrogations sur les bons équilibres », a-t-elle souligné, alors que des réserves émergent y compris chez certains macronistes. La ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités Catherine Vautrin, qui défendra le texte au nom du gouvernement, est intervenue, mardi 19 mars, devant les députés-es du parti présidentiel Renaissance pour répondre à leurs questions. Selon un sondage Ifop-Fiducial pour Sud Radio réalisé après les arbitrages d’Emmanuel Macron présentés dans des interviews à La Croix et Libé, ceux-ci sont approuvés par 82 % des personnes interrogées. Le soutien est majoritaire quel que soit le bord politique des personnes sondées.

    L’assemblée approuve la loi « bien vieillir »

    L’Assemblée nationale a adopté, mardi 19 mars, la loi « bien vieillir » ; un premier pas jugé par beaucoup insuffisant sur la voie d’une loi « grand âge » qui a été maintes fois promise par le gouvernement mais dont l’avenir semble incertain dans le contexte budgétaire actuel. La proposition de loi, qui propose « diverses mesures relatives au grand âge et à l’autonomie » a été approuvée par 177 députés-es contre 51. Elle doit encore pour être adoptée définitivement par le Parlement et être votée par le Sénat la semaine prochaine. Ce large score ne doit pas masquer les nombreuses réserves émises par les députés-es : les Socialistes, qui avaient voté pour la loi en novembre dernier, avaient, cette fois-ci, déposé une motion de rejet visant à couper court au débat, note l’AFP. Une manière pour eux-elles de protester contre l’absence d’engagement du gouvernement concernant la loi « grand âge ». L’ex-Première ministre Élisabeth Borne avait souhaité qu’un texte puisse être présenté d’ici l’été 2024 pour concrétiser cette promesse du président de la République. Changement de ton avec la ministre du Travail, de la santé et des Solidarités, Catherine Vautrin, qui a semé le doute en janvier. Reconnaissant un « engagement » de l’exécutif, elle a aussi affirmé que « l’article 34 (de la Constitution) ne prévoit pas à ce stade de capacité de loi de programmation pour ce type d’activités ». Autrement dit, la loi « grand âge » ne semblerait pas être d’actualité. Ce qui est d’ailleurs un paradoxe puisqu’un des articles de la loi promet justement une loi de programmation grand âge pluriannuel. Interrogée sur le sujet lors de la séance des questions au gouvernement (mardi 19 mars), à l’Assemblée, Fadila Khattabi, ministre déléguée chargée des Personnes âgées, est restée évasive, se contentant d’une formule : « Nous débattrons bien ensemble (...) sur les stratégies, les questions de gouvernance et bien sûr la question du financement, (...) et nous prendrons les mesures nécessaires, y compris les mesures législatives » sans jamais être claire sur un calendrier et l’avenir réel de la loin « grand âge ». Alors que comprend le texte intitulé « Bien vieillir » ? Il crée une carte professionnelle pour faciliter la reconnaissance du travail des intervenants-es à domicile. Il prévoit de sanctuariser le droit de visite dans les Ehpad. IL prévoit, sous conditions, le droit pour les résidents-es en Ehpad d’accueillir leur animal de compagnie. Par ailleurs, le texte prévoit la création d’un service départemental de l’autonomie, un « guichet unique » pour décloisonner les politiques en faveur des personnes âgées et en situation de handicap, et instaure une instance départementale de signalement des cas de maltraitance.

    Carte Vitale et carte d’identité : le projet de fusion est désormais jugé « prioritaire » selon le Premier ministre

    Sus à la fraude ! Le Premier ministre Gabriel Attal a jugé (20 mars) « prioritaire » le projet de fusion entre la carte Vitale et la carte d’identité, notamment pour « lutter contre la fraude sociale ». Ce projet n’est pas neuf. Il avait été porté par Gabriel Attal lui-même lorsqu’il était ministre des Comptes publics. Le Premier ministre estime désormais qu’il s’agit d’une priorité, notamment dans le cadre de la lutte contre la fraude sociale. « On ne peut pas dire qu’il y avait un enthousiasme de l’ensemble des ministères à l’époque », a ironisé le Premier ministre, interrogé lors d’une conférence de presse sur la lutte contre la fraude fiscale et sociale à Bercy avec l’actuel ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, rappelle l’AFP. « Maintenant que je suis chef du gouvernement, il va sans dire que tous les ministères sont très mobilisés sur cette question, et donc on va avancer sur ce sujet-là », a-t-il ajouté. « Je ne crois pas que ce chantier était prioritaire » sous le précédent gouvernement, « mais maintenant, il l’est ». Le ministère de l’Intérieur, mais aussi la Caisse nationale d’assurance maladie, avaient exprimé des réticences sur ce projet lors des débats internes avant la décision de Gabriel Attal de lancer ce chantier, au printemps 2023. Le ministre des Comptes publics plaide aujourd’hui pour cette fusion, mais s’abstient d’indiquer une date. Le ministère de l’Intérieur semble toujours avoir des réserves, tandis que l’Assurance-maladie se montre très sceptique, estimant que la plus-value d’une telle réforme serait quasi inexistante, selon l’AFP. La Cnam avait estimé, dans un courrier adressé à l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l’Inspection générale des finances (IGF), que la mesure n’aurait qu’un effet minime dans la lutte contre la fraude. « Les montants de fraude susceptibles d’être liés à une utilisation frauduleuse de la carte Vitale sont minimes », expliquait dans ce courrier le directeur général de la Cnam, Thomas Fatôme. Du côté du Premier ministre, on explique que la fusion carte Vitale/carte d’identité permettrait notamment de combattre les fraudes à l’identité, quand une personne utilise la carte Vitale d’une autre pour obtenir des remboursements de soins. Le 20 mars, Gabriel Attal a précisé que le projet de fusion pourrait rejoindre le projet de « dématérialisation » de la carte d’identité lancé par le ministère de l’Intérieur. « Je suis très ouvert à ce qu’on puisse rendre ce chantier » de la fusion « compatible avec la dématérialisation », a-t-il souligné.

    Hausse de 32 % des crimes et délits racistes, xénophobes ou antireligieux en 2023

    Triste époque. Les crimes ou délits à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux ont augmenté de 32 % en 2023 par rapport à 2022 en France, a dévoilé mercredi 20 mars, un rapport du service statistique du ministère de l’Intérieur (SSMSI). Au total en 2023, la police nationale et la gendarmerie nationale ont enregistré « près de 15 000 infractions commises en raison de l’ethnie, de la nation, d’une prétendue race ou de la religion sur l’ensemble du territoire français, dont 8 500 crimes ou délits », note le SSMSI, avec « une nette accélération en fin d’année », indique l’AFP. Le nombre d’actes antisémites enregistrés a fait un bond en France depuis les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre. Lors du dernier trimestre, le nombre de crimes et délits enregistrés a doublé « par rapport à la même période de 2022 », développe le rapport. Comme chaque année, « les provocations, injures et diffamations constituent la grande majorité de ces infractions » à caractère raciste, xénophobe et antireligieuse. Les hommes, les personnes âgées de 25 à 54 ans et les étrangers-ères ressortissants-es d’un pays d’Afrique sont surreprésentés-es parmi les victimes. Seules 4 % d’entre elles portent plainte. Or, selon l’enquête de victimation « Vécu et ressenti en matière de sécurité (VRS) », près de 800 000 personnes de 18 ans et plus vivant en France métropolitaine déclarent avoir été victimes d’une atteinte « à caractère raciste » en 2021, soit 1,6 % de la population majeure. C’est à Paris que ces crimes et délits sont les plus souvent commis, avec un taux près de trois fois supérieur à la moyenne nationale. Mais « les infractions commises à Paris ne concernent pas seulement la population résidente, ce qui peut conduire à y surestimer le taux de victimes enregistrées », tempère le rapport. Après la capitale, le Bas-Rhin et les Alpes-Maritimes sont les deux départements les plus touchés. Parmi les 4 200 personnes mises en cause pour racisme, xénophobie ou actes antireligieux, plus de la moitié est âgée de 25 à 54 ans.

    Atelier collectif : « Vivre sans douleurs ? »

    Actions Traitements propose mercredi 3 avril de 18h à 20h un atelier collectif sur les douleurs. Au cours de cet atelier, il sera proposé de partir des expériences personnelles pour travailler ensemble sur comment définir la douleur ou les douleurs. Cela permettra d'aborder, en lien avec les données de la recherche, les différents moyens qui peuvent être utilisés pour les faire diminuer, surtout lorsqu'elles existent en permanence depuis des mois....  Cet atelier sera animé par la Dre Élisabeth Collin, médecin de la douleur et médecin ETP à Actions Traitements et un patient intervenant.

    Où ? Actions Traitements. 23, rue Duris. 75020 Paris (métro 2 ou 3 Père Lachaise).

    Pour plus d'informations et vous inscrire contactez l'équipe d'accompagnement :

    Cette activité est destinée exclusivement aux personnes vivant avec le VIH ou une co-infection.

    Les pathologies neurologiques, principale cause mondiale de problèmes de santé

    Bilan. Les pathologies qui frappent le système nerveux, comme les démences de type Alzheimer, mais aussi les migraines ou les conséquences d’un AVC, sont désormais la principale cause mondiale de problèmes de santé, selon une vaste étude, parue le 15 mars, dans le Lancet Neurology. Cette classe de pathologies d’ordre neurologique au sens large dépasse désormais les pathologies cardiovasculaires. En 2021, 43 % de la population mondiale — soit 3,4 milliards de personnes — étaient touchés par un trouble neurologique, selon cette étude menée par des centaines de chercheurs-ses sous l’égide de l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), un organisme de référence en matière de statistiques de santé comme le précise l’AFP. Ce niveau serait bien plus élevé que les estimations actuelles et signifierait que ces troubles ont bondi de plus de moitié depuis 1990. Les chercheurs-ses y voient, entre autres, une conséquence du vieillissement de la population, d’autant que la grande majorité des troubles neurologiques ne peuvent être guéris et perdurent donc potentiellement pendant des années jusqu’au décès. Toutefois, cette réalité est aussi liée à une évolution de la classification de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui répertorie désormais les AVC (accidents vasculaires cérébraux) comme une pathologie neurologique et non cardiovasculaire, un choix suivi par les auteurs-rices de l’étude. Or, parmi les pathologies neurologiques, ce sont de loin les AVC qui provoquent le plus de handicaps et des séquelles de santé. Selon l’étude, ils ont fait perdre 160 millions d’années de vie en bonne santé — un indicateur censé aller au-delà de la simple espérance de vie pour prendre en compte la situation réelle des personnes — à l’ensemble de la population mondiale. Quant aux séquelles neurologiques de la Covid-19, qui constituent notamment l’un des volets du Covid long, elles figurent à la vingtième place. En matière de mortalité, les problèmes neurologiques ont tué plus de onze millions de personnes en 2021, selon l’étude. On reste ici en-dessous du bilan des maladies cardiovasculaires auxquelles on impute 19,8 millions de décès.

    Données de santé chez Microsoft : nouveau recours au Conseil d’État

    Protection des données. Des entreprises (Nexedi, Clever Cloud, Cleyrop, concurrentes potentielles de Microsoft) et des ONG françaises (l’Open Internet Project ou l’Institut de la souveraineté numérique) ont déposé un nouveau recours devant le Conseil d’État contre l’hébergement de données de santé françaises chez l’américain Microsoft. Les requérants-es attaquent le feu vert donné par la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés), fin décembre, à un projet d’entrepôt de données de santé pour la recherche qui sera hébergé par Microsoft. Cet entrepôt, baptisé « EMC2 », associera les dossiers médicaux des patients-es de quatre grands hôpitaux français avec les données les concernant (remboursements de consultations et de soins, parcours hospitaliers, etc.) détenues par l’Assurance maladie. Au total, les données de deux millions de personnes seront concernées, selon des chiffres de la Cnil : entre 300 et 500 000 patients-es des hôpitaux concernés, et environ 1,5 million de personnes qui ne sont pas passées par ces hôpitaux, mais intégrées comme échantillon témoin. Les données stockées dans l’entrepôt sont « pseudonymisées » : elles ne permettent pas d’identifier les personnes concernées, précise l’AFP. Le projet est géré par le Health Data Hub (Plateforme de données de santé), dans le cadre d’un programme de recherche en pharmacovigilance de l’Agence européenne du médicament. Les requérants-es estiment qu’un opérateur de cloud américain comme Microsoft ne peut héberger des données aussi sensibles que les données de santé françaises, pour des raisons de sécurité et de souveraineté. En 2020, des associations et professionnels-les avaient saisi le Conseil d’État pour tenter d’empêcher le Health Data Hub d’héberger les données de santé chez Microsoft, et demander un appel d’offres en bonne et due forme. Leur procédure avait échoué, mais le gouvernement avait promis qu’un appel d’offres serait lancé dans les années suivantes pour choisir l’hébergeur informatique. Aucun appel d’offres n’a été lancé à ce jour, selon les professionnels-les. Les requérants-es espèrent, par ailleurs, obtenir que le Conseil d’État saisisse la Cour de justice de l’Union européenne sur la validité du nouvel accord transatlantique sur les données, adopté en juillet 2023 par l’Union européenne et les États-Unis. Les militants-es Européens-nes pour la souveraineté des données pensent que la Cour européenne de justice cassera à nouveau l’accord UE/États-Unis, les nouvelles garanties données par les États-Unis étant, selon eux, insuffisantes, pour garantir les droits des Européens-nes.

    Hôpital : l’activité reprend, mais une « dette de santé publique » grave persiste

    Au bilan. Le « premier baromètre » de la Fédération hospitalière de France (FHF, hôpitaux publics) publié lundi 18 mars, qui s’appuie sur des données nationales concernant le public et le privé, le niveau d’activité des établissements de santé a globalement retrouvé en 2023 le niveau observé en 2019. Mais derrière cette reprise « se cachent des disparités préoccupantes qui devraient interroger les pouvoirs publics », a lancé lors d’une conférence de presse le président de la FHF Arnaud Robinet, cité par l’AFP. « Nous sommes inquiets » : les chirurgies lourdes, les greffes et les activités de médecine les plus complexes, majoritairement assumées par le secteur public, « sont bien en deçà du niveau attendu », a-t-il expliqué. En médecine, la FHF observe un « sous-recours » (par rapport à l’activité de 2019) sur les prises en charge digestives (- 11 %), la cardiologie (- 13 %), le système nerveux (- 11 %) ou la rhumatologie (- 12 %). Il se concentre quasi exclusivement sur les patients de plus de 45 ans, selon ce baromètre, réalisé en partenariat avec Radio France. « Cela implique des risques » pour les patients-es, notamment de « retards pris sur la détection de certains cancers », a précisé l’ancien député Arnaud Robinet. Les endoscopies digestives de diagnostic ont ainsi « nettement chuté » en 2020 et insuffisamment redémarré, ce qui pourrait selon la FHF expliquer le nombre moins important qu’attendu de « chirurgies digestives majeures » (- 7 % par rapport au niveau attendu), pratiquées pour beaucoup en cas de cancer. En diabétologie aussi, la baisse des prises en charge depuis 2020 « a coïncidé avec une hausse de l’activité » pour des complications liées au diabète, souligne la FHF. L’hôpital peine aussi à rattraper son retard sur certaines activités de chirurgie, comme les greffes (- 7,5 %). La FHF avance deux principales « hypothèses » pour expliquer cette situation : les tensions persistantes sur les capacités hospitalières et une probable hausse du renoncement aux soins. Selon une enquête réalisée en mars 2024 dans 45 % des hôpitaux publics, l’équivalent de 7 % des lits d’hospitalisation en médecine, chirurgie et obstétrique ont été ponctuellement fermés en 2023, dans six cas sur dix en raison d’un manque de soignants-es. D’après un sondage Ipsos (29 février-6 mars, auprès de 1 500 personnes), 63 % des Français-es ont renoncé à au moins un acte de soins ces cinq dernières années, notamment en raison des délais pour obtenir un rendez-vous (53 % des cas) ou pour des difficultés financières (42 %). Le sondage témoigne d’un allongement des délais et d’importantes inégalités territoriales. En zone rurale, les répondants-es déclarent avoir 57 minutes de temps de trajet pour consulter un ORL en moyenne, 50 minutes pour voir un pédiatre, contre respectivement 32 et 31 minutes en zone urbaine.

    Les fabricants-es de protections menstruelles vont devoir détailler la composition de leurs produits

    Protection. Les fabricants-es des quelque 2,8 milliards de produits de protection intime féminine vendus chaque année en France devront détailler leur composition sur l’emballage ou dans la notice d’utilisation à partir du 1er avril, a fait savoir la répression des fraudes (DGCCRF) vendredi 8 mars, citée par l’AFP. « À partir du 1er avril 2024, les fabricants et les responsables de la mise sur le marché » des tampons, serviettes, coupes ou culottes menstruelles devront « mentionner sur l’étiquetage ou la notice d’utilisation des produits visés » plusieurs types d’informations, a détaillé la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Ces informations sont la liste des composants, avec « pour chacun d’eux, le détail des substances et matériaux incorporés », « la mention des modalités et précautions d’utilisation », ainsi que « les possibles effets indésirables (irritations, intolérances, allergies, micro traumatismes) ou plus graves tels que le syndrome de choc toxique menstruel ». Ce décret a été publié fin décembre au Journal officiel. Il entre en vigueur au 1er avril 2024. La répression des fraudes indique qu’une femme « utilise entre 6 000 et 13 000 produits de protection intime jetables durant sa vie » et que « l’information sur la composition et les bonnes pratiques d’utilisation » sont essentielles pour « la prévention du risque de syndrome de choc toxique ».

    Ibuprofène : publicité bientôt bannie pour les dosages à 400 mg

    La publicité auprès du grand public pour promouvoir le plus fort dosage de l’ibuprofène (400 mg), utilisé pour soulager la douleur et faire baisser la fièvre, sera interdite à compter du 2 avril, a annoncé l’Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM). Cette mesure vise à populariser « une meilleure pédagogie pour une meilleure utilisation » de ces médicaments, disponibles sans ordonnance et très consommés en France, explique à l’AFP, le Dr Philippe Vella, directeur médical au sein de l’ANSM. Cette interdiction « dans les journaux, à la télévision, sur les sites internet ou dans tout autre média grand public », s’inscrit dans la continuité des actions en faveur du bon usage de l’ibuprofène, sans remettre en cause l’efficacité et la sécurité de ces médicaments quand ils sont utilisés correctement, précise l’agence. L’ibuprofène est le plus utilisé de tous les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) en France. Cette interdiction de promotion dans les médias a été décidée après « une analyse globale de l’ensemble des publicités » autour des spécialités à base d’ibuprofène 400 mg qui a montré que ces communications commerciales « n’ont pas été de nature à inciter les patients » à suivre le bon usage de ces médicaments, explique l’agence sanitaire. Les recommandations préconisent de « privilégier la prise d’ibuprofène dosé à 200 mg en première intention », c’est-à-dire de débuter le traitement par la dose la moins forte, rappelle l’ANSM. Les publicités en faveur du dosage à 400mg rappellent ce principe de précaution auprès du grand public par un message encourageant à utiliser « la plus faible dose possible », selon l’ANSM. Mais, de façon « majoritaire », elles ont entraîné une augmentation des ventes de ces spécialités et, en parallèle, l’ANSM a constaté une hausse « des signalements des effets indésirables graves en lien avec la dose d’ibuprofène » notamment des hémorragies gastro-digestives et des atteintes rénales. Au total, « 16 laboratoires sont concernés par l’ibuprofène 400 mg, ce qui représente environ une trentaine de marques de médicaments » (telles que Advil 400, Nurofen 400, Spedifen 400 et tous les génériques dont le nom commence par ibuprofène avec le nom du laboratoire et le dosage à côté), a détaillé le Dr Vella. Depuis fin 2019, ces produits ne sont plus disponibles dans les rayons des pharmacies, mais sur demande au pharmacien. « L’important c’est d’en prendre sur la durée la plus courte possible, pas plus de trois jours en cas de fièvre et cinq jours en cas de douleur, en commençant par la dose de 200 mg et en respectant l’intervalle d’au moins 6 heures entre deux prises », indique le Dr Vella. En cas de fièvre ou de douleur, il faut commencer par le paracétamol, rappelle cet expert. Le paracétamol reste d’ailleurs privilégié : environ 600 millions de boîtes vendues en 2022 comparé à environ 34 millions de boites d’ibuprofène (tous dosages), dont 30 millions d’ibuprofène 400 et 4 millions d’ibuprofène 200. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens ne doivent pas être utilisés en cas de varicelle, de troubles de la coagulation, d’ulcère à l’estomac, de maladies du rein et du foie notamment. Ils sont aussi contre-indiqués à partir du sixième mois de grossesse.

    SIDRAGTION 2024 : Grisélidis et Act Up Sud-Ouest se mobilisent

    Le 13 avril 2024, les associations Grisélidis et Act Up Sud-Ouest organisent le SIDRAGTION, évènement caritatif pour collecter des fonds pour le Sidaction et la lutte contre le VIH. Au programme : lipsync, dragshow et DJ set ! RDV le samedi 13 avril à 20h au Flashback Café (5 allée de Brienne. 31000 Toulouse ; entrée prix libre/prix conseillé 10 €). Grisélidis est une association de santé communautaire avec et pour les travailleuses et travailleurs du sexe, à Toulouse depuis 2000. L’association est très investie dans la lutte contre le VIH, les hépatites et les autres IST ; les inégalités de santé ; l’accès aux droits ; la lutte contre les violences et la stigmatisation dont sont victimes les personnes travailleuses du sexe. Act Up Sud-Ouest veille à « défendre équitablement toute les populations touchées par le VIH/sida ». Son mot d’ordre est de « redonner le pouvoir aux malades ».